Échec et mat en mer Rouge : Washington à l’épreuve du défi yéménite ?
Pars Today – En mer Rouge, les opérations de l’armée yéménite menacent à la fois le commerce mondial occidental et la capacité des États-Unis à déployer rapidement leurs forces. Face à ce défi, Washington explore des réponses militaires, diplomatiques et logistiques.
Depuis le 15 mars 2025, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené des raids aériens contre le Yémen en soutien au régime sioniste, visant des zones résidentielles et des centres civils.
En dépit de ces attaques, les forces armées yéménites poursuivent leurs opérations de soutien à la Résistance et au peuple palestinien dans la bande de Gaza. Elles ont mené des actions, prenant pour cible le cœur des territoires occupés, des navires liés au régime sioniste, ainsi que des bâtiments américains en mer Rouge et dans l’océan Indien, abattant également plusieurs drones avancés appartenant aux États-Unis.
L'institut de recherche « Washington Institute for Near East Policy » (WINEP) a rapporté : « Malgré la poursuite des opérations de l'armée yéménite en mer Rouge, Ansarallah a réussi à mettre l'armée américaine en échec dans la région de l’Asie de l’Ouest par ses actions. »
L'institut américain indique : « L'armée yéménite a bloqué les principales routes maritimes en mer Rouge, mettant en péril la capacité des États-Unis à déployer rapidement leurs forces et à fournir du matériel en Asie de l'Ouest et au-delà. D'après ce rapport, les États-Unis semblent avoir mis en place une approche combinant logistique, actions militaires et démarches diplomatiques pour faire face à cette menace. »
Le 15 mars, le président américain, Donald Trump ,a ordonné une opération militaire au Yémen, qui se poursuit actuellement. L'importance cruciale de la mer Rouge pour le commerce mondial n'est un secret pour personne. Chaque année, un trillion de dollars de marchandises transitent par cette route, et 30 % du trafic mondial de conteneurs y circulent.
Cependant, cette route est également l'une des principales voies de transport des équipements militaires via le commerce, permettant aux États-Unis de déployer rapidement leurs forces et ressources dans différentes régions du monde.
Ainsi, les attaques d'Ansarallah menacent à la fois le commerce et la capacité militaire des États-Unis, ciblant directement les intérêts vitaux de Washington.
Dépendance des États-Unis à la mer
Face à la présence de l'armée yéménite en mer Rouge, les navires militaires continuent de traverser le détroit de Bab el-Mandeb, mais de nombreuses compagnies de navigation commerciales ont été contraintes d'opter pour la route longue et coûteuse du cap de Bonne-Espérance.
Cette menace perturbe la rapidité nécessaire à la logistique militaire et soulève la question : « Les Yéménites ont-ils réussi à mettre Washington et ses alliés en échec en mer Rouge ? »
Les États-Unis transfèrent jusqu'à 80 % de leur matériel de soutien aux opérations militaires en temps de guerre par le biais du transport commercial.
En plus des capacités de sa flotte militaire, le département de la Défense des États-Unis, peut également faire appel à des navires privés en période de crise, ce qui lui permet d'augmenter sa flexibilité, de réduire les coûts et de déployer plus rapidement les équipements sur le champ de bataille. Cependant, cette forte dépendance des États-Unis à la navigation commerciale nécessite des routes sûres et sans perturbations. En raison des ressources limitées de la marine américaine et de ses engagements mondiaux, il n'est pas possible de protéger tous les navires commerciaux. Bien que certains navires aient bénéficié d'une escorte, certains d’entre eux ont tout de même été attaqués.
L'itinéraire terrestre alternatif au cap de Bonne-Espérance
Pour les États-Unis et leurs alliés, l'itinéraire alternatif au cap de Bonne-Espérance n'est pas viable lorsqu'il s'agit de déployer rapidement du matériel militaire.
La concurrence entre les grandes puissances exige que l'armée américaine soit capable de transférer rapidement ses équipements militaires entre l'Europe, l'Asie centrale et le Pacifique. En situation d'urgence, le passage par Bab el-Mandeb devient donc indispensable.
Le transport maritime reste l'option la plus économique pour la logistique militaire. Le transport aérien, plus coûteux, est réservé aux missions urgentes. Une troisième option, actuellement à l'étude, est le transport terrestre. L'une des stratégies des États-Unis pour se protéger des opérations de l'armée yéménite consiste à éviter de s'approcher des ports de la mer Rouge. Washington pourrait, par exemple, envoyer ses navires à Jeddah et, à partir de là, transférer les équipements par voie terrestre.
Les navires sont plus vulnérables lors du déchargement dans les ports, mais une fois la cargaison transférée sur des camions, des avions ou d'autres véhicules, le risque d'attaque diminue.
Selon le rapport de cet institut de réflexion américain, il reste à voir si les Américains prendront une décision rationnelle concernant le Yémen ou s'ils continueront à dissimuler leur incapacité militaire par des attaques contre les zones urbaines et les ressources en eau du Yémen.