Nov 03, 2022 17:22 UTC

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Analyses de la rédaction :

1- Sénégal/Mali, une nouvelle alliance ?

En été 2021, soit au plus fort des sanctions que les puissances occidentales ont imposées par la Cedeao au Mali alors victime de pandémie de COVID-19, qu’est-ce qui a le plus gêné ces mêmes puissances à travers les liens Sénégal/Mali ? C’est de la réponse de cette question qui dépend entièrement l’autopsie de ce curieux rapport qui fait depuis quelques heures le tour des médias mainstream qui le diffusent avec une délectation inouïe. Que dit ce rapport ? Plusieurs tonnes de cocaïne auraient été saisies à la douane alors qu’ils quittaient le Mali pour le Sénégal. RFI écrit : 

300 kg de cocaïne ont été saisis au Sénégal à bord d’un véhicule en provenance du Mali, le 29 octobre 2022. 

C’est à Kidira, ville frontière et poste stratégique entre le Mali et le Sénégal, que les douaniers sénégalais ont intercepté un camion frigorifique. Les 300 kilos de cocaïne étaient dissimulés dans un double-fond dans le véhicule. Le chauffeur du camion et son assistant ont été appréhendés après la pesée du chargement. Des devises de nombreux pays de la sous-région – francs CFA, francs guinéens, mais également des dollars – ont été retrouvés sur eux.

Et RFI d’ajouter : 

« Dans un communiqué diffusé dimanche 30 octobre, au lendemain de la saisie, les douanes ont indiqué que le véhicule, parti de Bamako, devait rejoindre Dakar et sans doute le port de la capitale, un maillon essentiel pour ravitailler le Mali ».

À quoi riment très exactement ce convoi et cette information ? Eh bien, tout bonnement à remettre en cause cette liaison routière ultra-stratégique qui relie Bamako à Dakar et qui pendant toute la période qui ont duré les sanctions de la Cedeao contre le Mali a tournée à plein régime faisant de cet embargo insane et inhumain l’un des pires échecs de toute l’histoire des sanctions occidentales contre les États indépendants qui savent dire non à l’Occident colonialiste ! La suite de l’information confirme d’ailleurs parfaitement cette analyse, qui se veut alarmante sur un supposé narcotrafic qui exige pour être maîtrisé davantage de restrictions ! : 

« L’Afrique de l’Ouest de plus en plus touchée par le trafic de drogue »

La brigade commerciale des douanes de Kidira, qui a effectué cette saisie, estime la valeur de la drogue à 24 milliards de francs CFA, soit 37 millions d’euros. « Il s’agit de la plus grosse saisie de cocaïne par voie terrestre jamais réalisée » au Sénégal, indique le communiqué des douanes.

Fait rarissime, c’est aussi la première fois que les douanes effectuent une saisie aussi importante dans le sens Mali-Sénégal. Les routes habituelles du trafic de drogue se font plutôt dans l’autre sens, vers le Mali, vers le nord du continent.

Mais qui a l’intérêt à ce que des axes routiers stratégiques qui relient le Sahel au Sénégal en particulier et à la côte en général transitent de la drogue au lieu des produits stratégiques ? La réponse est claire : les parties qui ont perdu la bataille des sanctions contre le Mali pour cause de la solidarité extraordinaire interafricaine ou ce qui revient au même de cette alliance interafricaine anti sanction qui a poussé l’Occident à la chérie du leste. C’est d’autant plus évident qu’au cours du récent sommet pour la paix et la sécurité de Dakar les deux parties ont encore évoqué cette liaison routière stratégique avant d’aller plus loin.

Les médias ont ainsi rapporté : 

En marge de la 8e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop a été reçu, lundi 24 octobre, par le président sénégalais Macky Sall

Le ministre Diop était porteur au président sénégalais d’un message de « fraternité et d’amitié » du colonel Assimi Goïta président de la Transition. Le colonel Assimi Goïta « remercie le président Macky Sall pour son implication dans la solution des difficultés du Mali au niveau région et avec les partenaires du Mali », a confié Abdoulaye au micro de la télévision sénégalaise.

Aussi, le chef de la diplomatie malienne a évoqué le renforcement de l’intégration régionale et de coopération entre le Mali et le Sénégal notamment dans le cadre de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). « C’est la volonté du président Goïta de continuer à œuvrer main dans la main avec le Sénégal pour renforcer la coopération entre les deux pays », a affirmé Abdoulaye Diop.

Très curieux ! Car le problème de drogue qui à en croire RFI s’étend en Afrique de l’Ouest touche curieusement les pays de OMVS soit les quatre États côtiers que sont Sénégal Mali Guinée et Mauritanie ! Les Occidentaux ont-ils peur de voir la coalition anti sanction s’étendre encore pour inclure un aspect naval ? Après tout le Sénégal à tout ce qu’il faut pour assurer un corridor anti sanction au Mali qui pourrait très bientôt être suivi par un Bukina où les héritiers de Sankara prennent les rênes du pouvoir. Aux dernières nouvelles le capitaine Traoré veut se rendre pour une première tournée au Mali pays de son frère Goita...

2- L’axe Mali-Burkina avance de jour en jour dans ses plans anticolonialistes 

L’axe Mali-Burkina avance de jour en jour dans ses plans anticolonialiste et la crainte au sein de l’axe US-OTAN se fait de plus en plus sentir.

Le nouveau président de la Transition au Burkina Faso consacre sa première visite à l’extérieur de son pays au Mali. Selon des sources officielles, le capitaine Ibrahim Traoré a effectué une visite de travail, ce mercredi 2 novembre, à Bamako, pour quelques heures.

De leur côté, les nouvelles autorités misent sur la mobilisation populaire pour combattre les groupes armés terroristes au Burkina Faso. Deux campagnes ont été lancées pour le recrutement de 50 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP), supplétifs civils de l’armée.

Le projet des forces populaires déjà commencé au Moyen-Orient, et également déjà essayé au Burkina avec un grand succès a donc repris dans le nouveau gouvernement burkinabé.

Les forces populaires sont de retour, avis de tempête donc sur les agents des services secrets occidentaux...

Le nouveau chef burkinabé ne cesse d’ailleurs de souligner l’importance du renforcement des forces armées nationales.

« Les forces armées du Burkina Faso ont célébré, ce mardi 1er novembre 2022, le 62e anniversaire de leur création sous le thème : “Forces armées nationales et population : synergie pour la reconquête de l’intégrité du territoire national”. Dans son discours, le représentant du chef de l’État, le colonel major Kassoum Coulibaly, par ailleurs ministre d’État, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, a rappelé l’urgence pour les populations d’accompagner les forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, car, dit-il, “les forces armées nationales ont une obligation de résultat ».

Le Burkina Faso suit les marches de son voisin malien et quoi de mieux donc que de renforcer cette coalition interafricaine sur le plan militaire et d’exclure totalement Barkhane de cette partie du Sahel.

De plus, dans un entretien, dimanche 30 octobre au soir, sur la chaîne de télévision publique, deux jours après une manifestation contre la présence des forces françaises sur le sol burkinabé, le Premier ministre Apollinaire Kyelem de Tambela est revenu sur les relations entre son pays et la Russie.

Face aux appels incessants de certains groupes de manifestants - que l’on appelle ‘les marcheurs’ - de rompre la coopération avec la France pour se tourner vers Moscou, dans le cadre de la lutte antiterroriste, le Premier ministre n’exclut pas de réexaminer les rapports entre le Burkina Faso et ses partenaires.

Il estime que la défense du territoire incombe d’abord aux Burkinabés et que le meilleur soutien qu’ils puissent apporter au président de la Transition est de s’enrôler au niveau des volontaires pour la défense de la patrie, les supplétifs des forces armées.

Depuis le dernier coup d’État au Burkina Faso rien ne va dans le sens souhaité par l’axe US-OTAN. Les forces armées burkinabées ne cessent de mener des attaques antiterroristes sur le terrain, le dernier s’agissant d’une attaque dans la zone de Kongoussi située dans la province du Bam dans le Centre-nord du Burkina Faso causant la mort de 5 terroristes.

La coalition interafricaine se renforce et la panique au sein de l’axe USA-OTAN est à son apogée 

3- Éthiopie : Abiy Ahmed rejette les ingérences extérieures au conflit dans le Tigré

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ne s’était pas exprimé depuis plusieurs semaines sur la guerre dans le Tigré.

Mardi 1er novembre, au détour d’un reportage de la télévision publique chinoise, il a pour la première fois évoqué les négociations en cours en Afrique du Sud avec les autorités du Tigré, conduites par le parti TPLF.

Mais Abiy Ahmed n’a pas hésité de souligner que l’affaire du Tigré est une affaire entre Éthiopiens, dénonçant les ingérences de l’extérieur : « S’il y a beaucoup d’interventions de gauche et de droite, cela rend les choses difficiles. Les Éthiopiens devraient comprendre que nous pouvons résoudre nos problèmes par nous-mêmes. Et plutôt que d’écouter les choses venant de loin, il vaut mieux respecter nos propres lois, notre propre culture, nos propres coutumes. »

Plus d’analyse avec le géopoliticien Luc Michel.

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