Oct 23, 2022 18:14 UTC

Les principaux titres de la rédaction

  • L’inauguration du pont sur la Cross river annoncée pour le 3 novembre 2022 reliant le Nigeria et le Cameroun
  • Développement des compétences en numérique : un hub africain s’installe au Sénégal
  • RDC : Félix Tshisekedi en « mission d’État » en Tanzanie
  • Niger : création d’une assurance dédiée aux agriculteurs

Les analyses de la rédaction 

1. Bamako met en garde les États-Unis  

Sacré colonel Maïga ! Il y a quelques jours l’Américaine la plus anti-Russie du monde, femme par qui est venue en partie la guerre fratricide inter-slave Ukraine/Russie débarquait à Bamako où elle a eu pour mission de voler au secours d’une France mise à la porte du Mali, une France à laquelle l’État malien demande désormais et en pleine ONU des comptes sur près d’une décennie de crimes de guerre qu’elle a commis en territoires maliens au nom de la lutte contre le terrorisme. De cette visite qui intervient, disons-le, à l’un des moments charnières des relations Mali/Russie marqué par un net rapprochement politique et militaire Moscou/Bamako, rapprochement qu’illustre entre autres les frappes aériennes puissantes et croissantes de l’armée de l’air malienne remise en état par la Russie, les médias africains disent ceci :

« En visite au Mali pour recueillir l’avis des autorités maliennes dans le cadre du changement de stratégie de son pays dans le Sahel, la sous-secrétaire d’État aux affaires politiques américaines, Mme l’ambassadrice Victoria Nuland, a été reçue par le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, en présence du ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le colonel Sadio Camara, et du ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale, le colonel-major Ismaël Wagué. Une occasion pour le chef du gouvernement de la transition de saluer vivement cette démarche "pédagogique" des États-Unis d’Amérique, tout en les invitant à intégrer dans leur nouvelle stratégie, tout le traumatisme vécu par la population de ce pays du Sahel, en dix années de conflit. »

Et ces mêmes médias d’ajouter : « La sous-secrétaire d’État américaine n’a pas manqué de rassurer que son pays et le Mali ont les mêmes objectifs, notamment sur la mission de la transition ». « Nous voulons un Mali souverain, prospère, sécurisé et démocratique. »

Que cherche Nulland au Mali ? Rien qu’à en juger ses propos tenus en présence de hauts commandants maliens, elle cherche une fenêtre par où s’infiltrer dans les affaires intérieures maliennes, et y ouvrir une brèche sans nul doute anti-russe maintenant que l’État-nation malien a réussi à mettre à la porte la puissance d’occupation française et à l’humilier au point de lui demander des comptes en plein Conseil de sécurité où la France parfaitement en posture de défense n’a d’autres choix que de reporter de réunion en réunion cet inévitable face-à-face.

En effet quand l’Américaine Nulland parle d’un Mali « souverain, prospère, et démocratique », cela veut dire très clairement un Mali où l’ex-puissance coloniale française serait totalement remplacée par les États-Unis dont les prétentions démocratiques aussi ridicules soient-elles et ce, rien qu’au regard de terrifiantes violences policières anti-afro-américaines, dictent la marche à suivre. Ce Mali américanisé que Nulland s’imagine n’aurait évidemment pas le droit d’entretenir de bonnes relations avec la Russie ou d’autres puissances de l’Est puisque les Yankees se croient l’unique boussole démocratique au monde et que le reste leur paraît systématiquement des dictatures.

Juste avant que la diplomate ne rencontre Maïga, l’ambassade US avait d’ailleurs débloqué une assistance pécuniaire en direction de Bamako en espérant évidemment de s’acheter les faveurs de l’État malien. Quelque 148,5 millions de dollars, cela a été le montant d’un accord de financement débloqué à partir de cette machine, chose qui traîne le nom d’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et qui n’est autre qu’une trappe financière pour endetter les pays africains envers les Yankees. Mais ce montant a-t-il suffi à ébranler la volonté des Maliens de reprendre eux-mêmes leur destin entre les mains et de remettre à leur place les puissances otaniennes qui cherchent éperdument à déplacer l’épicentre de leur guerre perdue en Ukraine au Sahel ? Voyons ce que le PM Maïga a répondu à Nulland : 

« Le chef du gouvernement de la transition de saluer vivement cette démarche “pédagogique” des États-Unis d’Amérique », ou ce qui revient à dire que le colonel a d’emblée confiné Nulland dans le cadre de sa mission qui devrait rester comme elle le prétend pédagogique ! En fait cet avertissement, le colonel Maïga continue à le lancer dans la suite de ses propos à l’adresse de Yankee quand celui-ci, parfaitement arrogante, se permet de dire, « nous voulons un Mali souverain, prospère sécurisé démocratique ».

La source africaine ajoute : « Le colonel Abdoulaye Maïga a souligné à son hôte du jour que “le retour à l’ordre constitutionnel demeure l’objectif majeur des autorités de la Transition. Voilà pourquoi nous avons engagé des réformes prioritaires avant d’organiser les élections. Il s’agit de l’adoption d’une nouvelle loi électorale, de la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections et de la rédaction de l’avant-projet de la constitution. Mais encore une fois, il n’a pas manqué de rappeler à la délégation américaine les principes fondamentaux qui guident désormais l’action publique au Mali en matière de partenariat avec les autres États. Il s’agit notamment du respect de la souveraineté du Mali, du respect des choix stratégiques du Mali et de la prise en compte des intérêts du peuple malien.”

Peut-on être plus clair là-dessus ? Franchement non. Le colonel Maïga met littéralement en garde l’Américaine contre toute ingérence US dans les affaires intérieures du Mali, et ce, à tous les niveaux soit la politique militaire, la politique étrangère, l’économie, la nouvelle constitution. Ou ce qui revient au même, si les États-Unis croient pouvoir fourrer leur nez dans la stratégie de combat anti-terroriste que Bamako a adopté et ce dans l’objectif de ramener les efforts de ces dernières semaines soit la sécurisation des pans entiers du pays, la remise en état des forces populaires, la militarisation de la police à l’effet de les aider, qu’ils se détrompent. Le Mali que Goïta a ressuscité à l’aide des millions de Maliens ne transige plus ni sur sa souveraineté ni son intégrité territoriale ni sur son destin souverain…

Des principes définis, selon lui, par le Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, pour réorienter la collaboration de la République du Mali avec les autres pays.

2. La RDC s’alliera avec la Russie 

Après le Mali quel est le pays africain le plus ciblé par une guerre hybride made in Occident ? La RD Congo. Alors même que le président Tshisekedi se trouve en visite d’État d’une semaine en Tanzanie, où il devra s’entretenir avec son homologue tanzanien du commerce, de la sécurité, de la défense, de l’immigration, des investissements mutuels et d’autres infrastructures portuaires, soit de tous les secteurs stratégiques où l’Occident convoite la RDC et ses infinis potentiels et pour lesquels il cherche en ce moment même et à l’aide des rebelles de M23 et évidemment le Rwanda à séparer pour la énième fois depuis 20 ans la richissime province d’Iturie, l’Occident continue à avoir peur d’un rapprochement militaire Russie/RDC.

La crainte des Occidentaux fait suite évidemment à cette propension irréversible des États africains de tourner le dos aux puissances occidentales qui ne leur veulent que du mal pour se tourner vers la Russie, propension qui ne cesse de s’intensifier très paradoxalement à mesure que la guerre en Ukraine prend la forme d’un fiasco occidental et surtout depuis que la RCA et le Mali se sont noués des liens avec Moscou avec des résultats largement satisfaisants qu’on connaît. La RDC va-t-elle finir à en faire autant ? Le président congolais qui a fait très béatement confiance aux Américains il y a trois ans de cela quand il s’était rendu en première visite d’État aux États-Unis, quitte même à signer des accords militaires avec les Yankees et à ouvrir les portes du lac Kivu aux agents US déguisés en conseillers militaires, a cru bon d’afficher il y a deux jours un déni total lors d’une interview avec Financial Time qui, fidèle à la manière occidentale a tenté de lui tendre un piège. Et pourtant tout porte à croire que le virage pro-russe de Kinshasa est sur le point de se faire, et ce en fonction de la complication de la guerre que l’Occident mène contre la RDC

Certes à la question de savoir si la RDC prévoyait de recourir aux services des « mercenaires russes » pour intensifier les combats contre les M23, rébellion pro-Rwanda et partant pro-Occident qui occupe la cité congolaise de Bunagana depuis 4 mois, Tshisekedi a répondu  : « C’est à la mode »  mais « le Congo n’a pas besoin d’utiliser des mercenaires. La RDC va s’appuyer sur sa propre armée pour combattre les milices, et je ne sais même pas où trouver ces mercenaires» . Mais la réponse est bien loin de rassurer l’Occident. Surtout quand Tshisekedi a poursuivi : « Il est normal de garder le dialogue ouvert avec la Russie, à l’instar du Président français, Emmanuel Macron, qui a maintenu le contact avec le russe Poutine après l’invasion de l’Ukraine par Moscou », a dit très significativement Félix Tshisekedi qui a aussitôt rappelé que RDCongo, le deuxième plus grand pays de l’Afrique est indépendant et souverain autant que la Belgique et la France ou ce que revient au même la RDC n’a pas à répondre de ses prises de décisions souveraines : « Nous sommes un pays indépendant, respectueux des conventions internationales et, croyez-moi, nous n’allons pas utiliser une milice pour soutenir nos actions. »

 

Une pareille réponse est évidemment particulièrement bien orientée dans la mesure où elle affirme que le président de l’État congolais a entièrement confiance en la capacité de son armée à défendre l’intégrité territoriale et les richesses du Congo, mais laisse ouverte la porte à une autre interprétation si on s’intéresse de plus près au mot « milice ». En effet la RDC ne pourrait pas faire appel à Wagner, mais comme l’a dit au mois de septembre Poutine, être disposée à se procurer des armes russes, des conseils militaires russes dans la région des Grands Lacs d’autant plus que son ministre de la Défense nationale et anciens combattants Gilbert Kabanda Kurhenga l’ont très clairement souligné en marge de la 10e Conférence sur la sécurité internationale tenue du 15 au 18 août dernier à Moscou, avec le vice-ministre russe de la Défense, Alexander Fomin, autour de la possibilité pour la Russie de fournir des équipements militaires modernes à la RDC.

D’ailleurs la suite de la réponse du président aux journalistes occidentaux qui s’autorisaient à interroger le président sur le pourquoi de la visite de son ministre des AE  en Russie est bien explicite là-dessus : « Nous sommes un pays indépendant, respectueux des conventions internationales », a dit le président, une indépendance qui permet entièrement à Kinshasa de choisir ses partenaires et qui a provoqué en juillet un épisode bien fameux, celui qui a vu des milliers de Congolais mettre à la porte de Goma et de Butembo la Monusco, cette arme de déstabilisation massive que les Occidentaux ont maquillée par des couleurs de l’ONU, mais qui pendant des années de son existence n’a fait que semer la guerre et la famine dans la région des Grands Lacs. »

Évidemment les Congolais ont parfaitement compris que c’est à l’expulsion de la Monusco que l’Occident a répondu en activant l’axe Rwanda-M23, mais ils semblent cette fois déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique anti-ingérence occidentale et le président Félix semble l’avoir compris, lui qui espère être réélu en 2023. D’où sans doute sa visite en Tanzanie l’un des pays les plus pro-Est de l’Afrique centrale où il parlera défense et sécurité aussi.

C’est d’ailleurs en fonction de ce rapprochement que l’Occident continue à complexifier la guerre hybride contre la RDC et à s’y obstiner. Ce jeudi l’Église congolaise traditionnellement proche de l’Occident vient de mettre en garde contre un conflit ethnique à venir dans le territoire de Kwamouth sur fond d’articles assassins que publie depuis 48 heures la presse occidentale sur une supposée affaire de corruption à la tête de Congo Airways qui dixit cette presse toucherait le ministère de l’Économie… Or, c’est via des coalitions militaires gagnant-gagnant que ce genre de guerre hybride pourrait être gagnée… Mêmes les Russes n’y ont pas échappé, eux qui se sont liés en Ukraine avec les Iraniens.

3. Que fait la France au Tchad ? 

De nombreuses arrestations et disparitions sont signalées après les manifestations qui ont fait une cinquantaine de morts dans le pays.  Après la mort ce jeudi 20 octobre, d’une cinquantaine de militants opposés à la transition, c’est l’inquiétude dans plusieurs familles. Que se passe-t-il au Tchad ? Nous avons interrogé à ce sujet Daouda Emile Ouedraogo, journaliste et coordonnateur international de l’ONG « Stand for Life and Liberty », afin d’en savoir plus sur la situation au Tchad.

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