Sep 15, 2023 11:08 UTC
  • Les Nigériens dénoncent l'arrogance de Macron

La colère contre l'« ingérence supplémentaire » de la France grandit au Niger, après les dires d'Emmanuel Macron et son soutien au président destitué Mohammed Bazoum.

Un climat pour le moins tendu s'installe au Niger. Vendredi 1er septembre, les militaires au pouvoir ont réagi, par la voix de leur porte-parole le colonel-major Amadou Abdramane, aux remarques du président français Emmanuel Macron, qui avait réitéré lundi son soutien à Mohamed Bazoum.

« Le gouvernement de la République du Niger a suivi avec consternation les propos tenus le lundi 28 août 2023 par le président de la République française (...) ces propos constituant une ingérence supplémentaire flagrante dans les affaires intérieures du Niger », a ponctué Abdramane, dans un communiqué lu à la télévision nationale.

Entre Paris et Niamey, le bras de fer se poursuit

Il faut dire que la France a affirmé à plusieurs reprises son soutien à la Cédéao qui brandit depuis plusieurs semaines la menace d'une éventuelle intervention militaire et lundi dernier, dans un communiqué lu à la télévision nationale le président français a rappelé le soutient de Paris à « l'action diplomatique et quand elle le décidera militaire » de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Il avait également rendu hommage à Mohammed Bazoum, renversé le 26 juillet, saluant « un homme intègre, démocratiquement élu et courageux ».

« Si nous ne nous étions pas engagés, avec les opérations Serval puis Barkhane, il n’y aurait sans doute plus de Mali, plus de Burkina Faso. Je ne suis même pas sûr qu’il y aurait encore le Niger. »

Vendredi, il a répété que les militaires n'ont « aucune légitimité » et que la France ne prendra des décisions sur le Niger uniquement « sur la base d'échanges avec le président Bazoum ».

« Les propos d’Emmanuel Macron et ses incessants efforts en faveur d’une invasion du Niger visent à perpétuer une entreprise néocolonialiste sur le peuple nigérien qui ne demande rien d’autre que de décider par lui-même de son destin », a constaté le colonel major Abdramane.

Il a précisé que les « différends » avec la France « ne portent ni sur les rapports entre nos peuples, ni sur les individus, mais sur la pertinence de la présence militaire française au Niger ».

Quelque 1 500 soldats français sont présents dans ce pays sahélien.

« La France doit partir et elle partira, car elle n’est pas chez elle au Niger »

Ces déclarations constituent le dernier épisode de plusieurs semaines de tensions entre Niamey et Paris.

Ce vendredi 1er septembre, des milliers de manifestants se sont rassemblés près d’une base militaire abritant des forces françaises situées à Niamey, pour exiger le départ des militaires français.

L’immunité et le visa diplomatiques de l’ambassadeur de France au Niger Sylvain Itté lui ont été retirés. La semaine dernière, les militaires lui ont donné 48 heures pour quitter le territoire, ce que Paris a refusé, arguant que ce gouvernement était illégitime et n’avait aucune autorité pour fonder une telle requête.

Toujours vendredi, une quarantaine d'organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé dans une lettre la Cédéao à lever les lourdes sanctions économiques imposées au Niger estimant qu'elles vont « davantage aggraver la vulnérabilité des populations nigériennes ».

Selon l'ONU, plus de 3,3 millions de personnes, soit 13 % de la population, sont en situation de grave insécurité alimentaire au Niger, et la situation pourrait empirer en raison de l'augmentation des prix alimentaires qui ont pris 21 % en un mois.

Le Niger est par ailleurs confronté depuis plusieurs années à des violences terroristes meurtrières.

Jeudi soir, les autorités ont annoncé la suspension des activités des ONG, organisations internationales et agences onusiennes dans des zones d'opérations militaires « en raison de la situation sécuritaire du moment ».

Le Nigeria et l’Algérie ouvrent la porte à une transition

Mais au-delà de la brouille entre Paris et Niamey, d’autres chancelleries s’activent pour tenter de trouver une sortie de crise diplomatique au Niger. Si la Cédéao reste ferme sur sa position - un rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel et la réinstallation du président renversé Mohamed Bazoum - deux voisins du Niger ont ouvert la porte à une éventuelle transition : le Nigeria et l’Algérie. Pour l’heure, les généraux au pouvoir à Niamey n’ont pas réagi à ces propositions. 

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