Yémen: les Émirats se retirent?
(last modified Sat, 29 Jan 2022 19:19:38 GMT )
Jan 29, 2022 19:19 UTC
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Les Émirats arabes unis ont-ils commencé leur « deuxième retrait » du bourbier yéménite en retirant les forces de leurs alliés des « Brigades des Géants » de la guerre de Maarib et en les renvoyant dans leurs « bases » en Occident ? Est-ce la menace d’Ansarallah de bombarder l'exposition « Expo » à Dubaï qui a précipité cette étape « sans surprise » ? Quelle sera la réponse saoudienne ?

Dans un article paru par le journal Rai Al-Youm, le célèbre journaliste du monde arabe Abdel Bari Atwan a écrit : « En donnant l'ordre à leurs « Brigades des Géants» du sud d'arrêter leurs opérations militaires contre les forces d’Ansarallah dans les gouvernorats de Maarib et de Shabwa, les Émirats arabes unis ont « acheté » leur sécurité et leur stabilité, et ont pleinement répondu au message « éloquent » envoyé par le Mouvement Ansarallah à travers ses missiles et ses avions de guerre qui ont bombardé les villes d'Abou Dhabi et de Dubaï lundi dernier. En effet, les attaques d’Ansarallah ont montré que le coût de l'entrée des EAU sur le champ de bataille dans les provinces de Shabwa et Maarib serait très élevé pour Abou Dhabi. »

« Tout porte à croire que lorsque le Mouvement Ansarallah menace de répondre, il prend immédiatement l'initiative de mettre ses menaces à exécution, et c'est ce que le gouvernement des Émirats arabes unis n'a pas réalisé, et ses conseillers, qu'ils soient militaires ou politiques, ne l'ont pas compris », souligne Atwan.  Le fait est que les Émirats arabes unis sont un petit pays et ne peuvent tolérer les conséquences des frappes de missiles et de drones d’Ansarallah. D’autant plus que les systèmes de défense américains coûteux aux Émirats arabes unis et leurs missiles très avancés n’ont pas pu contrer les missiles et drones yéménites.

« L'économie des Émirats arabes unis repose avant tout sur la sécurité et la stabilité, car c'est une économie dont la colonne vertébrale est le pétrole, les investissements étrangers et le tourisme (Dubaï notamment), et les Houthis n'ont pas caché leur conscience de ce fait, et leur utilisation dans le service de leurs plans offensifs. Et si les « Brigades des Géants» continuaient d'avancer dans la guerre de Maarib, les Houthis auraient mis à exécution leurs menaces de bombarder la gigantesque exposition économique internationale « Expo » dans la ville de Dubaï, et de perturber complètement la navigation aérienne dans les aéroports, et ils ont prouvé qu'ils en avaient la capacité », précise Rai Al-Youm.

La question qui se pose fortement tourne autour de la réaction du « partenaire » saoudien à ce second « retrait » émirati de la guerre au Yémen. Il est certain que la décision émiratie de se retirer de la « bataille de Maarib » laissera, l’Arabie saoudite et ses alliés, seuls au champ, et peut-être l'absence du prince Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, au sommet quadripartite, qui s'est tenu hier à Abou Dhabi, avec la participation du président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi, du cheikh Mohammed ben Zayed, prince héritier des Emirats, et Cheikh Mohammed bin Rashid, commandant des Forces Armées des EAU, et le Roi Bahreïni Hamad bin Isa, est l'une des preuves de la colère de l'Arabie saoudite et de sa connaissance préalable de ce « retrait » émirati.

« Nous répétons encore une fois que la participation des forces des Emirats à la guerre de Shabwa et Maarib était une décision irréfléchie dans tous ses aspects politiques, militaires et économiques, et était due à une erreur de calcul de la force d’Ansarallah », précise Atwan.

À l'heure actuelle, selon un communiqué officiel des Émirats arabes unis, les Brigades des Géants se sont retirées de Shabwa et de Maarib et sont retournées dans leurs positions d’antan à l'ouest du Yémen. Cependant, on ne peut pas dire que les Émirats arabes unis se soient complètement retirés de la guerre yéménite, et leur retour complet à cette guerre n'est pas inattendu, et il pourrait y avoir des signes à cet égard dans les semaines et les mois à venir.

« Les forces d’Ansarallah sont désormais devenues un membre important dans la péninsule arabique, et les Émirats arabes unis semblent s'en être rendu compte bien après avoir observé des missiles et des drones yéménites ciblant les positions sensibles du pays, et tentent d'éviter de nouveaux dégâts. D'autant plus que les bases américaines, françaises et britanniques sur leurs terres ne leur ont pas assuré le minimum de protection, et que leurs soldats et experts occidentaux se sont précipités dans des abris par souci de sécurité, et que le même sort sera réservé à l'Arabie saoudite », conclut l’article.

 

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