Pèlerinage d'Arbaïn: «la joie de servir» des volontaires iraniens
L'agence France-Presse (AFP) a fait un rapport lundi 29 octobre sur la grande marche à l'occasion d'Arbaïn et «la joie de servir» des volontaires iraniens.
«La joie de servir les pèlerins d'Arbaïn est plus grande encore que celle procurée par le pèlerinage lui-même», assure Ali Noujouki, assis derrière sa machine à coudre sous une tente de fortune.
Installé à proximité de la douane de Mehran, dans l'ouest de l'Iran, M. Noujouki vient en aide aux fidèles qui se rendent en masse de l'autre côté de la frontière, en Irak, jusqu'à la ville sainte chiite de Kerbala.
Arbaïn, qui tombe cette année le 30 octobre, marque la fin du deuil de 40 jours observé par les chiites en mémoire du martyre de l'imam Hussein, petit-fils de Mahomet tué en 680 à Kerbala par les troupes du calife Yazid.
La «marche d'Arbaïn», que les fidèles sont appelés à accomplir autour de cette date jusqu'à Kerbala, est l'un des plus grands pèlerinages au monde.
Dimanche, les autorités irakiennes ont indiqué que plus de 1,6 million de pèlerins iraniens avaient déjà passé la frontière pour se rendre au mausolée de l'imam Hussein, une des figures saintes les plus vénérées des chiites. Selon l'organisation iranienne du pèlerinage, quelque 200.000 autres doivent encore suivre.
«Je raccommode vêtements déchirés et sac à dos ou je raccourcis les tchadors pour qu'ils ne soient pas souillés par la boue sur la route», raconte M. Noujouki.
Comme lui, des centaines de volontaires se mettent au service de leurs coreligionnaires à Mehran.
Leurs tâches sont variées. La plupart s'activent dans les «mokeb». Ces tentes, parrainées par des organes d'Etat (forces armées, ministères, grandes banques) ou des groupes de bienfaisance islamique souvent constitués à l'échelle de mosquées locales, offrent un ravitaillement gratuit ou un toit aux marcheurs.
Certains volontaires distribuent des bandeaux dont ils aident les pèlerins à se ceindre le front et sur lesquels on peut lire «en chemin vers le Martyr» (l'imam Hussein), ou encore «Il viendra», référence au Mahdi, le douzième imam des chiites, occulté de son vivant, et qui doit revenir à la fin des temps.
«Il n'y a pas de plus grande récompense que de servir sur le chemin de l'Imam», explique avec enthousiasme l'un des pèlerins Mohsen Mohebbi, ajoutant: «peu m'importe de qui je cire les chaussures, la langue des gens ou leur race».
Les pèlerins qui passent par le poste-frontière ne sont pas seulement Iraniens. Ils peuvent aussi venir de pays voisins de l'Iran: Azerbaïdjan, Géorgie ou Pakistan.
Le pèlerinage de Kerbala était interdit aux Iraniens sous le règne du dictateur irakien Saddam Hussein, qui lança en 1980 une guerre de huit ans contre la République islamique d'Iran.
Après sa chute en 2003, et l'émergence d'un pouvoir chiite à Bagdad, la route du mausolée de l'imam Hussein a été rouverte aux Iraniens.