Axe de la Résistance, l'an 42
L'analyste politique libanais estime que la Révolution islamique en Iran a changé l'équilibre des forces aux niveaux régional et international. C'est différent à bien des égards ce 42e anniversaire de la disparition de "l'Iran soumis", "servile", "à la merci de Big Brother et Cie", cet Iran qui craignait le moindre hoquet de l'Empire, sa moindre contorsion, qui obéissait sans souffler mot, quitte à éviter les foudres des "Grands", et ce, au prix de pires concessions...
Cet "Iran-satellite" qui trahissait sa propre histoire, sa propre civilisation, sa religion, en tournant le dos aux peuples de la région, au profit des puissances prédatrices qui en suçaient le sang, le pétrole, les richesses, la position géostratégique, et qui curieusement, ont commencé à cumuler échec sur échec, une fois que "l'Iran-satellite" s'est réveillé d'une longue et terrifiante léthargie pour quitter définitivement leur escarcelle et devenir pleinement souverain et indépendant... Cet Iran d'avant 1979 avait pour ami Israël, pour ennemi Arabes, Musulmans et la Palestine; on le disait "gendarme de la région", mais à vrai, cet Iran là n'était qu'un "grotesque subalterne" comme le sont encore beaucoup d'autres pays à l’Asie de l'Ouest, en Europe, en Asie de l'Est, en Amérique latine et ailleurs...
Ce 11 février 2021, alors que des défilés géants à l'occasion de la fête nationale ne sont pas au rendez-vous à travers des centaines de villes et de villages iraniens et ce, pour cause de la pandémie de Covid-19 dont la troisième vague vient d'être royalement maîtrisée au mépris de quel que 6.000 sanctions décrétées par le régime américain, de l'Iran de Shah il ne reste plus rien... Sur la place Azadi de Téhéran, lieu de rassemblement annuel du 11 février, sont dressés cette année des missiles balistiques de précision iraniens, Dezful, Zolfaghar, Qiam, ces mêmes engins qui un certain 8 janvier 2020 ont brisé mille éclats le symbole de la "puissance militaire américaine au Moyen-Orient" en s'abattant sur la base US à Aïn al-Assad. Au chapitre des symboles de ces 42 ans de Résistance, figurait aussi cette batterie de missile anti-missile Khordad-3 qui en, juin 2019 a prouvé que l'US Air Force n'est qu'une image bien mentale que les peuples, bombardés de propagande pro Empire se sont faits et que le fait de la vaincre n'est qu'une question de volonté. Idem pour l'US Army ou l'US Navy dont l'USS Nimitz, vient de quitter le golfe Persique après avoir failli se faire couler par un "missile balistique de précision "Sejjil" d'une portée de 1800 kilomètres qui s'est abattu à quelques mètres de lui, alors qu'il se retranchait en océan Indien.
Or cette révolution qui s'est voulue dès la première heure une Résistance anti-Empire a fait vite de gagner toute la région puisque "42 ans" ne représentent pas grand-chose qu'on sait que cela fait des décennies que les puissances occidentales ont pignon sur rue ouest-asiatique. Le 11 février 1979 quand une première brèche s'est ouverte dans l'édifice de l"Empire du mal", aucun analyste n'osait croire que cette brèche irait l'engloutir pour de bon. Mais c'est désormais le cas.
Anis Naqqash, l'analyste politique libanais estime que la Révolution islamique en Iran a changé l'équilibre des forces aux niveaux régional et international. Et il n'a pas tort : « Les révolutionnaires iraniens ne scandaient pas des slogans contre le Shah pour cause de situation économique et sociale qui prévalait à l'époque, mais la plupart des slogans dénonçaient la dépendance du régime impérial envers les États-Unis et l'Occident. La politique la plus dangereuse de Shah consistait à soutenir Israël, qui aux yeux du peuple iranien avait usurpé des terres palestiniennes et des lieux saints de l’Islam et qui servait de base permanente de l'impérialisme US dans la région."
Et l'analyste d'ajouter : " Or la victoire de la Révolution islamique a tout chamboulé: le pays le plus géostratégique du Moyen-Orient, l'Iran a rompu avec Israël et les États-Unis et depuis, ces derniers vont de plan en plan pour rattraper cette perte irremplaçable, mais rien ne peut remplacer l'Iran. Pire encore, cet Iran devenu l'ennemi le plus coriace, le plus génial de l'impérialisme US et du Sionisme, sert de force mobilisatrice à une dynamique anti impériale qui a traversé toute la région et qui a donné naissance à l'axe de la Résistance : à Gaza, au Liban, en Irak, en Syrie, au Yémen et dans le golfe Persique, l'axe US-Israël ne cesse de se heurter à cette puissance émergente qui est à la fois militaire et politique, mais encore économique illustré, sur ce point-là, par l’émergence d'un front anti-sanction. En 2020, ce front a atteint même les Caraïbes où la Révolution iranienne ratisse désormais large, faisant craindre la naissance d'une Résistance latino-américaine. Et dire que même en Europe, otage depuis la fin de la Seconde Guerre des États-Unis et du Sionisme, on voit naître une résistance bien différente et qui sort du cadre politiquement correct des syndicaux. C'est une résistance qui fait craindre quand elle mobilise, les Européens aux Pays-Bas, en Finlande, en France et en Allemagne... soit des peuples qu'on croyait à jamais soumis..."
Et l'analyse de conclure : « Et cette Résistance à l'Empire sort aguerrie de plus de 4 décennies de combat, de guerre hybride, de complots et de sédition et elle en est au point désormais à rédiger un pacte de défense commune lequel pacte remet littéralement en cause les coalition de petite et de grande taille que les USA et Israël tentent de mettre sur pied ça et là, et ce, sans réel succès. Tenez cette fameuse normalisation Israël/Émirats/Bahreïn/ Arabie... qui a été à vrai dire un absolu non-événement, les liens de Tel-Aviv avec les régimes golfiens remontant à des années.
"Et bien cette normalisation a du plomb dans l'aile depuis le départ de Trump, ses composantes s'évitant du mieux qu'ils peuvent et faisant tout en coulisse : aux Emirats on déteste les sionistes et à Tel-Aviv on se moque des Émiratis... La normalisation mercantile ne peut donner lieu à des alliances. Or c'est tout le contraire qui s'est produit au sein de l'axe de la Résistance. C'est la foi en principe des peuples souverains et détenteurs du droit à l'autodétermination qui a réuni le Hezbollah, Ansarallah, l'Iran, la Syrie, les Hachd al-Chaabi et évidemment la Palestine au sein de cet axe. C'est le principe d'une région affranchie des puissances colonialistes qui les anime. C'est but sacré qui trouve ses échos, en Afrique de l'Ouest, en Amérique latine même en, Europe... Aujourd'hui, c'est l'an 42 du calendrier des peuples qui savent non à l'Empire, qui savent y tenir tête et surtout qui savent le mettre au pas".