Burkina/Chine: la coopération militaire ?
Actualité en Afrique :
- L'Iran se dit prêt à exporter des produits de santé et agricoles vers le Ghana
- Burkina/Défense : le gouvernement propose la diversification des partenaires
- Le président américain autorise le redéploiement de soldats US en Somalie
- Le Cameroun procède au paiement d’intérêts de 1,750 milliard sur le marché monétaire
Analyses de la rédaction :
1. Burkina/Chine ; un nouveau chapitre de coopération militaire ?
Le Burkina Faso continue de prôner pour la diversification des partenaires en matière de sécurité.
Peut-on dire que le Burkina Faso veut suivre les pas de son voisin malien pour pouvoir assurer la sécurité sur l'ensemble de son territoire ?
Le ministre burkinabè en charge de la Défense, le général Barthélémy Simporé, interpellé à l’Assemblée législative de la transition (ALT), sur la situation sécuritaire au Burkina Faso a soutenu, le mardi 17 mai 2022, que le gouvernement a comme priorité la reconquête du territoire et propose, entre autres, la diversification des partenaires en matière de défense et de sécurité.
Le ministre burkinabè de la Défense et des anciens combattants, Barthélémy Simporé, qui était face aux membres de l’Assemblée législative de la transition (ALT), le mardi 17 mai 2022, répondait à la sollicitation de l’ALT. Il a fait savoir que des actions sont menées sur le terrain en matière de sécurisation du territoire, malgré la multiplication des attaques, déclarant que les Forces de défense et de sécurité arrivent à causer des pertes dans les rangs des groupes armés.
Dans le but d’accélérer la reconquête du territoire national en proie à des attaques armées, le gouvernement propose un certain nombre d’actes à poser, a laissé entendre le premier responsable du département de la Défense au Burkina Faso.
Le général Simporé a, notamment, cité « la réorganisation des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), l’opérationnalisation de la Task-Force et la diversification des partenaires en matière de défense et de sécurité ».
Il a, par ailleurs, appelé à l’union des Burkinabè, car pour lui, si le peuple est uni, il pourra remporter la victoire sur les groupes armés. Il est revenu sur l’appel lancé à l’endroit des Burkinabè qui ont pris les armes contre leur propre pays. Le général Barthélémy Simporé les a invités à « saisir l’offre de dialogue offerte pour réintégrer la patrie mère ».
Certains voient que le Burkina veut se tourner vers le bloc de l'Est à savoir la Russie, l'Iran ou la Chine. Parallèlement avec son voisin malien qui s'est tourné vers la Russie et l'Iran, le Burkina opterait plutôt pour la Chine.
Le président du Faso, le lieutenant-colonel, Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, a reçu en audience, ce mardi en début d’après-midi, le Chargé d’Affaires de l’Ambassade de la République populaire de Chine au Burkina Faso, WANG Wenzhang.
À l’issue de l’entretien, le diplomate chinois a déclaré que les échanges s’inscrivent dans la dynamique de la coopération entre le Burkina Faso et la République populaire de Chine. « Je réaffirme le soutien et la solidarité du peuple chinois au peuple burkinabè sur tous les fronts de la coopération, surtout celui de la sécurité », a-t-il indiqué.
Justement sur le plan sécuritaire, selon le Chargé d’affaires chinois, la Chine est prête à accompagner le Pays des Hommes intègres dans son combat contre le terrorisme.
« Dans ce domaine-là, j’ai présenté à Monsieur le Président des projets en cours au niveau bilatéral et multilatéral qui se concrétisent et qui vont apporter des soutiens très concrets à l’armée burkinabè », a soutenu le diplomate chinois.
Monsieur WANG Wenzhang dit aussi avoir consulté le chef de l’État sur les axes de la coopération pour une meilleure coordination « sur les priorités pour mieux accompagner le peuple burkinabè à réaliser les objectifs de la Transition ».
Il y a moins d'un mois, le président de la Transition burkinabé s'est rendu au Mali afin de renforcer la coopération entre les deux pays.
Si le Mali s'est tourné vers la Russie, provoquant l'ire de l'Occident qui y a répondu en lançant des sanctions économiques à tout va, il semblerait que le Burkina a opté plutôt pour une coopération avec la Chine, pour empêcher par la même occasion que le pays soit sous sanction économique. Reste à voir la réaction des instances à la solde de l'Occident comme la CEDEAO. Car évidemment, le choix de la Chine pourrait difficilement provoquer des réactions hostiles de la part des chefs d'État de l'instance sous-régionale, car effectivement, ils ont aussi des liens avec Pékin. Mais avec la politique de deux poids deux mesures qui règne en ce moment dans le monde, cela reste à voir...
2. Washington relance une nouvelle guerre contre la Somalie
Sous couverture d’« opérations antiterroristes compliquées » contre le groupe Shebab, le président américain Joe Biden a signé un ordre exécutif pour le redéploiement des troupes américaines en Somalie, plus d’un an et demi après leur retrait décidé par Donald Trump.
Ce sera la Somalie qui paiera pour l’Afghanistan. Dix-huit mois après le retrait des dernières troupes américaines stationnées en Somalie, et deux jours après l’élection du nouveau président Hassan Sheikh Mohamoud, les Américains ont décidé de déployer à nouveau leurs soldats sur le territoire du pays d’Afrique de l’Est.
La décision a été prise unilatéralement par le président des États-Unis Joe Biden, sous pression de l’état-major des armées de son pays, sans qu’aucune demande de l’État somalien n’ait été formulée.
Une ingérence directe, même si, comme le précise le New York Times qui a révélé la décision américaine, « la Somalie a élu un nouveau président, mais les terroristes ont le vrai pouvoir ».
Un constat exagéré, mais pas si éloigné que cela de la vérité, car même si les terroristes ne détiennent pas le pouvoir, le pays est divisé depuis des décennies et subit les attentats terroristes fréquents depuis au moins 15 ans.
Quoi qu’il en soit, un personnage de l’armée américaine se trouve au centre de cette affaire. Le général Stephen Townsend, chef du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom). Townsend a été à l’origine de la totalité du dispositif militaire américain en Afrique. Il s’est fait remarquer par son ascension fulgurante, mais aussi par ses décisions radicales, souvent critiquées par le Congrès américain.
Il a aussi souvent été critiqué pour son rôle dans « la formation des putschistes en Afrique », étant l’un des artisans de l’exercice américain Flintlock.
La Somalie, lot de consolation pour une puissance éternellement en guerre
Au début du mandat de Donald Trump, en 2017, l’ancien président américain avait légiféré le droit des officiers de l’armée américaine à l’étranger de décider d’effectuer des bombardements sans avoir à obtenir la permission du Pentagone.
Un droit que Joe Biden a suspendu depuis son entrée en fonction. Vers la fin de son mandat, Trump a aussi ordonné le retrait des 700 soldats américains déployés à Mogadiscio, la capitale de la Somalie.
Sauf que, Biden semble regretter le retrait américain d’Afghanistan. Et d’un autre côté, la communication entre Africom et la Maison Blanche de Biden n’a pas été des plus fluides. Townsend était habitué à exercer un rôle politique en Somalie, et plus généralement en Afrique de l’Est généralement.
Si Biden décide aujourd’hui, donc, de relancer les opérations militaires en Somalie, il fait bien malgré lui d’une pierre deux coups : politiquement, cette décision s’explique. Mais diplomatiquement, vis-à-vis de la Somalie, elle est beaucoup moins compréhensible.
La Somalie silencieuse
« La décision de réintroduire une présence militaire persistante a été prise pour maximiser la sécurité et l’efficacité de nos forces et leur permettre de fournir un soutien plus efficace à nos partenaires », a déclaré Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) américain.
La responsable n’a pas précisé le nombre de soldats déployés. Toutefois, selon une source du NYT, il s’agira de 450 membres des forces spéciales avec un appui aérien.
Selon Sarah Harrison, analyste de l’International Crisis Group (ICG), et rédactrice du prochain rapport sur la politique américaine en Somalie, « les États-Unis ont essayé de freiner les Shebabs avec la force militaire pendant 15 ans, et cela n’a pas fonctionné. Cela aurait même pu prolonger la guerre en Somalie ». Une politique similaire à la présence de Barkhane dans le Sahel en Afrique de l'Ouest.
Le chef d’Africom, proche du pouvoir somalien, Stephen Townsend, a déclaré : « le groupe Shebabs est l’affilié d’Al-Qaïda le plus équipé et le plus meurtrier, responsable du meurtre de milliers d’innocents, dont des Américains ». « Le caractère périodique de notre engagement (en Somalie, ndlr) a créé de nouveaux défis et des risques pour nos troupes », affirme le général américain, connu pour être un va-t-en-guerre.
La présidence américaine, toujours surprise par la fuite de sa décision, n’a toujours pas communiqué sur le sujet. Quant au gouvernement somalien, il s’organise encore, car le président Hassan Sheikh Mohamoud, issu de l’opposition, attend toujours son investiture. Du côté somalien, si l’État accepte cette nouvelle intervention américaine, ce sera sans doute une dernière décision de Mohamed Abdullahi Farmaajo ou du Premier ministre Hussein Roble. Mais qui sait qui est réellement au pouvoir à Mogadiscio…
3. L'Occident en perte de vitesse dans la guerre informationnelle en Afrique ?
Dans le monde moderne, la guerre se mène également sur les plateformes de communication digitales. Le CESA, un groupe de réflexion soutenu par le ministère américain de la Défense, a détaillé ce qu'il a appelé "les actions russes de désinformation en Afrique". Mais l’information africaine n’est pas influencée dans la région par des initiatives russes, mais plutôt par des initiatives populaires.
Le Centre des Etudes Stratégiques pour l'Afrique (CESA), un groupe de réflexion proche de l'armée américaine affirme que la Russie a été au cours des dernières années, la principale actrice dans la diffusion de fausses informations via le digital. Des propos que les dirigeants français continuent de soutenir pour justifier les nombreux soulèvements contre l'impérialisme occidental et surtout français au sein des populations africaines.
Mais alors, on pourrait également se demander à quoi sert le CESA, reliée à l'armée américaine. Ce centre est-il là, simplement pour « dénoncer » la Russie ?
Et toute cette mascarade seulement pour essayer de faire passer le soulèvement du peuple africain comme une simple « désinformation » en provenance de la Russie ?
Les professionnels dans le domaine de la campagne de désinformation restent tout de même en Occident. Actuellement, concernant la guerre en Ukraine, on peut constater l'ampleur de cette guerre informationnelle. Arriver à passer sous silence toutes les exactions commises par l'armée ukrainienne contre les civils dans le Dombass depuis plusieurs années et faire passer le régime de Kiev pour une victime est un exemple flagrant de campagne de désinformation. De plus, arriver à faire passer les États-Unis pour les sauveurs de l'humanité alors que ce sont eux seuls qui ont jusqu'à présent détruit des nations avec la bombe atomique ou encore, avec la France, détruit des nations tout entières seulement avec leur présence d'occupation militaire dans le seul but d'assouvir leur propre intérêt. Ça, c'est de la désinformation à l'état pur. Lancer des fausses informations à l'encontre des armées nationales africaines, surtout, les armées qui fournissent un maximum d'effort pour sécuriser leur territoire et protéger leur compatriote est l’œuvre d'une campagne des centres comme le CESA.
Si de plus en plus de pays africains suspendent les médias mainstream de leur territoire, ce n'est pas au nom de la Russie, mais bel et bien au nom de la sauvegarde de la patrie.
Le Mali a suspendu les médias propagandistes RFI et France 24 de son territoire suite aux nombreux articles diffamatoires contre les forces armées maliennes les accusant d'avoir mené des attaques contre des civils, alors que les soldats maliens mènent une lutte acharnée contre le terrorisme. Et parce que les FAMa gagnent dans leur lutte contre le terrorisme, contrairement à la France qui en 10 ans de présence n'a apporté que des résultats médiocres, le Mali se trouve la cible de sanctions économiques sévères et la Communauté internationale, l'opinion publique mondiale, sont indifférents face à cela.
Au Burkina Faso, une journaliste de TV5 monde s'est vu mettre à la porte alors qu'elle était présente à un meeting du groupe urgence panafricaniste. Car tout le monde le sait, cette journaliste fait partie intégrante de cette machine de propagande occidentale qui passe justement son temps à dénigrer et diaboliser les groupes qui se battent contre l'impérialisme occidental en Afrique.
En rappel, en Éthiopie, au début de l'opération militaire contre les rebelles dans la région du Tigré, de nombreuses manifestations ont eu lieu au sein du pays, mais également au sein de la diaspora éthiopienne à travers le monde, demandant notamment aux États-Unis d'arrêter sa campagne de désinformation contre l'Éthiopie.
Bref, il est clair qu'actuellement, le but de ces centres comme le CESA, c'est bien de prendre le monopole de l'information à travers le monde pour continuer d'empoisonner l'esprit des citoyens dans les quatre coins du monde.
Actuellement, l'unilatéralisme occidental prend fin et la politique hégémonique de Washington également. Ce qui veut dire qu'en tentant de prendre le monopole de l'information, l'Occident tente de se maintenir dans un monde unipolaire.
Mais si les populations en Afrique se soulèvent, c'est seulement à cause de cette politique néocolonialiste de l'Occident et non suite à une campagne de désinformation russe.