Or noir des Malouines : Londres et Tel-Aviv à l’offensive, l’Argentine suivra-t-elle l’exemple mauricien ?
(last modified Sun, 25 May 2025 04:23:23 GMT )
May 25, 2025 04:23 UTC
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Pars Today – Appelées Malouines par l’Argentine et Falkland par l'Angleterre, ces îles sont au cœur d’un des conflits territoriaux les plus anciens et les plus compliqués entre les deux pays.

Les îles Malouines, occupées par l'Angleterre depuis le XIXe siècle, sont considérées par l’Argentine comme une partie intégrante de son territoire national.

La question complexe de la souveraineté sur ces îles a profondément tendu les relations entre le Royaume-Uni et l’Argentine pendant des décennies, notamment depuis la guerre de 1982. Ces tensions se sont ravivées ces dernières années, après que Londres a autorisé des forages pétroliers dans les eaux entourant les îles.

Le champ pétrolier « Sea Lion » est considéré comme la clé de l’exploitation des vastes réserves de pétrole des Malouines. Cependant, l’Argentine a fermement condamné toute exploration ou extraction dans cette zone. Situé à environ 219 km au nord des îles Malouines, le champ Sea Lion renfermerait, selon une estimation indépendante, entre 791 et 917 millions de barils de pétrole récupérable — soit l’équivalent de deux fois la production annuelle totale de la mer du Nord.

Malgré l’interdiction de délivrer de nouveaux permis pétroliers et gaziers instaurée après l’arrivée au pouvoir du Parti travailliste au Royaume-Uni, le gouvernement local des Malouines a approuvé la production de pétrole, affirmant ainsi son autonomie dans la gestion de ses ressources naturelles. Selon les autorités locales, cette interdiction ne s’applique pas aux îles Malouines, car celles-ci bénéficient d’un statut d’autonomie dans tous les domaines, à l’exception des affaires étrangères et de la défense.

Selon le journal Daily Express, ce projet, dont le coût est estimé à plus de 3 milliards de livres sterling, résulte d’un partenariat entre la société britannique Rockhopper Exploration et l’entreprise israélienne Navitas Petroleum.

Rockhopper détient 35 % des parts de ce projet commun, tandis que Navitas en possède 65 %. La société britannique a annoncé son intention d’extraire 532 millions de barils de pétrole de ce champ, soit 312 millions de plus que les estimations précédentes. Une grande partie des réserves restantes pourrait également être exploitable dans le cadre de futurs développements.

Réaction de l’Argentine

Sous la présidence d’Alberto Fernández, l’ancien chef de l’État argentin, le gouvernement a porté plainte contre la société pétrolière israélienne Navitas Petroleum, l’accusant d’activités illégales sur le plateau continental argentin. Dans une tribune publiée par le journal AM 750, l’analyste politique argentin, José Cruz Campagnoli, a vivement critiqué l’octroi de permis jugés illégaux par le gouvernement local des îles Malouines, qu’il qualifie de « gouvernement illégal de Kelper ». Il a rappelé que le ministère argentin de l’Énergie avait interdit, dès 2022, les activités de la société Navitas.

Il a également dénoncé le silence du gouvernement de Javier Milei, président de droite de l’Argentine, sur la scène internationale, y voyant un signe de complicité avec les puissances étrangères dans la violation de la souveraineté nationale.

Une nouvelle opportunité pour récupérer les Malouines ?

Un autre sujet a récemment abordé en Argentine : la décision du Royaume-Uni de restituer l’archipel des Chagos à l’île Maurice. Pour l’opposition argentine, cette démarche constitue un précédent juridique pouvant renforcer la revendication de souveraineté sur les Malouines.

L’ancien secrétaire aux Affaires des Malouines, Guillermo Carmona, estime que la décision britannique prouve l’efficacité d’une pression diplomatique constante. Selon lui, « cette évolution montre qu’une stratégie de fermeté peut faire reculer le Royaume-Uni ». Il regrette toutefois que le gouvernement de Javier Milei n’ait pas suivi cette voie, et l’accuse d’avoir affaibli la position de l’Argentine en reprenant les arguments adverses et en signant des accords contraires aux intérêts du pays.

Récapitulatif

Les îles Malouines ont été occupées par le Royaume-Uni en 1833, en pleine expansion coloniale. Aujourd’hui, Londres continue de s’appuyer sur sa souveraineté revendiquée sur l’archipel pour revendiquer également une large portion de l’Antarctique et des zones de pêche environnantes. Par l’exploitation des ressources pétrolières et gazières dans les eaux autour des îles, le Royaume-Uni renforce ainsi sa domination de type colonial.

Le Royaume-Uni a toujours insisté sur le caractère non négociable de sa souveraineté sur les îles, qu’il appelle Falkland, en s’appuyant sur le droit à l’autodétermination des 3 500 habitants de l’archipel.

Lors du référendum de 2013, 99,8 % des votants — majoritairement des citoyens britanniques — se sont prononcés en faveur du maintien sous souveraineté du Royaume-Uni. Pourtant, l’Argentine, qui considère ces îles comme faisant historiquement partie de son territoire, continue de revendiquer leur restitution par des moyens diplomatiques et juridiques. Une position d’autant plus affirmée que la situation stratégique et les ressources énergétiques des Malouines en font un point névralgique des enjeux géopolitiques actuels.

Lors du référendum de 2013, 99,8 % des électeurs — en grande majorité des citoyens britanniques — ont voté pour rester sous souveraineté britannique. Malgré ce résultat, l’Argentine continue de revendiquer les îles, qu’elle considère comme une partie historique de son territoire, et cherche à les récupérer par des voies diplomatiques et juridiques. D’autant que la position stratégique des Malouines et leurs ressources énergétiques en font un enjeu majeur dans les rivalités géopolitiques d’aujourd’hui.