Aug 20, 2021 12:08 UTC
  • Les opportunités de l'Iran à l’OCS

La nouvelle de la levée des barrières politiques à l'adhésion officielle de l'Iran à l’OCS marque une nouvelle étape dans sa coopération avec les pays de la région.

Le tweet du secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de la République islamique d'Iran, Ali Shamkhani, concernant l'adhésion de l'Iran à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est un signal important en ce début du 13e gouvernement.

Cela se produit à un moment où de nombreux changements ont eu lieu dans la politique étrangère et la question de sécurité de l'Iran : du règne des talibans en Afghanistan aux négociations entre l'Iran et les pays membres du groupe BRICS pour relancer l’accord nucléaire, qui pourrait avoir un impact particulier sur ces développements.

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L'adhésion à part entière de l'Iran à l'OCS, en tant que première organisation internationale après la Révolution islamique, offre à Téhéran de manière de nouvelles opportunités, notamment dans le domaine de la sécurité et de la coopération internationale.

L'OCS est une organisation régionale de coopération multilatérale dans les domaines politique et sécuritaire, qui date des années 90. Elle est l'une des rares organisations à caractère sécuritaire et militaire à laquelle la « sphère de civilisation anglo-saxonne » n'a pas accès. La demande d'adhésion des États-Unis en 2005 a également été rejetée par les États membres.

L'accent mis sur la préservation et la stabilité des frontières, ainsi que sur la souveraineté nationale des nations, est un autre élément qui va complètement à rebours de la politique unilatérale américaine.

L'OCS est l'une des rares institutions internationales capables de résister à la politique unilatérale des États-Unis. Un exemple en est la demande officielle aux États-Unis de se retirer d'une base militaire dans la région de la vallée de Ferghana en Ouzbékistan en 2005.

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Le Kirghizistan a également appelé au retrait des Américains de la base aérienne K2 suite à l'officialisation de l'OCS. Bien sûr, l'Organisation de Shanghai a souligné à plusieurs reprises qu'elle ne cherche pas à contrer les intérêts d'aucun pays dans le monde et qu’elle ne poursuit que le développement de la coopération multilatérale pour maintenir la sécurité. Cependant, le fait est que l'axe de la Russie et de la Chine va en quelque sorte vers une confrontation avec les États-Unis.

De tels changements affectent également l'attitude des fondateurs de l'Accord de Shanghai. D'autant plus que les membres de cette organisation possèdent environ un tiers des terres de la planète et qu'environ 42% de la population mondiale vit dans les Etats membres.

Sur le plan économique, les membres de l'OCS détiennent environ 25 % du produit intérieur brut mondial et, avec le temps, il est probable que deux des cinq premières puissances économiques mondiales seront membres de l'organisation. Parmi les puissances nucléaires figurent quatre puissances mondiales : la Russie, la Chine, l'Inde et le Pakistan. La Chine et la Russie, deux des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, sont également des piliers clés du traité, ce qui suffit à tout observateur pour comprendre pourquoi l'OCS est plus importante qu'une organisation de sécurité régionale.

 

L’Iran, de membre observateur à membre permanent

L'Iran cherche à devenir membre à part entière de l'Accord de Shanghai depuis environ 2005. Au fil des années, plusieurs raisons ont conduit à l'achèvement de cet objectif. L’opposition de certains États membres à l'adhésion de l'Iran au traité, ainsi que les sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU, ont été les obstacles les plus importants à l'adhésion à part entière de l'Iran.

Par exemple, le Premier ministre russe de l'époque, Vladimir Poutine, a déclaré que toute sanction du Conseil de sécurité de l'ONU était un obstacle à l'adhésion à l’OCS, ce qui était en fait un message indirect à l'Iran.

Cependant, ces obstacles ont progressivement été levés les uns après les autres. Par exemple, après les négociations auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et l'adoption de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU, la question des sanctions du Conseil de sécurité a été résolue. Aussi, la présence de l'Iran comme un allié dans la lutte contre le terrorisme, a été reconnue au cours des dernières années.

Le point important de l'adhésion de l'Iran à l'Accord de Shanghai est l'ouverture d'une nouvelle voie de coopération en matière de sécurité sous la forme d'un accord de sécurité collective. Auparavant, l'Iran avait déjà souhaité devenir membre du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP), ce qui n'a pas été accepté en raison de l'opposition des pays arabes. En outre, l'Iran dispose d'un large éventail de capacités qui peuvent être utilisées en coopération étendue avec l'OCS. L'Iran est pratiquement situé dans le corridor nord-sud et ouest-est.

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De nombreux pays ont ces dernières années tenté de remplacer l'Iran d'une manière ou d'une autre dans la région de l'Asie de l’Ouest, mais il reste toujours le corridor le plus important pour traverser la région vers l'Asie. Cela s'ajoute à la capacité importante de l'Iran dans le domaine de l'énergie. Selon les statistiques disponibles, l'Iran possède les plus grandes réserves de pétrole et de gaz au monde, dont la Chine et l'Inde ont grandement besoin en tant que deux membres importants de l'Accord de Shanghai.

L'Iran a également des alliances stratégiques avec ces deux pays. Ces relations stratégiques peuvent être combinées avec la coopération sécuritaire de l'Accord de Shanghai en tant que complément spécial à la politique asiatique « regard vers l'Est » de l'Iran.

Naturellement, certains s'attendent à ce que l'adhésion de l'Iran à cet accord puisse rapidement entraîner une reprise économique dans le domaine du commerce extérieur de l'Iran, mais la réalité est que cette voie n'est qu'un début. Pour accroître l'utilisation par l'Iran de cette opportunité importante, en particulier l'augmentation de la coopération économique avec les pays membres, un long chemin est nécessaire, qui doit s'accompagner d'importants investissements dans le pays.

L'existence d'un document de coopération Iran-Chine de 25 ans devrait servir de complément à cet accord. En outre, il ne faut pas oublier que l'Iran a été l'ennemi le plus important du terrorisme takfiriste au fil des ans.

Le soutien de l'Iran aux gouvernements nationaux en Irak et en Syrie a montré que Téhéran est la seule puissance cherchant à contrer l'extrémisme, tandis que d'autres pays ont cherché à utiliser des groupes terroristes en faveur de leurs objectifs.

Il reste à voir comment à l'avenir l'Iran et les États membres du traité trouveront un mécanisme pour parvenir à une coopération conjointe.

 

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