Pourquoi Washington craint-il les BRICS ?
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Pars Today – Alors que les BRICS ne cessent de se renforcer et de s’élargir à des pays clés du Sud global, les États-Unis tirent la sonnette d’alarme. Washington ne voit plus ce groupe comme une simple alliance économique, mais désormais comme une menace pour l’ordre mondial qu’il dirige.
(last modified 2025-09-23T14:02:13+00:00 )
Jul 09, 2025 11:39 UTC
  • Pourquoi Washington craint-il les BRICS ?

Pars Today – Alors que les BRICS ne cessent de se renforcer et de s’élargir à des pays clés du Sud global, les États-Unis tirent la sonnette d’alarme. Washington ne voit plus ce groupe comme une simple alliance économique, mais désormais comme une menace pour l’ordre mondial qu’il dirige.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré que le président américain, Donald Trump, était déterminé à faire en sorte que les États-Unis soient traités équitablement sur la scène internationale. Elle a souligné que, selon lui, les BRICS cherchaient à affaiblir les intérêts de Washington et qu’il était prêt à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher d’autres pays de profiter des États-Unis et de leur population.

Le président américain a écrit sur son réseau social, Truth Social :

« Tout pays qui s’alignera sur les politiques anti-américaines des membres des BRICS sera soumis à un tarif douanier supplémentaire de 10 %. Il n’y aura aucune exception à cette règle. Merci de votre attention à ce sujet ! »

Les déclarations de la porte-parole de la Maison Blanche et le message du président américain traduisent en réalité l’inquiétude profonde de Washington face à l’émergence d’un nouvel ordre mondial multipolaire. Un ordre qui ne se plie plus aux règles unilatérales des puissances occidentales, en particulier des États-Unis, et qui cherche à redéfinir les équilibres globaux en donnant enfin la parole aux peuples longtemps ignorés.

Mais pourquoi les États-Unis s’inquiètent-ils ? Depuis des décennies, l’ordre mondial est dominé par le système financier et politique américain, obligeant les pays plus petits à évoluer dans les cadres définis par Washington.

Dans ce contexte, l’émergence d’organisations comme les BRICS, dont les fondements reposent sur une indépendance politique et économique vis-à-vis de l’influence américaine, constitue une remise en cause naturelle de l’hégémonie des États-Unis — ce qui provoque une réaction ferme de Washington.

Les récentes réactions de Trump face à l’essor des BRICS ne traduisent pas une position de force, mais révèlent une crainte profonde : celle de l’effondrement de l’ordre unipolaire au profit d’un monde multipolaire, dans lequel les pays ne seraient plus contraints de se soumettre à la volonté des États-Unis.

Dans cette dynamique, les BRICS — initialement composés du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud — se transforment aujourd’hui en un bloc géopolitique d’influence croissante. D’un côté, ce groupe, en s’attaquant à la domination du dollar, en appelant à une réforme du système onusien, en créant des institutions financières indépendantes comme la Nouvelle Banque de Développement (NDB), et en promouvant la coopération Sud-Sud, propose de fait une alternative crédible aux institutions traditionnelles dominées par l’Occident, telles que le FMI et la Banque mondiale.

D’un autre côté, les États-Unis, qui pendant des années ont profité du privilège du dollar et d’outils comme les sanctions, les tarifs douaniers et les menaces pour orienter les échanges mondiaux à leur avantage, se trouvent désormais confrontés à un obstacle majeur avec la montée en puissance des BRICS.

L’ampleur croissante des BRICS est une autre source d’inquiétude pour Washington. En effet, l’augmentation du nombre de membres — notamment l’entrée de pays disposant de vastes ressources énergétiques et d’un poids géopolitique stratégique — pourrait renforcer considérablement la capacité de négociation des BRICS au sein des institutions internationales.

Par ailleurs, les revendications des BRICS en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU et d’une révision du système de vote mondial représentent une menace directe pour la domination traditionnelle des États-Unis et de leurs alliés au sein des organisations internationales.

Alors que les États-Unis continuent de défendre les principes du libéralisme économique centrés sur leur propre modèle, les BRICS soulignent que l’ordre mondial actuel est hérité de l’après-Seconde Guerre mondiale et qu’il ne répond plus aux besoins d’une grande partie des pays du monde.

Cette vision s’oppose à celle de Donald Trump et du courant politique qui le soutient, selon lesquels les États-Unis doivent placer leurs intérêts au-dessus de tout accord ou cadre international. Pour l’administration Trump, les BRICS ne constituent pas simplement une alliance économique indépendante, mais bien une structure antagoniste, conçue pour affaiblir les États-Unis.

En réalité, la position hostile des États-Unis à l’égard des BRICS découle d’une véritable inquiétude quant à l’avenir de l’ordre international. Un monde qui, autrefois, reposait exclusivement sur les épaules de l’Occident se trouve désormais confronté à de nouveaux équilibres, plus diversifiés et plus équilibrés.

En réalité, l’attitude hostile des États-Unis envers les BRICS reflète une inquiétude profonde quant à l’évolution de l’ordre mondial. Un ordre qui, autrefois, reposait uniquement sur les fondations de l’Occident, est désormais confronté à l’émergence de nouvelles forces plus équilibrées et représentatives.

Cela dit, tant que l’approche conflictuelle dominera la politique étrangère à Washington, toute tentative de construire un ordre mondial plus juste se heurtera à une forte résistance.

Dans cette optique, il est peut-être temps pour Washington de cesser de craindre la montée en puissance des autres et de repenser sa place dans le nouvel ordre mondial — un ordre qui ne sera plus dominé par une seule puissance, mais fondé sur l’équilibre et la coopération entre les nations.