Barrage de la Renaissance: Ansarallah médiateur?
(last modified Sat, 10 Apr 2021 13:46:43 GMT )
Apr 10, 2021 13:46 UTC
  • Barrage de la Renaissance: Ansarallah médiateur?

Le chef d’Ansarallah a présenté une initiative en cinq points pour rapprocher les points de vue de l’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte.

Le leader d’Ansarallah yéménite, Mohammed Ali al-Houthi, a proposé, vendredi 9 avril, une médiation entre l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte concernant la crise du barrage de la Renaissance construit par Addis-Abeba au cours du Nil. 

Mohammed al-Houthi a déclaré sur Twitter : « Nous sommes prêts à assurer une médiation entre l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte en respectant les droits des pays voisins tout en ne négligeant pas les demandes légitimes de chaque partie et en examinant les solutions qui pourraient répondre aux demandes de chaque partie. Nous essayons d’agir à ce que les eaux du Nil soient exploitées par toutes les parties de manière à ne pas porter des préjudices à leurs besoins et que les campagnes médiatiques soient arrêtées ». 

L’Éthiopie a commencé à construire le barrage de la Renaissance en 2011 sans recevoir l’aval de l’Égypte et du Soudan. L’Éthiopie affirme avoir pour objectif de produire de l’électricité à des fins de développement. 

Le Soudan craint l’impact du barrage sur l’écoulement régulier de l’eau vers ses terres, qui pourrait affecter ses barrages et leur capacité à produire de l’électricité, tandis que l’Égypte craint l’impact du barrage sur sa part d’eau qui s’élève à 55,5 milliards de mètres cubes chaque année dont elle tire l’essentiel du Nil Bleu. 

Selon RFI, l’Éthiopie s’est déclarée mercredi 7 avril déterminée à continuer à remplir le méga-barrage qu’elle construit sur le Nil, malgré le contentieux persistant avec l’Égypte et le Soudan. Toujours pas de compromis donc sur le sujet. La capitale de la RDC, Kinshasa accueillait jusqu’au mercredi 7 avril un nouveau round de négociations sur le sujet. Les délégations ministérielles d’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte étaient réunies depuis dimanche par le président congolais Félix Tshisekedi, actuel président en exercice de l’Union africaine. Mais les pourparlers se sont conclus sans succès.

L’Égypte et le Soudan sont unis dans la colère. Leurs ministres des Affaires étrangères respectifs ont dénoncé dès mercredi 7 avril l’attitude « intransigeante » de l’Éthiopie. Le chef de la diplomatie égyptienne Sameh Choukri, pour qui ces négociations étaient celles de « la dernière chance », a affirmé que les représentants éthiopiens avaient refusé toutes leurs propositions.

La ministre soudanaise, Mariam al-Sadiq, elle, a eu des propos très durs, accusant l’Éthiopie de « violer le droit international », de « menacer les peuples du bassin du Nil et le Soudan directement ». Selon elle, l’ONU devrait retirer sa confiance dans les soldats éthiopiens stationnés dans l’enclave d’Abyei, « profondeur stratégique » disputée entre le Soudan et le Soudan du Sud, alors qu’Addis-Abeba « masse des troupes » à la frontière du triangle d’El-Fashqa, où l’armée soudanaise affronte des milices éthiopiennes soutenues par l’armée fédérale. Elle a appelé Félix Tshisekedi à trouver une issue à ces « négociations interminables et insuffisantes ».

Le rôle des « observateurs », un problème ?

Du côté éthiopien, on assure pourtant de sa bonne foi. Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a publié un long communiqué pour s’expliquer. Il est revenu sur le point de contention qui a empêché la signature d’un communiqué commun : le rôle des « observateurs » américains et européens dans les négociations, que le Soudan et l’Égypte veulent voir renforcer, ce qu’Addis-Abeba refuse, souhaitant préserver le caractère exclusivement africain des pourparlers. Réaffirmant le droit de l’Éthiopie à exploiter les eaux du Nil, il a confirmé que la deuxième phase du remplissage du réservoir du barrage commencerait bel et bien cet été, à la saison des pluies, en dépit des menaces.

La présidence congolaise a toutefois fait savoir que Félix Tshisekedi ferait de nouvelles propositions pour que les discussions reprennent.

 

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