L'Iran vote massivement "Résistance"
Avec ses meilleures armes médiatiques, ses réseaux sociaux tentaculaires liés à ses services secrets et ses milliers d'agents reconvertis en journalistes dont quelque 500 se trouvent toujours en Iran, l'Empire US ne saura renier ce qui s'est passé le vendredi 19 juin en Iran : le peuple iranien s'est affirmé comme partie prenante de la Résistance.
Trois des 4 candidats au 13e scrutin présidentiel qui, de prolongation en prolongation, a duré 18 heures d'affilée, tant a été grande la foule de quelque 59 millions d'électeurs appelés aux urnes, appartiennent à la "ligne dure". Dans le jargon médiatique de l'Empire, la "ligne dure" veut dire "diamétralement opposée au maximalisme, à l'expansionnisme" d'un axe US/Sionisme qui a fait par exemple que la France devienne sans réellement comprendre pourquoi la "tête de pont" de la guerre américaine contre la Russie, alors même que Biden vient de s'entendre royalement avec Poutine à Genève.
Le ministre français des Affaires étrangères, Le Drian, trouve soudainement opportun de "juger possible une frappe nucléaire russe en Europe". Évidemment ce jugement n'est pas celui d'une majeure partie des Français qui, tiraillée entre diverses crises socio-économiques, n'a rien à faire de la "dissuasion nucléaire" - épouvantail destiné à placer davantage leur continent sous la férule US/Israël -, mais celui de l'axe US/Israël qui cherche à vicier les réels besoins des sociétés entières, quitte à leur imposer son propre calendrier pour mieux les dépouiller, les manipuler, les exploiter.
Le vendredi 18 juin, une majorité d'Iraniens a dit un grand "NON" à ce modus operandi colonialiste qui à travers un système néolibéral en banqueroute continue à ronger une bonne partie de la planète. Ce "NON", les Iraniens l'affirment pour la 42e année consécutive, alors même qu'Israël vient de sortir "agonisant" de 11 jours de bataille balistique folle et que l'Amérique, au bout de 4 ans de Trump et 6 mois de Biden, voit tour à tour son Armée de terre au Moyen Orient, repartie qu'elle est, à travers 150 bases terrestres, devenir "l'otage" de l'axe de la Résistance, sa puissante US Air Force si superbement grossie à coup des milliards de dollars, à l'effet de détruire les pays entiers du "Moyen Orient élargi", et se dégonfler face "aux petits drones iraniens".
Les trois candidats "ultra conservateurs" totalisent à eux seuls plus de 90% des voix pour un taux de participation frôlant les 54% et c'est Ebrahim Raïssi, le "plus ultraconservateur de tous" qui a gagné, à en juger les résultats des premiers dépouillements qui le donnent accrédité de plus de 17.8 millions de voix sur un total de 28 millions.
Et bien ceci renverse tous les calculs d'un Empire qui a usé et abusé des "plus dures sanctions de l'Histoire" contre les Iraniens, de "menaces, clashs militaires", d'assassinats de haut commandants militaires, de savants nucléaires, d'attaques contre pétroliers, cyberattaques,... Et tout ceci, sur fond d'une campagne médiatique hystérique criant à tue-tête: "L'Iran est sur le point de capituler". Et bien non, l'Iran n'a pas capitulé et ne capitulera pas !
Aux négociations nucléaires, puisque c'est là le point de focalisation du camp d'en face, c'est cette "voix dure" qui parlera désormais : non pas tant pour couper le dialogue avec le reste du monde, mais pour ne plus permettre qu'une puissance en déclin comme l'Amérique, ose signer un document international reconnu (PGAC) puis le déchirer et ce, au mépris de ses propres alliés et surtout à leurs dépens. Cette "ligne dure", les Iraniens l'ont adoptée pas uniquement pour eux-mêmes, mais pour les peuples de la Résistance qui en Palestine, en Irak, en Syrie, au Yémen et au Liban ont prouvé au reste de la planète que l'Empire n'est plus et que chaque Etat-nation peut devenir le maître de son destin et qu'il n'existe aucune fatalité.
Vendredi un dernier reportage de France 24 sur l'Iran débutait en ces termes: "En Iran, les bureaux de vote accueillent depuis vendredi matin les Iraniens, appelés à élire le successeur de Hassan Rohani à la présidence. Les premières tendances données par les médias iraniens conservateurs laissent présager un taux d'abstention inédit. L'ouverture des bureaux de vote a même été prolongée jusqu'à 2 h du matin." C'est dire à quel point les Iraniens ont faussé le jeu et ont pris de court le camp d'en face qui, à l'heure qu'il est, devrait se demander s'il est opportun ou pas de s'obstiner à inclure les "missiles iraniens" au dialogue ou parler encore du "rôle déstabilisateur d'une nation".
Or ce "sécuritisme" est tout ce qu'il y a de plus opposé à la Résistance : quand le premier désunit, atomise et anéantit, le second rassemble et unit, ravive.
Le "sécuritisme sioniste" a échoué en mai 2021 face à Gaza comme il avait échoué en 2006 dans le sud du Liban, et comme il ne cesse d'échouer depuis 10 ans en Syrie à travers sa campagne de guerre dans la guerre. A propos, la chaîne libanaise Al-Mayadeen a diffusé, vendredi soir, alors même que les Iraniens glissaient leurs derniers bulletins de vote dans les urnes, une émission spéciale se concentrant sur la façon "anxieuse" dont Israël couvrait la présidentielle iranienne. Le journaliste a tenté de faire un lien de cause à effet entre cette anxiété et la "fameuse bombe iranienne" que Naftali Bennett dit ne pas tolérer tout comme son prédécesseur.
Il y en a qui dirait que cette affaire "nucléaire" n'est qu'un prétexte et que ce que l'entité sioniste suivait avec anxiété était ceci : la fin du "sécuristime" face à la Résistance.