Pourquoi le Snapback échouera-t-il ?
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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyyed Abbas Araghchi
Pars Today – Le ministre iranien des Affaires étrangères dit que le Snapback échouera.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyyed Abbas Araghchi, a déclaré lors d’une conférence de presse après la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, vendredi soir 26 septembre : « Tout comme l’attaque militaire a échoué, le Snapback échouera également ».
Il a souligné qu’« l’Iran ne cédera jamais face à la pression » et ajouté : « Si des pressions extérieures remplacent le droit, nous n’obtiendrons aucun résultat ». Araghchi a précisé que l’activation du Snapback est illégale et fermerait la voie diplomatique, empêchant la mise en œuvre de l’accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et affectant la coopération iranienne avec l’Agence suite à cette initiative des pays européens.
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, Araghchi a également déclaré que le projet de résolution constituait une tentative sincère de faire avancer la diplomatie, mais que les États-Unis ont trahi la diplomatie et que trois pays européens ont enterré l’accord nucléaire (PGAC).
La réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, tenue le 26 septembre, visait à examiner et voter sur la résolution proposée par la Russie et la Chine, destinée à empêcher le rétablissement automatique des sanctions de l’ONU contre l’Iran. Cette résolution, qui visait à prolonger techniquement la résolution 2231 pour six mois (jusqu’au 18 avril 2026), n’a pas obtenu le soutien nécessaire en raison de l’opposition des États-Unis et des pays européens : 4 voix pour (Chine, Russie, Pakistan, Algérie), 9 contre (France, Royaume-Uni, États-Unis, Sierra Leone, Slovénie, Danemark, Panama, Somalie, Grèce) et 2 abstentions (Guyana, Corée du Sud).
Avec le rejet de ce projet de résolution, le Snapback est entré dans sa phase finale selon l’article 11 de la résolution 2231, et les sanctions suspendues après l’accord nucléaire de 2015 (PGAC) sont désormais sur le point d’être rétablies automatiquement.
Cela intervient alors que la République islamique d’Iran a répété à plusieurs reprises qu’elle a respecté tous ses engagements, et que le retrait unilatéral des États-Unis du PGAC ainsi que le manquement des pays européens sont les principales causes de la situation actuelle.
Les responsables iraniens, tout en condamnant le comportement intimidant de l’Occident et le processus illégal d’activation du Snapback, ont souligné que la République islamique d’Iran ne cédera jamais face au chantage ou à la pression.
Téhéran a réaffirmé qu’il restait ouvert au dialogue basé sur le respect mutuel et la levée effective des sanctions, mais que toute politique de pression ou de menace recevrait une réponse ferme de la part de la République islamique d’Iran.
La Troïka européenne, composée de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, a activé le processus de Snapback le 28 août 2025 ; le Conseil de sécurité a ensuite rejeté, le 26 septembre, le projet de la Russie et de la Chine visant à en reporter l’application. Ainsi, le rétablissement des sanctions de l’ONU sera effectif à partir du dimanche 28 septembre.
Cependant, le Snapback n’est pas en mesure d’atteindre ses objectifs déclarés. Plusieurs raisons expliquent cela : il n’existe pas de consensus mondial pour son application uniforme, les principales sources de revenus de l’Iran (notamment le pétrole vers l’Asie de l’Est) contournent les sanctions depuis des années, les outils exécutifs de l’ONU sont limités, et l’expérience passée a montré que la réaction de l’Iran face à la pression occidentale consiste à réduire sa coopération nucléaire.
En ce qui concerne le premier point, il convient de préciser que si le critère de succès du Snapback est de réduire de manière significative les revenus étrangers de l’Iran et de pousser Téhéran à un recul nucléaire, les éléments disponibles montrent que le Snapback seul est peu susceptible de produire un tel changement. Même des analystes occidentaux prévoient que son impact économique supplémentaire, comparé aux sanctions unilatérales sévères déjà imposées par les États-Unis, serait limité, et qu’il aurait surtout un effet politique et symbolique.
Un autre point concerne la continuité des exportations pétrolières. Même dans le contexte actuel de fortes pressions contre l’Iran, la Chine a publiquement déclaré que la majeure partie de ses importations pétrolières provient de l’Iran, et ce flux se poursuit sous diverses formes. Les données de suivi des cargaisons montrent que les importations iraniennes vers la Chine ont atteint en moyenne 1,43 million de barils par jour en 2025.
Le troisième point concerne l’absence de consensus opérationnel et le clivage Est-Ouest sur la mise en œuvre du rétablissement des sanctions de l’ONU contre l’Iran. Bien que le Snapback oblige juridiquement tous les États membres de l’ONU, son application dépend en pratique de la volonté des gouvernements, des systèmes judiciaires et des capacités de contrôle. Des acteurs majeurs comme la Chine et la Russie ne soutiennent pas ce processus et, non seulement ne contribueront pas à la mise en œuvre de ces sanctions, mais s’y opposeront activement.
Le quatrième point concerne les limites intrinsèques des outils de l’ONU. Le Conseil de sécurité ne dispose pas de mécanismes de sanctions secondaires comme les États-Unis : il ne peut pas, de manière systématique, contraindre les banques non occidentales, les compagnies maritimes tierces ou les sociétés pétrolières situées hors de la juridiction occidentale en menaçant de les couper de l’accès au dollar, au système SWIFT, etc.
Le cinquième point concerne la réaction de l’Iran à l’activation du Snapback. Téhéran a menacé d’annuler le nouvel accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) si ce mécanisme illégal était appliqué. Depuis juin 2025, l’Agence a également signalé à plusieurs reprises des interruptions dans la continuité des informations et un accès limité aux installations nucléaires iraniennes.
Ainsi, plus la pression exercée par le Snapback augmente, plus la probabilité que l’Iran réduise sa transparence nucléaire devient élevée, ce qui va à l’encontre de l’objectif prétendu de “garantie” des activités nucléaires iraniennes que les pays occidentaux prétendent rechercher.
En conclusion, on peut dire que la mise en œuvre du Snapback contre l’Iran est vouée à l’échec si le critère est de modifier le comportement nucléaire et régional de l’Iran ou de provoquer une baisse significative de ses revenus étrangers.
Les raisons en sont : la mise en œuvre hétérogène des sanctions de l’ONU en raison du désaccord majeur entre l’Est et l’Ouest, les réseaux établis de contournement des sanctions anti-iraniennes, les limites opérationnelles de l’ONU, et les réactions réciproques de Téhéran, notamment la réduction de sa coopération nucléaire avec l’AIEA.