Un avion de ligne iranien intercepté par deux chasseurs F-15 américains
(last modified Fri, 24 Jul 2020 14:24:28 GMT )
Jul 24, 2020 14:24 UTC

Selon la chaîne de télévision al-Mayadeen, deux avions de chasse américains de type F-15 sont passés, dans la nuit de jeudi à vendredi 24 juillet, à proximité d'un avion de ligne iranien dans l'espace aérien syrien. Ce rapprochement à caractère menaçant a poussé le pilote de l'appareil de la compagnie aérienne Mahan à changer très rapidement d'altitude pour éviter une collision. Plusieurs passagers ont été blessés.

Quelques minutes après l’incident, la chaîne de télévision al-Mayadeen a rapporté en citant des sources concordantes : « Les deux avions israéliens voulaient se cacher derrière l’avion de ligne iranien pour tromper la DCA syrienne en l’amenant à tirer sur l’appareil iranien ».
 
D’autres sources fiables d’information ont néanmoins ensuite cité le pilote de l’avion ; ce dernier réaffirmant que les appareils étaient des appareils américains.
 
Le vol 1152 de la compagnie aérienne Mahan reliait Téhéran à Beyrouth.
 
Dans la foulée, l’agence de presse officielle syrienne SANA a rapporté : « Des avions probablement liés à la coalition dirigée par les États-Unis, ont intercepté un avion de ligne iranien dans le ciel syrien ».
 
De leur côté, les Américains ont reconnu que l’interception avait eu lieu dans la région d’al-Tanf [située sur le triangle frontalier Jordanie-Irak-Syrie, NDLR]. La région d’al-Tanf est occupée depuis quelques années déjà par les militaires américains qui y ont implanté des bases et aérodromes. Et « ce n’est pas la première fois que les avions de combat américains agressent un avion de ligne dans cette région », selon une compagnie aérienne syrienne qui a accordé un entretien à SANA.
 
L’avion de ligne iranien a finalement regagné l’aéroport Imam Khomeini à Téhéran après avoir déposé ses passagers à Beyrouth.
 
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères n’a pas manqué de condamner la dangereuse manoeuvre des chasseurs américains, annonçant le lancement d’une enquête et précisant qu’il fallait s’attendre à l’issue de celle-ci, à des mesures diplomatiques et juridiques.
 
Deux représentants américains ont déclaré aussi à Reuters et sous le couvert de l'anonymat, qu'un avion de chasse F-15 US s'était retrouvé hier jeudi à portée de vue d'un avion de ligne iranien, mais « à une distance sûre » selon leurs allégations dénuées de tout sens.
 
Le capitaine de l’US Navy, Bill Urban, un porte-parole du CENTCOM, a prétendu également à l’agence AP qu’un F-15 « avait effectué une inspection visuelle standard d’un avion de passagers de Mahan Air à une distance de sécurité d’environ 1000 mètres».
 
« L’inspection visuelle a eu lieu pour assurer la sécurité du personnel de la coalition dans la garnison d’al-Tanf », a-t-il allégué. « Une fois que le pilote du F-15 a identifié l’avion comme étant un avion de ligne Mahan Air, le F-15 s’est ouvert en toute sécurité loin de l’avion », a-t-il prétendu encore.
 
Toujours dans ce contexte, le représentant de l’Iran auprès des Nations unies, Majid Takht-Ravantcnhi, a contacté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, pour lui faire part de la décision de l’Iran de remettre à cette organisation une lettre de protestation.
 
« Cette lettre sera remise au Conseil de sécurité pour qu’elle y soit inscrite en tant que document officiel », a-t-il ajouté.
 
Pour rappel, le 3 juillet 1988, l'Airbus A300 du vol Iran Air 655 reliant Bandar Abbas, en Iran, à Dubaï, aux Émirats arabes unis, fut abattu par des missiles tirés par le croiseur américain USS Vincennes, au-dessus du golfe Persique. Ce crime  causa  290 victimes, dont 66 enfants. C'est l'une des catastrophes aériennes les plus meurtrières, la plus grave de l'histoire de l'Iran. Les États-Unis n'ont jamais admis leurs erreurs ni accepté la responsabilité de ce crime.

 

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