De l’ingénierie mécanique au sommet de l’armée iranienne : qui est le général Bagheri ?
Pars Today – Le Général Mohammad Bagheri, commandant calme et digne, se distingue par un style de management systémique et fédérateur. Jouissant d’une place particulière auprès du public comme des élites militaires, il s’est vu attribuer le titre d’« architecte de la nouvelle puissance militaire iranienne ».
Le général de corps d’armée, Mohammad Hossein Bagheri, incarne une génération de commandants iraniens qui influencent non seulement le présent des forces armées de la République islamique, mais jouent également un rôle central dans la définition de la doctrine défensive future du pays. Dans cet article, on retrace le parcours du général Bagheri.
Naissance
Le général Mohammad-Hossein Afshordi – plus tard connu sous le nom de Mohammad Bagheri – est né en 1960 (1339 du calendrier persan) à Téhéran.
Frère du martyr Hassan Bagheri, génie militaire de la guerre imposée par le régime baasiste irakien à l'Iran, le général Mohammad Bagheri est lui-même l'une des figures emblématiques des huit années de Défense Sacrée (guerre Iran-Irak).
Aujourd'hui à la tête de l'État-major général des forces armées iraniennes, ce commandant d'exception ne se contente pas d'être un acteur clé de l'appareil militaire iranien : il en est l'architecte visionnaire, façonnant avec une intelligence stratégique l'avenir de la défense nationale.
Études et activités universitaires
Au moment de la victoire de la Révolution islamique, Mohammad Bagheri était en terminale. Après la révolution, il s’est orienté vers des études techniques et a été admis en génie mécanique à l’Université polytechnique de l’époque (aujourd’hui Université Amirkabir). Il y a poursuivi ses études jusqu’à la Révolution culturelle. Lorsque les universités ont été fermées au printemps 1980 en raison de cette révolution et que les troubles initiés par l’Occident ont débuté au Kurdistan iranien, son parcours a pris un tournant décisif.
À partir de l’été 1980, Mohammad Bagheri a commencé à servir dans le corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI). Après la guerre, il a repris ses études et détient aujourd’hui un doctorat en géographie politique et en géopolitique de l’Université Tarbiat Modares. Il est également membre du corps professoral de l’Université supérieure de défense nationale d’Iran. En plus de ses responsabilités exécutives, il enseigne à la fois à cette université et à l’Université Tarbiat Modares.
Changement de nom
Mohammad Bagheri, aux côtés de son frère Hassan — qui avait changé son nom en « Hassan Bagheri » pour préserver son identité sur le front —, a lui aussi décidé de reprendre le nom de famille « Bagheri », en raison de leur ressemblance physique et de leur lien de sang. À ce sujet, il déclare : « Par respect pour mon frère, ce nom m’est devenu cher. » Ce choix, au-delà d’un hommage à son frère martyr, a marqué pour lui le début d’une nouvelle identité, façonnée par le combat et le service.
Du front au commandement
À seulement 23 ans, Mohammad Bagheri est devenu responsable du renseignement des divisions du CGRI. Jusqu’à la fin de la guerre, il a joué le rôle de cerveau stratégique des opérations de renseignement et de combat au sein des centres de commandement Karbala et Khatam al-Anbia. Après le conflit, il a rejoint l’état-major général des forces armées iraniennes, où il a occupé des postes clés tels que directeur du renseignement, adjoint aux opérations et au renseignement, ainsi que chef des affaires interarmées — des fonctions dans lesquelles il a acquis une expérience précieuse.
Combat en profondeur sur le territoire ennemi
En 1996, Bagheri a joué un rôle central dans la planification d’une opération audacieuse contre des groupes terroristes tels que Komaleh et le Parti démocrate, dans l’ouest de l’Iran. Dirigée sur le terrain par le commandant Ahmad Kazemi, l’opération a consisté à pénétrer jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur du territoire irakien pour bombarder les positions ennemies, infligeant des pertes sévères. Une fois encore, Bagheri y a démontré son sens stratégique exceptionnel.
Le grade de général de corps d’armée
À 47 ans, Bagheri devient adjoint à la coordination du commandement central Khatam al-Anbia. En 2008, il est promu au grade de général de corps d’armée par le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Ali Khamenei — une reconnaissance officielle de son parcours remarquable et de ses qualités hors du commun.
À la tête de l'État-major des forces armées iraniennes
Le 28 juin 2016 (8 Tir 1395 du calendrier iranien), à l'âge de 56 ans, le général Bagheri fut nommé par le Leader de la Révolution islamique pour prendre les rênes de l'État-major général des forces armées, succédant ainsi au général Hassan Firouzabadi.
Fort de son expérience sur le terrain, de son expertise académique et de sa vision stratégique, il a transformé cette institution, autrefois centrée sur la théorie, en un centre actif dédié à la coordination entre les forces armées, à l’anticipation des évolutions militaires et à l’organisation d’exercices conjoints de plus en plus poussés, incluant des simulations de combats complexes.
Distinctions honorifiques
Le général Bagheri a été décoré par l’imam Khamenei, de deux médailles Fath de troisième classe, d’une médaille Fath de deuxième classe et de la médaille Nasr, la plus haute distinction militaire du pays. Ces récompenses illustrent son engagement total et ses services remarquables envers la République islamique et la nation iranienne.
Sanctions et détermination
Le 4 novembre 2019, le nom de Mohammad Bagheri a été inscrit sur la liste des sanctions du Trésor américain, sous prétexte de son implication dans les affaires régionales. Mais loin d’entamer sa détermination, ces sanctions n’ont fait que renforcer sa volonté de défendre les intérêts nationaux de l’Iran.
Réflexion et écriture
Bagheri s’est également illustré dans le domaine académique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la géopolitique du Caucase, de l’Asie de l’Ouest, ainsi que sur le droit international maritime dans le golfe Persique et le détroit d’Hormuz. Membre du pôle scientifique de géographie politique et de l’Association iranienne de géopolitique, il incarne un engagement profond en faveur du savoir et du progrès scientifique du pays.
L’architecte de la défense préventive
Le général Bagheri est l’un des principaux concepteurs du concept de « défense préventive » dans la doctrine militaire iranienne. Sous son impulsion, les capacités balistiques, navales, de défense aérienne et de guerre électronique sont devenues les piliers de la dissuasion nationale. Il a également renforcé le réseau de commandement et de contrôle grâce à une coopération stratégique entre le CGRI et l’armée régulière, tout en jouant un rôle actif au sein de l’axe de la Résistance dans la région de l’Asie de l’Ouest.
Un visage calme, un stratège à la pensée profonde
Au-delà de ses responsabilités militaires, Bagheri s’est également imposé comme une figure active et avisée de la diplomatie de défense, alliant sang-froid, discernement stratégique et sens du dialogue sur la scène internationale.
Lors des réunions et négociations régionales et internationales, il a constamment défendu le droit de la République islamique d’Iran à développer ses capacités militaires nationales. Il s’est efforcé de présenter une image équilibrée, réaliste et rationnelle des politiques de défense iraniennes. C’est un commandant calme, posé et discret, apprécié tant par la population que par les élites militaires pour son style de leadership méthodique et fondé sur le consensus. Grâce à sa maîtrise des savoirs militaires contemporains, à sa capacité d’analyse des menaces hybrides et de la guerre cognitive, Bagheri trace avec assurance l’avenir de la défense iranienne. À l’approche du dixième anniversaire de son commandement à la tête de l’état-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri apparaît comme l’architecte du nouveau pouvoir militaire de l’Iran. Par sa combinaison unique d’expérience, de savoir et de vision stratégique, il a contribué à faire de la République islamique une forteresse imprenable face aux menaces les plus complexes.