Pourquoi les Iraniens ont-ils pris l’ambassade américaine ?

Pars Today- L'un des acquis les plus importantes de la prise de l’ambassade des États-Unis à Téhéran a été la découverte de documents confidentiels démontrant que cette pseudo-ambassade était en réalité un grand foyer de conspiration œuvrant pour renverser la Révolution.

Le 4 novembre 1979, les « étudiants suivant la voie de l'Imam » Khomeini (Que sa demeure soit au paradis) en Iran, s'emparèrent de l'ambassade américaine à Téhéran – appelé le « nid d'espionnage ». Le jour de l'incident, les étudiants ont infiltré l'ambassade et, à la suite d’une brève escarmouche avec des fusiliers américains, en ont pu accéder aux bâtiments. La découverte au sein de ce prétendu siège diplomatique des documents confidentiels en ce qui concerne le projet américain du renversement de la République islamique d’Iran était l’un des acquis le plus importants de cet événement historique.

Motifs de la prise de l'ambassade américaine

1. Représailles Contre les États-Unis pour avoir abrité le roi déchu

L'une des principales raisons de la décision prise par les étudiants iraniens de prendre le contrôle de l’ambassade américaine tenait à ce que Washington a abrité le roi déchu, Mohammed Reza Chah Pahlavi.

Après la fuite du Chah d’Iran, l’administration américaine de l’époque, en tant qu’ancien allié du régime Pahlavi, lui a donné refuge. L’opinion publique iranienne a réagi à cette action des Etats-Unis, l’ayant pris comme un signe du soutien américain à la tyrannie et une tentative de ramener le régime Pahlavi au pouvoir. Et cela a rendu les Iraniens de plus en plus pessimistes à l’égard des Etats-Unis d’Amérique.

2. Efforts pour empêcher la conspiration américaine visant à renverser la Révolution

Les documents découverts au sein de l’ambassade américaine ont prouvé que les soupçons de certains révolutionnaires étaient bien fondés et que ce siège servait de base opérationnelle pour surveiller et diriger des groupes antirévolutionnaires et orchestrer des plans visant à renverser l’Etat islamique en Iran. Ces preuves ont en outre dévoilé de nombreux liens entre l'ambassade américaines avec des groupes d’opposition à l’ordre de la République islamique en Iran.

3. Prévenir la création d’un cycle de chaos

L’ambassade américaine tentait incessamment de porter atteinte à l'unité et la sécurité intérieure de l'Iran en soutenant les groupes séparatistes et terroristes, de plonger le pays dans une série d'émeutes et de faciliter la politique interventionniste de l’Occident en Iran.

4. Crainte historique du coup d’État américain du 18 août 1953

Indépendamment de ces trois cas précités, les Iraniens n'avaient toujours pas oublié le souvenir amer du coup d'État américano-britannique contre le gouvernement du Dr. Mossadegh en 1953 et du retour de Mohammad Reza Chah au pouvoir. Ces incidents étaient en réalité considérés comme un symbole de la politique interventionniste américaine et de la violation de l'indépendance de l'Iran. Selon les étudiants et autres révolutionnaires, les États-Unis ont maintenu les fusiliers américains dans l’ambassade dans le but de renforcer les éléments sécuritaires et militaires corrompus affiliés au régime du Chah.

Retombées de la prise de l'ambassade

Après la prise de l'ambassade par les étudiants suivant la voie du défunt fondateur de la Révolution islamique, l’Ayatollah Komeini, une série d'événements a eu lieu. L'Imam Khomeini (Que sa demeure soit au paradis) a qualifié l’action anti-américaine des étudiants d’une « deuxième Révolution ». Il a souligné que l'Iran s'opposait fermement à l'arrogance mondiale. Les relations diplomatiques Iran/Etats-Unis ont été rompues et l’administration américaine de l’époque a imposé des sanctions économiques contre l'Iran et bloqué ses biens sur le sol américain.

Après avoir relu les documents secrets découverts dans l’ambassade, les étudiants révolutionnaires ont compris que l'un des objectifs de de l’administration Jimmy Carter était d'assassiner l'Imam Khomeini, le défunt fondateur de la Révolution. En dépit des pressions occidentales et les efforts américains pour libérer les otages américains, l’événement de la prise de l’ambassade américaine s’est transformé en moment inoubliable dans l’histoire de la Révolution islamique d’Iran. Le moment où l’Iran a pu défier la domination des grandes puissances sur son destin et emprunter une voie indépendante.

Après 444 jours, les responsables du gouvernement iranien d'alors ont rencontré les autorités américaines et les deux parties ont conclu l'accord algérien, aboutissant à la libération des otages américains.

Francis Anthony Boyle, chercheur et professeur de sciences politiques à l'Université de l'Illinois, aux États-Unis, a défendu dans le « World Politics and International Law » la prise d'otages faite par les étudiants iraniens. Selon l'article 51 de la Charte des Nations Unies, il a qualifié cette action de droit légal de l'Iran à se défendre. Il mentionne ce mouvement des étudiants pour prévenir l’agression et empêcher les États-Unis de tenter un autre coup d’État.

Depuis lors, l’Iran a coupé court à ses relations avec les États-Unis et n’a pas accepté la réouverture de l’ambassade américaine à Téhéran.  A en croire certains analystes, l'une des raisons de l'échec des États-Unis à renverser l’Etat de la République islamique d’Iran est la fermeture de l'ambassade américaine.

Mots clés : prise  de l'ambassade américaine, l'ambassade américaine en Iran, les relations entre l'Iran et les États-Unis