Pourquoi l’Europe est-elle un nain politique ?
(last modified Thu, 24 Oct 2024 05:55:17 GMT )
Oct 24, 2024 05:55 UTC
  • Pourquoi l’Europe est-elle un nain politique ?

Pars Today- Selon un expert du Vieux Continent, comme l’Europe ne peut pas adopter une politique indépendante des États-Unis sur une question majeure qu’est la guerre en Ukraine, elle suit encore aveuglement Washington, en optant pour une stratégie de la confrontation face à Téhéran.

Le boycott des compagnies aériennes iraniennes par les Européens et leur alignement avec la revendication des Émirats arabes unis sur les trois îles iraniennes en utilisant le terme de l’« occupation» au lieu de celui de la « propriété » est la preuve de nouvelle vague de politiques anti-iraniennes adoptées par l’Europe. Et cela ne peut s'expliquer que par leur tentative d'induire en erreur l'opinion publique des crimes commis par le régime israélien occupant. Pour un examen plus approfondi des raisons d'une telle approche hostile des pays européens à l'égard de l'Iran, le journal Shargh a réalisé une interview avec Ali Rezwanpour, professeur d'université et analyste principal des questions du Continent Vert, que vous pouvez lire ci-dessous : 

On a assisté ces dernières semaines à des tentatives européennes pour intensifier leur politique anti-iranienne. D'un côté, ils ont imposé des sanctions à la compagnie aérienne Iran Air et, de l'autre, ils tentent d’attiser les tensions dans la région en soutenant les revendications émiraties sur trois îles iraniennes. Les Européens ont décidé d’aller plus loin, en qualifiant l’Iran d’« occupant ». D’après vous, pourquoi l’Europe a-t-elle décidé de resserrer ces derniers jours resserrer l’étau autour de l’Iran est la raison de l'intensification de cette politique anti-iranienne sur le continent européen ces derniers jours ? Est-ce uniquement dû à des allégations sur l’aide militaire de Téhéran à Moscou dans la guerre en Ukraine, ou y a-t-il d'autres raisons à ces hostilités ?

À mon avis, la principale raison en réside dans le manque de liberté politique. Le fait est que l’Union européenne à elle seule n’est pas capable d’adopter une politique indépendante basée sur ses propres intérêts envers les autres pays du monde. Dans les années 1990, le ministre belge des Affaires étrangères, Marc Eyskens, qui était également le Représentant de l'Union européenne en politique étrangère, a déclaré : « l’Europe est un géant économique, un nain politique, […] ». Il la considère en tant que « géant économique », parce que l’UE est considérée comme une puissance économique après les États-Unis, le Japon et la Chine. Le Bloc européen emboîte le pas aux États-Unis en termes de politique étrangère et de diplomatie, quoiqu’il essaie de se montrer indépendant en termes politiques notamment dans le domaine des dossiers sensibles. L’Europe a toutefois tenté de ternir l'image de l'Iran dans le monde, en affirmant que Téhéran a mis des missiles à la disposition de Moscou. La question de l'envoi de missiles iraniens à la Russie a, d'une manière ou d'une autre, affecté la vision de l'UE quant à la souveraineté de l'Iran sur les trois îles, ce qui signifie la violation de la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Iran. La vérité est que les Européens ne peuvent pas adopter une politique indépendante des États-Unis sur une question aussi importante que la guerre en Ukraine. Ils tentent donc d’affronter Téhéran de la même manière que les États-Unis.

Le gouvernement de Pezheshkian va-t-il creuser le fossé entre l'Iran et l'Europe ?

Les escalades ne sont pas la faute de Téhéran, d’autant plus que le président Pezheshkian a déclaré lors de l’investiture et lors de nombreux rassemblements depuis, que la politique étrangère du 14e gouvernement était basée sur trois principes que le Leader de la Révolution islamique a également approuvés. Le nouveau gouvernement souhaite établir des relations avec tous les dirigeants régionaux et internationaux sur la base des trois principes de dignité, de sagesse et d’opportunité. Par conséquent, le 14e gouvernement prendra des décisions chaque fois que cela sera nécessaire pour protéger les intérêts et la sécurité nationaux. Mais pour compléter ce que j’ai dit, il semble qu’autant la politique anti-iranienne du régime sioniste que le chantage des États-Unis aient empêché les Européens de prendre une politique indépendante basée sur le respect mutuel envers l’Iran.

 

Pourquoi ?

Parce que ce n’est pas Téhéran qui s’est retiré du plan global d’action générale (PGAC), et les Américains eux-mêmes admettent clairement que le plus grand désastre de la politique étrangère de l’époque Trump a été le retrait des Américains de l’accord nucléaire. Les médias américains insistent sur le fait que les accords d'Ibrahim et les efforts visant à normaliser les relations du régime sioniste avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc constituent les plus grandes percées de l’administration du Faucon Donald Trump. Après le retrait américain, les Européens ont hésité à tenir leurs engagements dans le cadre du PGAC, et jusqu’à présent, ils n’ont pas respecté leurs engagements. Au contraire, ils ont agi contre. Comme je l’ai déjà mentionné, les Européens ne peuvent pas mener une politique distincte indépendamment de la Maison Blanche sur quelque question que ce soit, de la guerre en Ukraine au PGAC en passant par d’autres questions sensibles.

Vous avez mentionné les trois principes de dignité, de sagesse et d'oportunité en matière de leadership. En même temps, le Leader a également exprimé ses opinions en faveur de l'amélioration des relations avec l'Europe. Est-il possible d’observer une amélioration des relations à l’ombre de ce point ?

Comme je l'ai déjà dit, la politique étrangère du gouvernement Pezeshkian est basée sur les trois slogans du président en personne, ceux de dignité, de sagesse et d'opportunité approuvé par le Leader . Mais lors de cette même cérémonie l’Ayatollah Khamenei a souligné un point très important : « Chaque fois que les intérêts nationaux et la sécurité de l'Iran sont en danger, que ce soit dans les relations avec les Européens, l'Amérique, l'Asie, l'Afrique ou ailleurs, nous devons nous y opposer. Cependant, si chaque pays et acteur a une proposition et une solution visant à embellir les liens bien entendu dans le sens des intérêts du pays, nous pouvons revenir sur nos relations ».

De manière générale, je peux dire que si dans les mois à venir, jusqu'en octobre 2025, les Européens tentent d'intensifier leur politique anti-iranienne et de prendre des mesures telles que l'activation du « mécanisme Snapback » et le retour des résolutions du Conseil de sécurité, ils doivent également assumer les conséquences de ces actes. Par contre si, au lieu d'intensifier la politique anti-iranienne, l'Europe trouve une solution dans le cadre de négociations diplomatiques et sur la base du respect mutuel, le gouvernement Pezeshkian y répondra certainement positivement sur la base des trois principes précités. L’avenir des relations entre l’Iran et l’Europe dépend donc de l’approche des Européens eux-mêmes.

Mots clés : Iran et Europe, relations entre l’Iran et l’Europe, guerre en Ukraine, Europe et Israël

 

Mots clés