Islamophobie: l'échec politique de l'administration Macron
La récente tirade du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin contre les musulmans de France et d'autres pays européens montre « l'échec et la faillite politique de l'administration Emmanuel Macron », selon un expert.
Abdennour Toumi, l’expert du Centre d'études stratégiques du Moyen-Orient (ORSAM) basé à Ankara, a déclaré à Press TV que la diatribe de Darmanin est intervenue alors que les Français faisaient face aux défis économiques.
« Cette paranoïa politique montre l'échec politique et la faillite du président Macron et de son administration à un moment où la plupart des Français sont sérieusement aux prises avec le coût élevé de la vie, la baisse du pouvoir d'achat, ainsi que l'inflation galopante », a-t-il déclaré.
Lors de sa récente visite aux États-Unis, le ministre français de l'Intérieur s’est alarmé de la « reprise » de ce qu'il a appelé la menace « terroriste islamiste » en Europe, exhortant une collaboration « antiterroriste » entre les agences d'espionnage françaises et américaines.
« Nous sommes venus leur [les Américains] rappeler que pour les Européens et pour la France, le risque premier est le terrorisme islamiste sunnite et que la collaboration antiterroriste entre les services de renseignement est absolument indispensable », a avancé le ministre français.
Il a également appelé Washington à « ne pas oublier ce qui nous apparaît comme la principale menace… le terrorisme sunnite ».
Ces allégations largement critiquées interviennent alors que l'administration Macron a été accusée de la montée de l'islamophobie et de la persécution des musulmans sous prétexte de lutter contre le terrorisme et de défendre la laïcité.
Darmanin a joué un rôle dans l'adoption de la loi « anti-séparatisme » en 2021, que les militants ont dénoncée comme une attaque à peine voilée contre la population musulmane du pays, la privant de ses libertés fondamentales et diabolisant l'islam dans la sphère publique.
L'une des raisons, selon Toumi, qui a « radicalisé » le ministre de l’Intérieur et « l'a poussé à faire des allégations audacieuses » est son « ambition politique personnelle parce qu'il veut se porter candidat à l’élection présidentielle française de 2027 ».
« Il tente de se positionner comme un leader politique belliciste envers l'islam et les immigrés musulmans », a déclaré le commentateur politique basé à Paris.
Le projet de loi contre le séparatisme comporte trois dispositions principales. Premièrement, il interdit non seulement aux employés du secteur public, mais aussi aux travailleurs du secteur privé qui fournissent des services publics d'exprimer des opinions politiques ou de porter des symboles religieux.
Deuxièmement, il donne aux autorités françaises le pouvoir de fermer temporairement les lieux de culte où des discours de haine sont portés.
Troisièmement, il oblige les associations religieuses qui reçoivent de l'argent de l'étranger à déclarer leurs revenus.
En outre, les musulmans de France ont été confrontés à une série de législations qui, selon eux, ont restreint la plupart de leurs libertés depuis 2015. Une loi de 2016 a restreint le port de symboles religieux - comme le hijab - au travail.
Une autre loi de 2017 a donné au gouvernement plus de contrôle sur la sélection des imams (chefs de prière), prétendant que cela empêcherait la propagation de l'islam radical.
Le gouvernement a également fermé plusieurs organisations dirigées par des musulmans, telles que des mosquées, des associations caritatives et des organisations à but non lucratif, notamment le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui cherchait à lutter contre la discrimination à l'encontre des minorités musulmanes en France.
Les critiques affirment que de telles politiques n'ont fait qu'alimenter l'islamophobie dans ce pays européen.
Le paysage médiatique a également dépeint les musulmans sous un jour plus négatif. À rappeler que les candidats d'extrême droite à l’élection présidentielle de 2022, à savoir, Marine Le Pen et Eric Zemmour, ont concentré une grande partie de leurs discours électoraux sur les « dangers de l'islam ».
Soulignant que la question de la religion et de la race est devenue le « principal récit politique dans les partis politiques de droite et d'extrême droite », Toumi a ajouté que l'administration Macron a « banalisé la violence verbale politique ».
« En d'autres termes, il y a un processus de banalisation du racisme qui progresse énormément à chaque élection nationale française », a-t-il déclaré.
Au cours des dernières décennies, il y a eu un « changement dans l'équation conflictuelle » de la politique française des questions ethniques aux questions religieuses, a affirmé l'expert, déclarant que l’administration française « fait preuve de fermeté envers le soi-disant séparatisme islamiste au nom des principes de la laïcité française ».
Selon lui, le principe de laïcité est censé protéger toutes les minorités et les groupes religieux, mais ils veulent que ce principe devienne la religion de l'État.