Nov 13, 2022 19:17 UTC

Les titres de la rédaction :

Ghana : l’armée procède à de nouvelles interpellations de mineurs illégaux et saisit des équipements

- Kenya : le gouvernement envisage de construire un aéroport cargo

- Côte d’Ivoire : le retour de Charles Blé Goudé sera « sobre », selon ses proches

- Le Sénégal décrète une baisse des prix générale, les habitants attendent les effets

Les analyses de la rédaction :

Mali : l’Afrique gagne, la France perd ! 

Entre le Mali et la Russie, les choses vont bien loin, si loin qu’il est possible que le Mali se transforme en un foyer africain pour briser les sanctions US. Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, est invité à prendre part au prochain sommet Russie-Afrique qui se tiendra en juillet 2023 à Saint-Pétersbourg en Russie. La lettre d’invitation officielle a été remise, vendredi 11 novembre 2022, au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, au cours d’une audience qu’il a accordée, jeudi 10 novembre 2022, à l’ambassadeur de la Fédération de Russie, Igor Gromyko, a indiqué le département sur les réseaux sociaux.

Selon la source diplomatique, l’ambassadeur russe était venu remettre officiellement au ministre Diop la lettre par laquelle le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, invite son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, à participer au sommet Russie- Afrique en juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. Aussi, le diplomate russe a saisi cette occasion pour informer les autorités maliennes de la visite prochaine en Afrique, y compris au Mali, du ministre russe des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Lavrov.

Visiblement, entre Bamako et Moscou la coopération ne se limite pas qu’aux domaines de la Défense, elle va plus loin. Bamako et Moscou viennent, en effet, de poser les jalons d’une coopération économique fructueuse avec la signature d’importants accords économiques lors du déplacement d’une délégation conduite par le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou. La Russie compte fournir 60 000 tonnes d’hydrocarbures 25 000 tonnes de blé et 35 000 tonnes d’engrais d’une valeur de 100 millions de dollars, qui seront acheminées de Moscou à Bamako via le port de Conakry, selon Alousséni Sanou, ministre de l’Économie et des Finances.

Alousséni Sanou a souligné que « cette première expédition doit permettre de tracer toutes les autres difficultés liées aux opérations de commerce entre le Mali et la Russie […] Nous devons vérifier si toutes les conditions sont effectivement réunies pour des envois de quantités beaucoup plus importantes et nous pensons que les premières commandes doivent atteindre un montant maximum de 100 millions de dollars ». C’est donc une affaire destinée à s’amplifier et en quoi les analystes voient surtout le prélude à un corridor africain pour les marchandises russes propres.

Russie-Conakry-Mali avec pour objectif de renforcer la stabilité du Mali et trouver une relation gagnant-gagnant sur le plan économique et commercial parce que le Mali et la Russie sont en train de combattre le régime inique des sanctions occidentales quitte à proposer des alternatives. Les deux parties neutralisent de la sorte des plans de partition qui les visent l’un au Sahel et l’autre en Europe, plans qui existent depuis longtemps et qui se sont manifestés à travers la lutte mensongère contre le terrorisme de Barkhane ou encore la guerre en Ukraine pour « se défendre ». En été, ministre malien des Affaires étrangères disait :

« Ce que nous attendons de la Russie qui est un partenaire pragmatique et réaliste, et qui a su faire preuve d’efficacité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans d’autres théâtres d’opérations. Nous souhaitons pouvoir compter sur les appuis que nous avons demandés sur le plan des équipements militaires, de formation et de tous les moyens qui permettent à nos forces de défense et de sécurité d’être les premiers responsables de la sécurité du pays », a affirmé Abdoulaye Diop. Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, avait déclaré : « Nous fournissons de l’équipement militaire et de la formation aux cadres de l’armée malienne ».

En voici un autre horizon qui vient de s’ouvrir et qui peut compléter la dimension militaire. Il est infiniment plus porteur pour les deux parties... un corridor de transit clé qui tend à faire remplacer dans l’équation commerciale russe l’Europe par le Sahel puis l’ouest de l’Afrique. La France viendra-t-elle frapper bientôt à la porte du Mali ?

Cameroun : de quoi a peur la France ?

Qu’est-ce qui gêne tant l’axe USA-OTAN au Cameroun pour qu’il ne cesse de tacler le gouvernement de Biya depuis plusieurs semaines aussi bien sur le plan militaire qu’économique ?

La France semble inquiète, très inquiète même, puisque trois mois après la visite du président français à Yaoundé, son conseiller Afrique a été reçu par le chef de l’État camerounais « afin de faire le point sur les différents sujets de coopération initiés à l’époque ».

Selon Jeune Afrique, le 8 novembre, Franck Paris a été reçu au palais d’Etoudi par Paul Biya. Contrairement à certaines rumeurs qui circulaient à Yaoundé, l’objet de cet entretien n’était pas de préparer une visite officielle du président camerounais en France, mais plutôt d’assurer le suivi des différents dossiers évoqués lors de la venue d’Emmanuel Macron au Cameroun fin juillet.

«  Pendant leur discussion, les deux hommes ont abordé la question sensible de la situation dans les zones anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest, ainsi que le statut de ces deux provinces. Comme lors de son entrevue avec Macron, en juillet, Biya a redit sa volonté de mettre en œuvre des réformes de décentralisation », lit-on dans cet article.

Mais le point important qui a attisé l’attention de ces mêmes médias mainstream a été le fait qu’aucune déclaration conjointe n’a été faite suite à cette rencontre, et plus importante encore, certains médias évoquent même le fait que Biya aurait «snobé » le président Macron et ne se serait pas réjoui de cette visite de M.Afrique du Président français.

Bien que la France tente à tout prix de s’immiscer dans les affaires du Cameroun, notamment l’affaire des zones anglophones, le Cameroun a, à maintes reprises, insisté sur le fait que seuls le pays, le gouvernement et son peuple décideraient de cette affaire et non pas une partie tiers qu’est la France.

De son côté, l’armée camerounaise avance fortement sur le terrain et marque des points, assure la sécurité et prouve à quel point elle est habile sans l’interférence des forces étrangères.

Récemment, l’armée camerounaise a mené plusieurs attaques contre les terroristes installés dans les zones anglophones, et a même démantelé une usine de fabrication d’armes artisanales dans le sud-ouest du pays.

Du côté des Forces de Défense camerounaises, ces quatre dernières décennies auront servi de révélateur d’une loyauté sans faille aux Institutions républicaines, loyauté assortie d’un engagement sans faille, voire sacerdotal, couplé à un dévouement et une abnégation sacrificiels dans l’accomplissement du devoir.

En plus d’être un outil de plus en plus performant, l’armée camerounaise est une référence en Afrique et dans le monde, en termes d’agrégation réussie de la diversité sociologique nationale, de capacités opérationnelles, de formation académique à tous les niveaux, et surtout d’honneur, de fidélité et de loyauté aux Institutions républicaines.

Que la France cesse de s’ingérer dans les affaires de ce pays souverain, d’envoyer des messages de part et d’autre de menaces. La voie du Cameroun est tracée, et elle est tracée par son peuple et personne d’autre.

Le Sahel se réorganise, et entérine son divorce d’avec Paris

Par Tarek Benaldjia

La France est de plus en plus décriée en Afrique, du fait de son impact négatif sur la sécurité et la stabilité de la région du Sahel et conséquemment elle est perçue comme une ennemie. Malgré le fait qu’elle soit une puissance coloniale, néanmoins, son champ d’influence a subi une offensive sans précédent visant à réduire de manière considérable son pouvoir d’action et son champ d’influence, dans son chantre lié à la « Françafrique et d’intérêts occultes », et ce, face à la prise de conscience de l’élite civile et militaire des enjeux auxquels fait face la population de cette zone du continent africain.

Toutefois, plusieurs indices plaident pour cette tendance qui semble indiquer que l’effet trouve son origine dans le jeu malsain et potentiellement dangereux que Paris délivre à des groupes terroristes implantés dans cette sous-région du continent. Le Rwanda et la République centrafricaine, après s’être débarrassés du joug français, une fois le pot aux roses a été découvert, voilà donc, entre autres, deux pays étaient traditionnellement inféodés à Paris à l’instar du Mali et du Burkina Faso, suivent désormais le même chemin et nous savons combien il est difficile.

Depuis les votes à l’Assemblée générale des Nations unies sur les sanctions à l’encontre de Moscou, les États africains qui se sont abstenus sont aussi l’objet d’une entreprise de séduction. La guerre en Ukraine a ainsi accéléré et renforcé le mouvement de tectonique des plaques déjà en cours depuis quelques années sur le Continent. Grandes et moyennes puissances poussent leurs pions et tentent de dépecer les restes de ce qui fût nommé le « pré-carré français ». L’arrivée du Togo et du Gabon dans le Commonwealth est un épisode supplémentaire de ces luttes d’influences, qui se jouent aussi entre alliés.

Macron doit reconnaître que sa stratégie a échoué au Sahel :

Puisque cela a été connu et reconnu de tout le monde dans le jeu malsain de la France, de son armée et de ses politiques au Sahel. Cette sphère se trouve exposée à la menace continuelle d’une nouvelle colonisation. Ni la France ni les États-Unis ne peuvent supporter toute idée de nationalisme, de patriotisme, voire de souverainisme venant des dirigeants de ces pays les plus dotés de ressources naturelles prouvées dans la région. Ceci impose le devoir de prendre les décisions nécessaires par une nouvelle élite extrêmement vigilante, engagée lorsqu’il s’agit de préserver son indépendance nationale comme celle de ses pays frères, voisins et amis, à l’instar de l’Algérie.

Plus grave encore selon Maiga, c’est « l’ancien président français, Nicolas Sarkozy (2007- 2012), qui avait promis à des rebelles dans le Nord malien de leur accorder un État indépendant ». Abdelkader Maiga a accusé la France d’avoir violé l’Accord conclu entre les deux pays, en 2013, qui prévoit d’offrir à l’armée malienne un soutien aérien et en matière de renseignement, alors que la France fournit des armes de guerre et des renseignements à des groupes terroristes. « Des preuves qui démontreront au monde comment un État membre du Conseil de sécurité se comporte », a déclaré le colonel Abdoulaye Maiga Premier ministre par intérim.

Face à la prise de conscience, c’est la France qui les déstabilise par rébellions, terrorisme ou djihadisme interposés. Les nouveaux dirigeants du Mali, du Burkina Faso et de la Centrafrique, etc., après avoir opérés le sursaut de conscience et de lucidité au plus haut sommet de la gouvernance des États de leurs pays respectifs, en conformité avec le patriotisme nécessaire, et ce, afin de répondre aux aspirations des peuples de la région.

L’Occident a perdu le XXIe siècle et son monopole mondial du pouvoir, sa faute inexcusable, il a fait la guerre aux pays émergents. Tous les domaines de pouvoir de l’ordre occidental se divisent au fil des temps. La puissance mondiale unilatérale qui refuse de partager avec les pays émergents son expérience et ses compétences lui ont été enlevées intelligemment par des gens super-doués qui croyaient dur comme fer que l’occident et l’impérialisme américain sont finis. Le monopole conjoint « sans égal », « illimité » des États-Unis et de l’Europe est en train de s’effondrer. 

La tradition coloniale, qui remonte à des siècles et a consumé la terre, est en train de voler en éclats. Le monde centré sur l’Atlantique s’effondre, tandis qu’un monde multicentrique prend forme. L’Occident n’a plus d’alliés que ses « fidèles pays coloniaux et vassaux ». 

En fait, au fur et à mesure que le monde se rétablit, l’Afrique change de position et s’installe au-devant et elle le fait avec un grand saut de puissance. C’est pourquoi la Sphère du Sahel continue là où elle s’était arrêtée reprenant de ce fait son destin en main, à lui tout seul ou presque avait pu, transformé le climat causé par les changements de pouvoir mondiaux en opportunités extraordinaires. N’est-ce pas là une fois encore un message fort envoyé par le Sahel à ses ennemis et aux forces déstabilisatrices dans la région ?

 

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