Pourquoi MBS attaque-t-il Assad ?
(last modified Sat, 25 Dec 2021 08:19:03 GMT )
Dec 25, 2021 08:19 UTC
  • Pourquoi MBS attaque-t-il Assad ?

Après la diatribe anti-syrienne très violente de Riyad, Bachar al-Jafari, ex-ambassadeur syrien à l'ONU, a répondu : « La Syrie est trop grosse pour que Riyad s'en occupe. »

Mais pourquoi cette diatribe ?

Dans une note récemment publiée vendredi dans Rai al-Youm, l’éditorialiste connu du journal en arabe cherche à décortiquer la question de la dernière guerre verbale de l’Arabie saoudite contre la Syrie et le président Bachar Assad. Le texte intégral traduit en français est le suivant :

« Il y a plusieurs explications à cette attaque saoudienne contre la Syrie et son président, que nous avons pu obtenir à partir de nombreux contacts avec des sources syriennes proches des décideurs à Damas. Premièrement : des responsables en Arabie saoudite, en particulier le prince Mohammad ben Salman, le dirigeant de facto, se sont mis en colère contre la Syrie, car il existe une croyance selon laquelle c'est elle qui a demandé à M. Sleiman Frangié, son allié au Liban et le chef de la brigade Madara, de nommer le journaliste George Qardahi au poste de ministre de l'Information du gouvernement de Najib Mikati, et a incité Qardahi à ne pas démissionner et à s'excuser pour ses déclarations « offensantes » envers l'Arabie saoudite au sujet de la guerre au Yémen.

Deuxièmement : les quatre rounds de dialogue à Bagdad entre les représentants de l'Arabie saoudite et de l'Iran ont capoté, et la Syrie n'a pas joué un rôle propice au succès des négociations ; Riyad s’attendait à ce que les dialogues finissent par mener à bien la guerre au Yémen.

Troisièmement : l'amélioration rapide des relations syro-émiraties, à un moment où les relations saoudo-émiraties se détériorent, et la visite de Cheikh Abdallah ben Zayed, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, à Damas portant une invitation officielle de son frère Mohammed ben Zayed, prince héritier d'Abou Dhabi, au président syrien pour se rendre aux Emirats, une visite dont la probabilité s'est renforcée après un appel téléphonique entre Assad et cheikh Mohammed ben Zayed, l'Arabie saoudite veut être la première en tout, et coordonner à l'avance avec elle, la considérant comme la « grande sœur ».

Quatrièmement, l'article fort écrit par Buthaina Shaaban, conseillère du président libanais, et publié sur le site Internet de la chaîne Al-Mayadeen, a fortement soutenu la position du ministre Qardahi en refusant de démissionner, afin de ne pas créer un précédent unique, conduisant au succès des futures pressions saoudiennes pour limoger d'autres ministres au Liban.

Cinquièmement : il y a des informations « non officielles », dont l'une dans ce journal, confirmant la tenue d'une réunion au sommet à Doha entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salman lors de leur visite dans la capitale qatarie en même temps, culminant avec la médiation de l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad, et l'un des résultats les plus marquants de cette réunion a été le rétablissement de l'alliance turco-saoudienne contre la Syrie, déclenchant ainsi la mèche de la guerre, en plus d'un accord de coopération économique fort qui sortirait la livre turque de sa crise.

Les autorités syriennes, selon ce que l'une de leurs sources proches a déclaré au journal Rai al-Youm, ont été surprises par la gravité de l'attaque lancée par M. Al-Mouallimi, mais elles préféreraient ne pas se laisser entraîner dans une bataille médiatique, avant de connaître les intentions saoudiennes qui se cachent derrière cette attaque et les raisons qui la sous-tendent.

La position de soutien de la Syrie au ministre Qardahi n'est ni étrange ni répréhensible. L'homme s'est tenu dans la tranchée s'opposant au « complot » qui visait à briser la Syrie et à renverser son régime dès le premier jour. Sa visite au Caire au plus fort de la crise a été « ferme ». Alors pourquoi blâmer la Syrie dans ce contexte.

Les autorités saoudiennes sont dans un état de tension et de confusion, car elles sont soumises à des pressions de plusieurs côtés ces jours-ci, au premier rang desquelles l'évolution de la guerre au Yémen, et la bataille de Maarib en particulier, où les choses ne se passent pas comme elles le souhaitent. En outre, les Américains sont irrités par la découverte de la coopération saoudo-chinoise dans la production de missiles balistiques à Riyad dans des laboratoires et pour cette raison, les Saoudiens subissent des pressions de la part de Washington. Et le troisième point sensible pour Riyad est la conclusion, paix ou guerre, de la Négociations nucléaires de Vienne.

La Syrie, qui a résisté et mené une guerre pendant dix ans contre plus de 65 pays dirigés par l'Amérique, avec la participation de nombreux pays du golfe Persique, à son financement, n'a pas de temps à perdre dans des guerres petites et marginales ».

 

 

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