Vers une "syrisation" de l'Éthiopie?
(last modified Tue, 02 Feb 2021 18:48:19 GMT )
Feb 02, 2021 18:48 UTC

Avec l’échec des terroristes séparatistes à la solde occidentale dans la région du Tigré, le TPLF et aussi les ONG tentent visiblement de relancer le conflit avec un même scénario qu’en Syrie.

 

Actualité en Afrique :

  • Symposium national de l’industrie au Burkina Faso : Le bilan jugé positif
  • Douala-Bangui-Ndjamena : Yaounde arrête à 3,3 millions de FCFA le prix du fret par camion
  • Niger : pari tenu pour la foire d’Agadez, malgré la Covid
  • RCA : le général Ludovic Ngaïfei, ancien chef d’État-major, est placé en mandat de dépôt

Analyses de la rédaction :

1. Sénégal : DP World veut saper le corridor anti-sanction US ?

Après un échec et même une humiliation à Djibouti, le groupe émirati DP World essaye de rattraper le coup au Sénégal.

Le groupe émirati Dubaï Port World (DP World) va investir plus de 840 millions de dollars pour réaliser la première phase du port en eau profonde de Ndayane, à 70 kilomètres de Dakar, la capitale sénégalaise. L’accord pour la construction de ce port et de sa zone économique spéciale sur 1 200 hectares a été signé fin décembre 2020 avec le troisième exploitant portuaire mondial, concrétisant « le plus important investissement privé de l’histoire du Sénégal », comme s’en est aussitôt félicité le président Macky Sall.

Du côté du Sénégal, ce projet ambitieux traduit la volonté du pays de diversifier ses partenaires étrangers. « Nous avons beaucoup travaillé avec la France et l’Occident. En 2000, nous nous sommes aussi tournés vers la Chine, puis vers la Turquie et maintenant le Moyen-Orient », résume Khadim Bamba Diagne, enseignant chercheur au laboratoire d’analyse de recherche économique et monétaire.

Avec 43 % du stock d’investissements directs étrangers, la France demeure le premier investisseur dans le pays, mais son poids s’effrite face à ces nouveaux arrivants. « Multiplier les partenaires financiers permet au Sénégal d’apprécier les offres et de choisir en fonction de ses propres intérêts », continue l’économiste.
Le chef de l’État s’est d’ailleurs voulu rassurant sur les implications en termes de souveraineté de cet investissement sans précédent. Le Sénégal, a-t-il assuré, « sera actionnaire dans la société concessionnaire, comme il l’est désormais pour les autoroutes à péage ».

Le partenariat avec les Émirats arabes unis date de 2008, quand DP World a été choisi pour gérer le port autonome de Dakar. « Au total, 125 milliards de francs CFA ont été mobilisés pour acquérir du matériel et des équipements performants, et pour renforcer la compétitivité de Dakar en Afrique de l’Ouest », détaille Ali Sultan Rashid Alharbi, ambassadeur des Émirats au Sénégal.

Pour rappel, si Djibouti avait mis un terme à son contrat de gestion du port, qui le liait à l’Émirati DP World, c’est parce que la société n’avait pas respecté sa part du contrat qui consistait à développer le port de Djibouti. En 2018, lorsque le gouvernement djiboutien a compris le plan de l’Émirati, qui consistait donc à retarder le développement du port djiboutien, pour se pencher plutôt sur le développement du port de Dubaï. Ce qui fait que Djibouti a littéralement éjecté la société émiratie. 

Si le port de Djibouti s’était développé comme il se devait, celui de Dubaï aurait pris un grand coup. Car, non seulement le terminal de Doraleh aurait permis à Djibouti de devenir une plaque tournante à travers le monde, mais cela aurait mis en place une réaction à la chaîne, comme le développement de l’Éthiopie, et de la Corne de l’Afrique.

Donc DP World agissait à l’encontre de ce développement. La même chose pourrait se produire à Dakar. Pour rappel, le Sénégal fait partie des pays qui ont rejoint le corridor anti-sanction US qui permet donc à l’Iran de fournir les marchandises nécessaires au Venezuela.

Ce processus fait aussi partie du plan de la nouvelle administration américaine. Car les Monarchies du golfe Persique sont actuellement occupées à mettre la pression sur l’Irak afin d’étouffer le corridor anti-sanction de l’Iran. Le scénario prend forme à travers le Sénégal. Cela dit, le président Macky Sall met en avant la souveraineté du Sénégal, et en amenant l’Émirati DP World sur son territoire c’est surtout pour briser le monopole de certaines puissances qui sont sur place. Ce qui fait que le Sénégal n’a pas non plus l’intention de laisser ces puissances portuaires se comporter comme en terrain conquis. Avec le détachement du Sénégal par rapport à l’Occident, Dakar met tout en œuvre, avec la population sénégalaise, pour préserver la souveraineté et l’intégrité du pays.

 

2. La Côte d’Ivoire et le Bénin : les nouvelles cibles des terroristes ?

Les nombreux débats concernant la présence de Barkhane et la volonté de celle-ci de changer de stratégie sont en cours, mais un fait assez intéressant vient s’ajouter à cela. Selon un article, Barkhane et compagnie ne seraient pas les seuls à changer de stratégie ! 

Al-Qaïda au Sahel développerait également un « projet d’expansion » vers le golfe de Guinée, visant en particulier la Côte d’Ivoire et le Bénin, a assuré ce lundi 1er février Bernard Emié, patron du renseignement extérieur français, dans une rare intervention publique. Aux côtés de la ministre des Armées Florence Parly, le chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a montré des images d’une réunion, tenue en février 2020, rassemblant dans le centre du Mali les plus hauts responsables locaux de la centrale terroriste. Comme s’ils étaient présents dans cette réunion, la DGSE fait un rapport complet et détaillé concernant la réunion.

« L’objet de cette réunion était la préparation d’opérations de grande ampleur sur des bases militaires », a affirmé Bernard Emié sans fournir de détails. « C’est là que les chefs d’Al-Qaïda au Sahel ont conçu leur projet d’expansion vers les pays du golfe de Guinée », a-t-il ajouté. Ces pays sont désormais des cibles eux aussi et pour desserrer l’étau dans lequel ils sont pris et pour s’étendre vers le sud, les terroristes financent déjà des hommes qui se disséminent en Côte d’Ivoire ou au Bénin ». « Des combattants ont également été envoyés aux confins du Nigeria, du Niger et du Tchad », selon le patron du renseignement extérieur français. Le chef de la DGSE, la ministre ainsi que le chef d’état-major des Armées, le général François Lecointre, se sont entretenus dans la matinée sur la base aérienne d’Orléans-Bricy lors d’un « Comité exécutif » consacré aux questions de contre-terrorisme.

Selon la DGSE, étaient présents à la réunion de février 2020 Abdelmalek Droukdel, chef historique d’Al-Qaïda, Iyad Ag Ghaly, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et l’un de ses fidèles adjoints, Amadou Koufa, chef de la katiba Macina. Droukdel a été tué en juin par les forces françaises dans le nord du Mali. « Iyad Ag Ghaly incarne la stratégie d’Al-Qaïda au Sahel. Ce n’est pas un homme qui pense le terrorisme, c’est un homme qui le pratique au quotidien. (...) Il n’hésite pas à prendre lui-même les armes », a martelé Bernard Emié.

Maintenant que la France a pu refinancer, au Mali, ces groupes terroristes en négociant la libération de plus de 200 terroristes et l’apport de plusieurs millions d’euros pour ces groupes en échange de 4 otages, Paris annonce aussi la volonté de ces groupes terroristes de faire du Sahel une base arrière et d’effectuer donc des attaques en tout genre dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Avec cette réunion, il serait aussi possible de se demander pourquoi est-ce qu’il n’y a pas eu le moindre bombardement des Mirage-2000 comme sur le village de Bounti, où était censée se retrouver également une réunion de membre de groupe terroriste, ce 3 janvier, L’Élysée avait assuré qu’il y avait une réunion de terroristes et non des civils qui étaient présents dans un mariage. C’est pourquoi le bombardement avait eu lieu. Mais alors, pourquoi, lors de cette réunion, aucune attaque n’a eu lieu contre cette réunion.

Amadou Koufa était également présent. C’était le même Koufa, où pour rappel, en 2018, Barkhane et l’Élysée avaient vanté les mérites d’une opération qui était censée l’avoir neutralisé. Mais, voilà que par miracle, 1 mois après, il réapparaît sur une vidéo qui a fait le tour du monde, démentant ainsi les pseudo exploits de Barkhane.

Les dossiers prennent de nouvelles tournures en Afrique de l’Ouest. Vu l’apparition de la nouvelle administration américaine, les dossiers en Afrique ont l’air de prendre de nouvelle tournure, aussi bien pour Barkhane que pour les groupes terroristes.

Cela dit, l’axe de la Résistance s’adapte également et prend aussi une nouvelle forme. De nouveaux acteurs commencent à apparaître sur la toile, afin de contrer ces nouveaux plans néo coloniaux se mettre en place. L’enchaînement de la mort des soldats de Barkhane en est d’ailleurs une preuve. Ce que l’Occident à l’air d’oublier, c’est que le sentiment anti-occidental qui est grandissant au Mali l’est également à travers le continent.

3. Éthiopie : nouveau tournant dans le dossier de déstabilisation de la Corne ?

Les ennemis de la stabilité et du développement sont toujours actifs en Éthiopie.

Avec l’échec des terroristes séparatistes à la solde occidentale dans la région du Tigré, qui œuvre toujours pour une déstabilisation complète du pays et le lancement d’une guerre intra-africaine, face à Addis Abeba, le TPLF et aussi les ONG tentent visiblement de relancer le conflit.

D’un côté les menaces du chef du TPLF, activement recherché par les autorités fédérales d’Éthiopie après avoir été vaincu militairement, a fait samedi sa première déclaration publique depuis près de deux mois. Il appelle ses partisans au combat.

Une déclaration audio appelant ses partisans à « s’organiser et à lutter » contre le gouvernement fédéral éthiopien, a été diffusée le samedi 30 janvier sur la page Facebook de Tigrai Media House, un média basé aux États-Unis et affilié à l’ancien parti.

Cela dit, des doutes planent encore sur l’authenticité de l’enregistrement, mais une chose est sûre, c’est qu’un État exogène finance et réarme ce groupe.

Car, quasi simultanément, le Haut-Commissaire aux réfugiés de l’ONU, Fillipo Grandi, a conclu une visite de trois jours en Éthiopie, où il a demandé aux autorités d’accélérer la mise en place de l’aide humanitaire internationale.

 « L’accès au Tigré est fondamental. Seize agences onusiennes et 25 ONG ont demandé des permissions. Il est maintenant primordial que les autorités éthiopiennes adoptent un système qui permette de délivrer rapidement et efficacement des autorisations pour les organisations », déclare-t-il.

Comme cela a déjà été le cas en Syrie, ce genre de couloir humanitaire que les ONG en question tentent absolument de mettre en place, est un moyen primordial pour certains États occidentaux de réapprovisionner les groupes terroristes.

Pour rappel, c’était début décembre, lorsque les autorités éthiopiennes ont admis que des forces gouvernementales avaient ouvert le feu sur une équipe de l’ONU au Tigré et rappelé que l’accès humanitaire à la région, privée d’approvisionnement depuis plus d’un mois en raison d’un conflit, était soumis au feu vert du gouvernement.

Cette équipe se trouvait dans une zone où elle n’était pas censée se rendre et a forcé plusieurs barrages, a expliqué le porte-parole de la cellule de crise gouvernementale pour le Tigré, Redwan Hussein. Il a précisé aussi que l’ONU s’est vu garantir un accès sans restriction au Tigré par Addis Abeba, alors que ce n’était pas ce qui était prévu au départ.

L’Éthiopie reste toutefois sur ses gardes. Car la planification du conflit dans le Tigré, s’était produite sous l’ancienne administration Trump. Il est maintenant clair qu’avec la nouvelle administration, le dossier prend un nouveau tournant.

Le renversement du pouvoir d’Addis Abeba est toujours d’actualité, et le lancement de la guerre intra-africaine aussi.

Une menace directe de la part du chef du TPLF appelant ses partisans à continuer le combat, en assurant indirectement que tout ira bien, et la nouvelle pression du HCR et des ONG sur le gouvernement éthiopien, montre que ce conflit va prendre de nouvelle dimension.

Les médias mainstream mettent en avant un point précis qui n’apparaissait pas avant le changement d’administration américaine, c’est l’implication des forces armées érythréennes. Voici ce que RFI écrit : Le Haut-Commissaire a pu visiter deux camps de réfugiés érythréens au Tigré, les deux autres étant toujours interdits d’accès. Il craint que ces deux autres camps soient même complètement vides à l’heure qu’il est. « Les réfugiés racontent avoir été pris au piège au milieu des combats. Ils parlent aussi de massacres, d’enlèvements ainsi que de quelques retours forcés vers l’Érythrée aux mains des soldats érythréens présents dans la zone. »

Toujours selon RFI : À Addis Abeba et Asmara, on refuse « toujours de reconnaître » l’intervention des troupes érythréennes au Tigré.

Donc ici, le témoignage de quelques réfugiés compte, alors qu’au Mali, le témoignage des civils du village de Bounti, concernant le bombardement de Barkhane, ne compte absolument pas.

En bref, la nouvelle administration américaine veut absolument, dans un premier temps, affirmer que l’Érythrée a épaulé Addis Abeba dans le conflit tigréen, pour peut-être, par après impliquer la Russie, qui est présente en Érythrée.

Asmara ne s’était pas impliqué, car il n’était pas tombé dans le piège que lui tendent les séparatistes tigréens. Mi-novembre, les séparatistes avaient bombardé l’aéroport d’Asmara pour ainsi impliquer l’Érythrée dans ce conflit.

Le même scénario s’était mis en place avec le Soudan, à la frontière, ou quelques séparatistes s’étant fait passer pour des soldats pro-gouvernementaux éthiopiens, avaient tiré sur les militaires soudanais afin de mettre en place un conflit.

Après plusieurs mois de tentative de dialogue lancée par Addis Abeba avec les tigréen afin de les calmer, et l’attente du Premier ministre éthiopien, qui, à plusieurs reprises, a déclaré que ces séparatistes tigréens sont des Éthiopiens et qu’il ne faut pas entrer en conflit armé avec eux, il a finalement lancé l’attaque armée contre eux lorsque les séparatistes tigréens ont commencé à attaquer les bases militaires fédérales.

C’était la limite que la minorité de Tigréen du TPLF ne devait pas franchir. Le comportement de la Communauté internationale et même des médias mainstream étaient toutefois étonnants. Ils exhortent tous à Addis Abeba d’arrêter le conflit et aucun d’entre eux n’a réellement exhorté les séparatistes d’arrêter leurs exactions. Ce qui était clair dans cette affaire, c’est que la Communauté internationale protège les séparatistes, tout comme elle protège les séparatistes anglophones au Cameroun.

Cette guerre lancée suite à une planification américaine a finalement été perdue. Addis Abeba en est ressorti vainqueur et pour que cela ne se reproduise plus, le gouvernement éthiopien reste sur ses gardes, et avertit ses voisins de ne pas tomber dans les pièges tendus. Donc si les ONG et l’ONU veulent installer un couloir humanitaire, ça ne sera pas comme en Syrie, afin de relancer le conflit, mais ça se passera sous les règles du gouvernement éthiopien et non sous les règles imposées par l’Occident.

 

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