Ambassadrice palestinienne à Paris: Israël bombarde même les morts !
(last modified Thu, 21 Nov 2024 04:15:17 GMT )
Nov 21, 2024 04:15 UTC
  • Ambassadrice palestinienne à Paris: Israël bombarde même les morts !

Auditionnée par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le 20 novembre, l'ambassadrice palestinienne à Paris explique que « la destruction systématique brise toutes possibilités d’avenir. Israël a dépassé le futuricide ».

La représentante de l’Autorité palestinienne en France a répondu aux questions des membres de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale pendant plusieurs heures mercredi 20 novembre.

L’occasion d’alerter les représentants de groupes et députés présents sur le massacre en cours, d’aborder une future reconnaissance de l’État palestinien par la France et de répondre aux accusations d’antisémitisme, devenues omniprésentes depuis plus d’un an.

La représentante de l’Autorité palestinienne en France a commencé son allocution en rappelant les crimes dont est accusé le régime israélien, tel que l’écocide commis dans la bande de Gaza, « à quelques jours de la COP à Bakou ». Alors que « 60 % des terres agricoles y sont inutilisables », détruites par les bombardements à répétition et les « produits chimiques toxiques libérés » par ces derniers, la bande de Gaza est ensevelie sous près de « 45 millions de tonnes de débris ».

« La notion qui me provoque l’effroi, c’est celle de futuricide, ou l’effacement des êtres, des lieux et de l’histoire, ajoute-t-elle. La destruction systématique brise toutes possibilités d’avenir. Israël a dépassé le futuricide. Israël bombarde même les morts dans les cimetières. » L’audition, menée par le président de la commission des Affaires étrangères, le député Modem Bruno Fuchs, a surtout été le théâtre d’échanges tendus et d’attaques de la part de plusieurs députés.

Comme quand Caroline Yadan, députée des Français de l’étranger, notamment d’Israël et de la région du Proche-Orient, s’en est prise aux « racines du mal connues et profondes » qui auraient, selon elle, amené le Hamas à commettre le 7-Octobre. Selon la députée du groupe Ensemble pour la république et autrice d’une proposition de loi visant à criminaliser toute critique d’Israël, cela relèverait d’un mélange de « déshumanisation, de sévices sexuels indicibles, de barbarie, de fanatisme islamique et de volonté d’extermination génocidaire du peuple juif ».

Mais aussi de comparaison sans fondement réel, comme quand le président du groupe LIOT, Laurent Mazaury a fait un parallèle entre le conflit entre la Palestine et Israël et celui entre la France et l’Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale : « Pensez-vous, madame l’ambassadrice, que l’autorité palestinienne que vous représentez devant nous soit en capacité de réunir des hommes et des femmes compétents et non corruptibles, susceptibles de convaincre le peuple palestinien, qu’il faut rebâtir un État tourné vers le futur et moins vers le passé ? Comme la France et l’Allemagne ont su le faire et l’ont fait sous la poussée du général de Gaulle et du chancelier Konrad Adenauer », s’est-il ainsi questionné. « Je rappelle que la réconciliation entre l’Allemagne et la France a débuté après la paix et après la fin de l’occupation allemande de la France », a rétorqué Hala Abou-Hassira.

Le député Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, a, de son côté, après avoir critiqué le député socialiste François Hollande sur son temps de parole, « dénié » les excuses prononcées par la députée écologiste Sabrina Sebaihi quelques minutes plus tôt, au nom du peuple français. « Si la France a failli, c’est vis-à-vis d’Israël », a-t-il lancé, en soutien affirmé à la politique, d’extrême droite, du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Des voix se sont néanmoins élevées pour condamner les agissements de l’armée israélienne.

Par exemple, quand la députée insoumise Sophia Chikirou a rappelé que, « selon un rapport du Haut-commissaire aux droits de l’homme, au Nations unies, publié en mars 2024, les colonies israéliennes, dans les territoires palestiniens occupés ont même connu une expansion record depuis octobre 2023 ».

De même, le secrétaire de la commission des Affaires étrangères, Jean-Paul Lecoq, s’est insurgé contre la « politique de terrorisme d’État » entreprise par Tel Aviv. « Quand on voit les bipeurs par rapport aux Libanais, on se dit qu’avoir anticipé à ce point-là – bien avant le 7-Octobre – le fait de pouvoir tuer sans mesurer les choses… Est-ce qu’il vous reste un peu de confiance et de l’espoir ? », a-t-il ainsi questionné l’ambassadrice de la Palestine en France.

Cette dernière ayant affirmé, plusieurs dizaines de minutes plus tôt, que « nous avons face à nous le gouvernement israélien le plus fasciste de l’histoire d’Israël, qui met les fondements de paix en péril ». Alors qu’un cessez-le-feu ne semble toujours pas à l’ordre du jour, et que Benyamin Netanyahou a réaffirmé sa volonté de poursuivre son entreprise de destruction, les espoirs d’une paix durable continuent de s’estomper.

Source : L'Humanité