Nov 12, 2022 16:19 UTC

Les titres de la rédaction : Mali : Assimi Goïta officiellement invité au Sommet Russie-Afrique

Tchad : les créanciers parviennent à un accord de principe sur la restructuration de la dette extérieure

Le Cameroun inaugure un échangeur sur un corridor qui le relie à la frontière Est du Nigeria

Cote d’Ivoire : la nouvelle aérogare de l’aéroport de San-Pedro annoncée pour le premier trimestre 2023

 

Les analyses de la rédaction :

Tchad : et si Déby suivait le « Hezbollah » ?

Dans son discours daté du 11 novembre, le secrétaire général du Hezbollah a évoqué l’Afrique et surtout l’Algérie à qui le Liban, largement soumis aux iniques sanctions occidentales, a demandé du fioul. Demande qu’Alger a accepté de bon cœur avant qu’il ne soit contré par les Yankees qui eux, tout en sanctionnant le Liban ont interdit sans honte à Beyrouth d’acheter du carburant, une interdiction qui s’explique par le fait que les Libanais soutiennent leur Hezbollah et sa force armée, car elle défend comme un rempart l’intégrité libanaise contre l’armée coloniale d’Israël. Et Nasrallah d’ajouter : « Au Liban, le Hezbollah souhaite voir au palais de la présidence, un président qui n’ait pas peur des puissances étrangères, qui refuse de suivre les ordres de Washington et des chancelleries européennes, bref un président patriote qui ne plante pas son couteau dans le dos de la Résistance pour avoir défendu le Liban. »

Ce discours est-il d’actualité au Sahel où un noyau pionnier d’États a commencé à changer les règles géopolitiques en cours en mettant à la porte ou en réduisant significativement la présence militaire France/OTAN quitte à s’opposer aux tenants du statu quo ? Tout au long du mois d’octobre, la presse mainstream s’est focalisé sur le « massacre du 20 octobre » à Ndjamena où suivant son récit, des dizaines de Tchadiens, venus manifester leur colère contre la transition et exiger par la même occasion le départ de la France du Tchad a été tué et blessé. Alors que les officiers de l’armée tchadienne parlaient au moment des faits « d’inconnus » ayant fait leur irruption dans la foule pour lui tirer dessus, la France et les instances inféodées régionales dont elle continue à tirer les ficelles ont accusé implicitement le « régime Déby ».

Cette version a été d’ailleurs régulièrement reprise par la presse atlantiste de façon à préparer l’opinion à des sanctions anti Deby. Aussi le choc aura été bien grand quand cette opinion a découvert dans le RFI de ce 12 novembre ceci : « Le Tchad échappe aux sanctions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine lors d’une session extraordinaire, vendredi 11 novembre, à Addis-Abeba. Les 15 membres devaient trancher sur un rapport accablant contre le pouvoir de transition, où le président de la Commission de l’organisation Moussa Faki demandait à sanctionner les autorités tchadiennes pour « sauvegarder un minimum de crédibilité » à son organisation et pour être « cohérent » avec les autres pays africains dans le même cas. Pas de consensus après plus de deux heures de débats sur la question : Moussa Faki n’a pas été suivi par les États membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA). »

Retraduisons : Procédant comme toujours et avec une nauséabonde hypocrisie propre à « diviser pour mieux régner », la France, vient d’éviter des « sanctions » au régime Deby face à qui elle est en pleine manœuvre de « bâton/carotte » tout en accusant en arrière-plan l’UA de mansuétude voire de complicité avec lui, quitte à provoquer davantage de méfiance des Africains contre cette instance et à les faire éloigner les uns des autres. Mais ce n’est pas tout : toujours le RFI du 12 novembre qui accorde une large couverture au Tchad évoque à deux autres reprises la tragédie du 20 octobre, une fois en culpabilisant un gouvernement tchadien qui a « détenu 600 Tchadiens depuis le 20 octobre »et une seconde fois pour dire qu’à la suite du massacre, Deby, apeuré, aurait procédé à un remaniement à la tête de « la gendarmerie et de la police ».

RFI écrit : « Grand chambardement au sein des forces de sécurité au Tchad. Jeudi et vendredi, coup sur coup, les patrons de la gendarmerie et de la police, ainsi que plusieurs adjoints, ont été remplacés. (…) Le pouvoir n’a pas encore expliqué ces nominations, mais difficile d’oublier qu’elles surviennent moins d’un mois après le bain de sang du 20 octobre. En tout cas, l’opposant Yaya Dillo, lui, n’hésite pas à faire un lien avec le drame. Selon le président du PSF, le directeur général de la police sortant, Moussa Haroun Tirgo, est écarté, car il aurait « refusé de cautionner la planification de la répression ».

Revenons à la thématique annoncée au début : quelle devrait être la réaction d’un président qui n’a pas peur d’une puissance coloniale séculaire qui maniant carotte et bâtons, le fait chanter et qu’on ne peut ne pas soupçonner d’être d’une façon ou d’une autre impliqué dans le massacre du 20 octobre, rien que pour pouvoir s’offrir la possibilité de mener le Tchad du bout de son nez, de le punir d’avoir « l’outrecuidance » de penser de temps à autre à changer d’horizon et à aller voir un peu à la manière des Maliens et des Guinéens voire même les Fasos, ailleurs surtout du côté russe ? Un président « courageux » tel que décrit par Nasrallah convoquerait à la minute, l’ambassadeur de France à Ndjamena lui exigeant des explications sur cette « duplicité » et cette attitude parfaitement malsaine de tirer à hue et à dia laquelle attitude tend à déstabiliser le Tchad, à diviser les Tchadiens, à leur faire oublier que la cible à abattre, ce n’est peut-être pas la transition en soi, mais la puissance qui l’a causée, et ce, dans le strict objectif d’affaiblir l’État et son armée, l’une des plus performantes du Sahel.

Une attitude courageuse, un peu comme celle qu’a affichée Goïta, homme qui a mis au pas Barkhane, lui fermant le ciel et la terre maliens, ou comme celle de Touadera, le Centafricain qui a mis un terme au décanat français depuis que la France s’est mise en tête de pouvoir s’ingérer dans les affaires de la justice, une remise en cause qui pourrait intervenir en prélude à d’autres révisions relationnelles à venir. Et Déby dont le père aurait été éliminé parce qu’« encombrant pour la nouvelle stratégie française au Sahel » auront toutes les raisons du monde de le faire. Et s'il le fait, il aura tout le Tchad derrière lui… Mahamat Déby n’a qu’a essayer.

 

Burkina : l'armée avance, Barkhane recule

Il est vrai que depuis la prise du pouvoir par Traoré au Burkina Faso, plus le temps passe plus l’axe Occident se rend compte du fait qu’après le Mali, c'est désormais le Burkina qui est le centre d’une lutte anti-Occient acharnée, une lutte multidimensionnelle qui surprend plus d’un.

Au Burkina Faso, lancé depuis le 25 octobre dernier, le recrutement de 35 000 volontaires communaux et de 15 000 volontaires nationaux se poursuit. De nombreux jeunes se font enrôler suite à l’appel du capitaine Ibrahim Traoré, qui demande à chaque Burkinabè sa participation à l’effort de guerre dans le cadre d’une mobilisation populaire contre le terrorisme. Jeunes, personnes âgées, femmes ou hommes s’inscrivent.

La volonté du peuple burkinabé à s’investir dans l’installation de la sécurité dans leur pays est à tel point que même les médias mainstream tel que RFI ne peuvent plus le cacher.

RFI dit à ce sujet : « Seuls ou en groupe, écrit notre correspondant au Burkina Faso, Yaya Boudani, les candidats au poste de volontaire pour la défense de la patrie continuent à se faire enregistrer au gouvernorat de Ouagadougou, suite à l’appel pour une mobilisation populaire contre le terrorisme : « Le terrorisme peut venir ici, à Ouagadougou. Pour aller défendre mon pays, moi je vois que non, ce n’est pas un problème », lance cet homme.

De son côté, à 42 ans, cette femme entend rejoindre certains membres de sa famille déjà engagés au sein des forces de défense et de sécurité : « Ce n’est pas seulement les hommes qui doivent aller, les femmes aussi doivent y aller. Mon petit frère, lui, est militaire, à l’heure même, il est à Déou. Sa femme est militaire, elle est RPC [parachutiste] à Bobo. J’ai un petit frère qui est policier. Et même moi, la grande sœur, je pense que je peux y aller. »

Selon le gouvernement, à la date du 8 novembre dernier, plus de 25 000 personnes se sont déjà enrôlées comme volontaires pour la défense de la patrie. À l’issue du Conseil des ministres, le gouvernement a donné des instructions pour un allègement des formalités afin de faciliter l’enrôlement du plus grand nombre de personnes.

Au Burkina Faso, le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) espère que le recrutement de nouveaux volontaires pour la défense de la patrie (VDP), se fera de manière inclusive. Cette organisation de la société civile a publié, jeudi 10 novembre, un communiqué à ce sujet. Selon Daouda Diallo, responsable du CISC, pour fonctionner, cet élan doit concerner tous les Burkinabè et doit être très encadré par les autorités : « Par le passé, dit-il à Gaëlle Laleix, on avait reçu beaucoup de notifications où certains Burkinabè avaient été exclus de l'enrôlement, en novembre 2019. Aujourd'hui, on a la chance que les autorités aient décidé de recadrer les insuffisances de la mise en œuvre de la loi. »

D’un autre côté, sur le plan diplomatique, le gouvernement burkinabé ne perd pas son temps et on apprend que les 71 députés nommés au sein de la nouvelle Assemblée législative de transition (ALT) au Burkina Faso, ont pris leurs fonctions vendredi.

Cette assemblée est chargée de voter les textes des réformes prévues pendant la transition. Les 71 députés ont été désignés, par le chef de l'Etat (20), les forces de défense et de sécurité (16), les organisations de la société civile (12), les représentants des régions du pays (13, un par région) et par les partis politiques (10).

Le Burkina Faso renforce toutes les institutions du pays, s'appuyant sur son peuple et ses capacités.

Ce n’est pas pour rien si le nouveau président burkinabé n’a pas hésité à répéter la phrase du défunt Thomas Sankara dès son arrivée : « La patrie ou la mort nous vaincrons ! »

 

Cameroun : qu'est-ce qui gêne tant la France ?

Trois mois après la visite du président français à Yaoundé, son conseiller Afrique a été reçu par le chef de l’État camerounais afin de faire le point sur les différents sujets de coopération initiés à l’époque.

Mais pourquoi le conseiller Afrique de Macron est-il allé voir Biya ?

Réponse avec Luc Michel, géopoliticien.

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