Les jardins de Chiraz : murmures d’histoire, de poésie et d’éternelle splendeur
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Pars Today – La ville de Chiraz, joyau éclatant du riche patrimoine iranien et symbole de la poésie et de la littérature, est également renommée pour ses jardins enchanteurs. Ces havres de verdure séduisent aussi bien les visiteurs iraniens que les voyageurs venus du monde entier.
(last modified 2025-10-25T06:37:05+00:00 )
Oct 25, 2025 03:57 UTC
  • Les célèbres jardins de Chiraz dans la province de Fars
    Les célèbres jardins de Chiraz dans la province de Fars

Pars Today – La ville de Chiraz, joyau éclatant du riche patrimoine iranien et symbole de la poésie et de la littérature, est également renommée pour ses jardins enchanteurs. Ces havres de verdure séduisent aussi bien les visiteurs iraniens que les voyageurs venus du monde entier.

Les ruelles-jardins de la ville de Chiraz, dans le sud de l’Iran, embaument l’air de la fleur d’oranger et révèlent l’harmonie paisible des cyprès alignés, bordés de parterres fleuris aux mille couleurs. Héritage d’un paysage architectural ancien, elles témoignent d’un art raffiné. L’innovation la plus durable à Pasargades, près de Chiraz, ne réside pas dans la sculpture sur pierre, mais dans la conception du jardin royal — le tout premier exemple connu du « Tchaharbagh » iranien.

Depuis le premier millénaire avant notre ère, le jardin constitue une composante indissociable de l’architecture iranienne. À Pasargades, des archéologues ont mis au jour un réseau de canaux en pierre et de bassins qui formaient deux rectangles reliés entre eux, divisant le jardin en quatre sections parfaitement symétriques.

Cette conception reflétait très probablement, de manière architecturale, le titre mésopotamien de Cyrus : « Roi des Quatre Régions du monde ».

Les Achéménides nourrissaient une profonde passion pour le jardinage et l’agriculture, et soutenaient activement les initiatives novatrices dans les domaines de la culture, de l’arboriculture et de l’irrigation.

Au-delà de leur fonction pratique et de leur beauté sensorielle, les jardins royaux de Chiraz incarnaient également des symboles politiques, philosophiques et religieux. Ils reflétaient une vision du pouvoir selon laquelle le souverain transforme une terre aride en un jardin fertile, et fait émerger l’ordre et la symétrie du chaos.

Les jardins royaux : du symbole de pouvoir au patrimoine mondial

À l’époque achéménide, le jardin ne fut pas seulement intégré à l’architecture — il en devint le centre. Il exprimait avec force l’autorité, la fertilité et la légitimité du pouvoir. Le concept du « Tchaharbagh », né à Pasargades, fut ensuite repris et perfectionné à de nombreuses reprises. Son influence dépassa largement le Proche-Orient, devenant une pierre angulaire dans l’art du jardin islamique — et même au-delà.

Les jardins à l’époque islamique : entre géométrie et splendeur végétale

À l’époque islamique, les jardins prenaient généralement la forme d’enclos rectangulaires entourés de murs, avec des portails majestueux et plusieurs pavillons à l’intérieur. Des canaux d’eau, disposés selon un motif géométrique, traversaient le jardin. On y plantait une combinaison harmonieuse d’arbres d’ombrage, fruitiers et ornementaux, accompagnés de parterres fleuris qui assuraient la floraison du jardin tout au long de l’année.

L’épanouissement des jardins de Chiraz

L’âme de la ville de Chiraz est intimement liée à ses poètes et écrivains, ce qui lui vaut le surnom de « ville de la poésie et de la littérature ». Cette identité culturelle se reflète pleinement dans ses jardins paisibles et propices à la contemplation.

Le jardin Delgosha est l’un des plus anciens et des plus beaux de Chiraz. Il a traversé trois grandes périodes historiques — sassanide, safavide et qajar — et son pavillon conserve encore des traces de l’architecture sassanide.

La beauté et l’émerveillement que suscitait le jardin Delgosha étaient tels que Tamerlan ordonna la création d’un jardin similaire à Samarcande.

Ce jardin est particulièrement connu pour sa forte densité de bigaradiers (orangers amers), dont les fleurs, au printemps — notamment en avril — diffusent un parfum intense et envoûtant, contribuant à l’atmosphère sensorielle unique du lieu.

Le jardin d’Eram, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, abrite un ensemble remarquable d’orangers, de cyprès et de rosiers, entourant un édifice historique majestueux. Son origine remonte à l’époque des Seldjoukides, et il fut restauré sous la dynastie Zand.

Situé sur la charmante avenue Eram, ce jardin est reconnu comme jardin botanique en raison de sa grande diversité végétale.

Les jardins vivants de Chiraz : une alliance de nature, d’art et de spiritualité

Le Narenjestan-e Qavam, ou jardin des orangers amers, fut édifié à l’époque qajare sur ordre d’Ali-Mohammad Khan Qavam. Son nom provient des nombreux bigaradiers qui peuplent ses allées. Le bâtiment principal, connu sous le nom de Maison Zinat-ol-Molk, émerveille les visiteurs par ses salons ornés de miroirs et ses délicates fresques décoratives.

Le jardin Afif-Abad, l’un des plus anciens de Chiraz, remonte à l’époque safavide. Autrefois appelé « jardin Golshan » en raison de ses fleurs colorées et variées, il servait de lieu de détente aux souverains.

Le jardin Jahan-Nama, vieux de plus de 700 ans, fut autrefois surnommé « Zinat-ol-Alam » (« l’ornement du monde ») pour sa beauté remarquable. Après la chute des Safavides et sa destruction, Karim Khan Zand ordonna sa restauration et fit construire un pavillon octogonal en son sein.

Le jardin et le manoir Shapouri, exemple remarquable d’architecture moderne, furent construits entre 1931 et 1936 par l’architecte Abolghassem Memar. Ce jardin, avec son grand bassin et ses arbres majestueux, offre un cadre enchanteur propice à la détente et à la photographie. Il a ensuite été acquis et préservé par l’Organisation du patrimoine culturel.

Dans tous ces jardins, l’eau est un élément vital et omniprésent. Un réseau de canaux et de fontaines — comme celui que l’on trouve au cœur du jardin Delgosha — assure à la fois l’irrigation et une fraîcheur visuelle et sensorielle. L’emplacement soigneusement pensé des pavillons et des bâtiments offre des perspectives propices à la contemplation de la beauté de ces paysages.

Les jardins de Chiraz, avec leurs cyprès séculaires, leurs fleurs d’oranger parfumées et leurs agencements géométriques raffinés, ne sont pas seulement les témoins d’un passé glorieux. Ce sont des espaces vivants et dynamiques qui incarnent l’idéal ancestral des Iraniens : créer sur terre une image symbolique du paradis.