La Ve flotte US s'effondre déjà?
(last modified Tue, 24 Aug 2021 10:17:08 GMT )
Aug 24, 2021 10:17 UTC
  • La Ve flotte US s'effondre déjà?

Après leur retrait d’Afghanistan, les troupes américaines se préparent à quitter aussi Bahreïn et ainsi de suite. C’est ce qui inquiète véritablement Israël.

L’ancien ambassadeur d’Israël aux Nations unies prévient que les troupes américaines quitteront Bahreïn après leur retrait d’Afghanistan. Et Bahreïn revêtait une importance particulière pour Israël.

« Certains peuvent se demander les raisons pour lesquelles Bahreïn est si important pour l’Occident, note l’ancien ambassadeur du régime sioniste auprès de l’ONU, Dore Gold. Comme les Émirats arabes unis, Bahreïn a signé un accord de normalisation avec le régime sioniste. Mais ce pays a d'autres caractéristiques qui, d’un point de vue stratégique, en ont fait l’un des pays arabes les plus importants du golfe Persique. Et surtout, il partage avec Israël une menace commune qui est l’Iran. »

Gold affirme aussi qu'il existe une autre menace liée au désir iranien de se développer, à savoir l'établissement d'une branche du Hezbollah à Bahreïn, notant qu'environ 70 % de la population de Bahreïn sont des musulmans chiites : « La force Qods du Corps des gardiens de la Révolution islamique a recruté des éléments hostiles de cette population pour mener des opérations contre la famille royale. En 2018, environ 169 personnes à Bahreïn ont été accusées d'avoir créé le Hezbollah bahreïni. En 1995, les États-Unis ont formé la cinquième flotte et placé son commandement dans la capitale, Manama. Bahreïn semble nécessaire aujourd'hui, non seulement pour les opérations militaires américaines dans le Golfe (Persique, NDLR), mais aussi dans la Corne de l'Afrique. Et pourtant, en ce moment délicat, des voix politiques s'élèvent aux États-Unis pour réclamer le retrait des troupes américaines de Bahreïn. »

Gold poursuit : « Après le retrait permanent des États-Unis d'Afghanistan et la réduction de leurs forces en Irak, cela aura des répercussions régionales importantes. Le retrait de la base navale de Bahreïn déstabilisera davantage le Golfe, et une telle mesure sera également considérée comme un cadeau pour l'Iran et le Hezbollah, et affectera également grandement Israël. »

Dans une note pour Democratic Arabic Center, l’analyste Amar Yasser est revenu sur le retrait éventuel américain du Moyen-Orient : « La réduction du nombre des troupes américaines au Moyen-Orient fait partie des politiques sur lesquelles les deux gouvernements Trump et Bident se convergent, mais avec deux approches différentes. Mais certes, la fin de la présence militaire américaine au Moyen-Orient ne signifie pas la fin de l'intervention américaine dans toute la région. Le Pentagone n'a pas précisé où seront déployées les troupes US ; mais elles seront probablement déployées dans les océans Indien et Pacifique pour contrer la Chine. »

« Les États-Unis ont environ 65 000 soldats au Moyen-Orient. Ces forces sont présentes dans la plupart des pays du Moyen-Orient, à l'exception de l'Iran. Plus de la moitié des forces militaires américaines sont déployées dans les pays du bassin du golfe Persique. La plupart se trouvent à Bahreïn, au Koweït, au Qatar et aux Émirats arabes unis. La cinquième base maritime US se trouve à Bahreïn. Le CentCom et la Ve flotte américaine qui compte 4 200 forces, des unités de plongeurs et des avions de ravitaillement, se trouvent à Isa Air Base. Quant au Koweït, il compte 13 500 forces, déployées dans une base située à 60 km des frontières avec l’Irak ; les forces du CentCom et du Koweït y mènent une mission conjointe.

Au Qatar, environ 8 000 forces américaines sont déployées dans la base aérienne al-Udeid, qui constitue la plus grande base stratégique pour les armements US. Les avions de ravitaillement se trouvent dans cette base. Et enfin la base aérienne al-Dhafra aux EAU comptent 380 unités de la force de l’Air US. Des plateformes de lancement d’avions de reconnaissance U-22 et de ravitaillement se trouvent dans cette base qui abrite aussi des chasseurs Global Hawk et AWACS. »

Et l’analyste de poursuivre : « Il semble que la prochaine option des États-Unis serait de contrer l'influence de la Chine en Asie et celle de la Russie en Europe de l'Est. Si la raison du retrait des forces américaines est de se concentrer sur la Chine, le transfert d'armes et de troupes, au nombre de plus de 65 000, prendra beaucoup de temps. Très probablement, toutes ces personnes et ces armes ne seront pas transférées comme le retrait américain d'Afghanistan. Le recul aveugle, comme en Afghanistan, aura des conséquences de grande envergure. Les développements actuels en Afghanistan le reflètent. La situation en Irak n'est pas plus stable. Les États-Unis semblent vouloir réduire leur présence militaire dans la région. Ils tentent également d'obliger leurs alliés à s'appuyer davantage sur eux-mêmes pour conclure des accords dans la région. »

« L'ère de l'unilatéralisme américain dans le monde touche à sa fin et de nouveaux acteurs tentent de diriger le monde. Dans une telle situation, il semble que les États-Unis profiteront le plus du retrait, car les pertes matérielles seront moindres et leurs forces seront moins ciblées dans la région », a conclut l’analyste.

 

Mots clés