Nucléaire : la France alerte sur l’Iran, mais se tait sur Israël
(last modified Wed, 30 Apr 2025 09:23:56 GMT )
Apr 30, 2025 09:23 UTC
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Pars Today – Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité, le représentant permanent de l’Iran à l’ONU a dénoncé comme infondées et irresponsables les déclarations du ministre français des Affaires étrangères, selon lesquelles l’Iran serait sur le point de développer une arme nucléaire.

Mardi soir, l’ambassadeur et représentant permanent de l’Iran à l’ONU, Amir Saïd Iravani, a adressé une lettre au président en exercice du Conseil de sécurité ainsi qu’au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, pour rejeter les déclarations du ministre français des Affaires étrangères affirmant que l’Iran serait « sur le point » de développer une arme nucléaire.

Iravani a écrit que la République islamique d’Iran n’avait jamais cherché à se doter de l’arme nucléaire et qu’elle n’avait pas modifié sa doctrine de défense.

Voici le texte de la lettre de l’ambassadeur et représentant permanent de la République islamique d’Iran auprès des Nations Unies, d’Amir Saïd Iravani, adressée au Conseil de sécurité au sujet des déclarations du ministre français des Affaires étrangères :

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux

Conformément aux instructions de mon gouvernement, je souhaite par la présente attirer votre attention sur les déclarations de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires européennes et étrangères de la France, prononcées lors de la réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'ONU du 28 avril 2025.

Dans ses propos, le ministre français des Affaires étrangères a formulé des accusations infondées et motivées par des considérations politiques concernant le programme nucléaire pacifique de la République islamique d’Iran, notamment l’affirmation sans fondement selon laquelle « l’Iran serait sur le point de développer des armes nucléaires.

De telles accusations proviennent soit d'un malentendu fondamental, soit d'une distorsion délibérée des droits légaux de l'Iran en vertu du droit international.

De telles déclarations reflètent également une interprétation sélective des faits et constituent un exemple du modèle constant de comportements à double standard de la part d'un pays qui, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, porte une responsabilité particulière. À cet égard, je souhaite porter les points suivants à votre attention ainsi qu'à celle des membres du Conseil de sécurité :

- Les accusations selon lesquelles l'Iran serait « sur le point » de développer des armes nucléaires sont totalement infondées et, d'un point de vue politique, irresponsables. La République islamique d'Iran n'a jamais cherché à se doter de l'arme nucléaire et n'a pas modifié sa doctrine de défense. L'Iran rejette fermement toutes les armes de destruction massive, y compris les armes nucléaires ;

- En tant que l'un des membres fondateurs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, l'Iran demeure pleinement engagé envers ses obligations en vertu de ce traité. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) surveille en permanence la nature pacifique du programme nucléaire de l'Iran et procède à des vérifications régulières. Les rapports de cette organisation ont constamment confirmé qu'aucune déviation des matériaux nucléaires à des fins non pacifiques n'a eu lieu ;

- Le Plan global d’action conjointe (PGAC) a été un accomplissement historique et multilatéral, qui a été fermement approuvé par le Conseil de sécurité par la résolution 2231 (2015) ;

- L'effondrement de cet accord n'est pas dû aux actions de l'Iran, mais résulte du retrait illégal et inconsidéré des États-Unis ainsi que de l'incapacité de la troïka européenne à tenir ses engagements économiques. En réponse, l'Iran a adopté une stratégie de patience pendant plus d'un an, puis a progressivement réduit et suspendu ses engagements, conformément aux articles 26 et 36 du PGAC. Ces actions étaient entièrement transparentes et proportionnées ;

- La menace ouverte du ministre français des Affaires étrangères d'imposer à nouveau des sanctions ayant des « effets dévastateurs » sur l'économie de l'Iran constitue un exemple flagrant d'usage de la pression politique et économique. Recourir à des menaces et à du chantage économique est totalement inacceptable et constitue une violation flagrante des principes de la Charte des Nations Unies. De plus, la menace de la France d'activer le mécanisme dit « snapback », malgré sa propre défaillance à remplir ses engagements, est en contradiction avec les principes fondamentaux du droit international, qui interdisent à une partie en violation de ses obligations de se prévaloir des droits découlant d'un accord. Une telle action est juridiquement et procéduralement erronée, inacceptable et dénuée de légitimité, et elle affaiblira la crédibilité du Conseil de sécurité ;

- Alors que la France exprime des préoccupations concernant les dangers de la prolifération nucléaire liés au programme nucléaire pacifique de l'Iran, sa crédibilité dans le domaine de la non-prolifération est gravement ternie par son propre bilan ;

La France continue de développer et de moderniser son arsenal nucléaire, refuse d'accorder des garanties de sécurité négatives inconditionnelles aux pays non nucléaires, demeure silencieuse et complice face au programme d'armement nucléaire non déclaré du régime sioniste. Par ailleurs, elle n'a toujours pas tenu ses engagements de désarmement en vertu de l'article 6 du TNP ;

- La République islamique d'Iran réaffirme une fois de plus son engagement en faveur de la diplomatie et de l'engagement constructif. Cependant, une véritable diplomatie ne peut pas avancer dans un climat de menaces et de pressions. Si la France et ses partenaires recherchent réellement une solution diplomatique, ils doivent cesser de menacer et respecter la souveraineté des États en vertu du droit international.