La Palestine était-elle un territoire vide avant l’occupation ?
(last modified Tue, 03 Jun 2025 09:11:23 GMT )
Jun 03, 2025 09:11 UTC
  • Une image ancienne de la Palestine
    Une image ancienne de la Palestine

Parstoday — Les récits historiques ont toujours joué un rôle déterminant dans la formation de l’opinion publique et la légitimation des actions politiques. L’un des récits les plus controversés est l’image que le régime israélien et ses partisans ont donnée de la terre palestinienne avant la création de cet État. Dans ce récit déformé, la Palestine est présentée comme un territoire vide, inhabité et inutilisé, sans aucune histoire, culture ou population avant l’arrivée du sionisme. Mais était-ce

Le mythe de la « terre vide » est l’un des piliers de la propagande sioniste pour justifier l’occupation de la Palestine. L’affirmation du ministère des Affaires étrangères israélien selon laquelle la Palestine était un désert abandonné en 1800 est totalement fausse et infondée. Les recherches montrent qu’à cette époque, la Palestine était une communauté dynamique, active et verdoyante de type méditerranéen. Les terres agricoles, un réseau de ports commerciaux, les routes terrestres reliant les régions intérieures aux villes historiques comme Beitolmoghadas et Bethléem témoignent du développement et de la vitalité sociale et économique de cette région.

En réalité, le mythe de la « terre vide » est en totale contradiction avec les preuves historiques, archéologiques, culturelles et démographiques. Un examen approfondi de l’histoire de la Palestine avant la création d’Israël montre clairement que cette terre n’était pas un désert abandonné, mais une société vivante, densément peuplée, dotée d’une identité historique et politique bien définie — une réalité que les récits officiels israéliens choisissent délibérément d’ignorer.

Le récit largement diffusé par Israël et ses soutiens prétend que la Palestine, avant l’arrivée du sionisme, était un territoire vide, désertique et inhabité. Ce mythe, encore enseigné dans les manuels scolaires et relayé par les médias officiels israéliens, constitue le fondement idéologique de la justification de l’occupation de cette terre et de la création de l’État d’Israël. Or, les données historiques, les découvertes archéologiques ainsi que les documents locaux et internationaux contredisent clairement cette image falsifiée.

Le nom de « Palestine » est entré dans les sources historiques dès l’époque de l’Empire romain antique. Ce nom fut ensuite utilisé sous l’Empire byzantin (Empire romain d’Orient) pour désigner cette région. À cette époque, les habitants autochtones de la Palestine faisaient partie intégrante de la société impériale. Avec l’avènement de l’islam au VIIe siècle, la Palestine est devenue une terre d’une grande importance pour les musulmans : elle abrite en effet la première qibla (direction de la prière) et le troisième lieu saint de l’islam, la mosquée Al-Aqsa.

Par la suite, la Palestine est restée pendant des siècles une partie du monde arabe et musulman. Même durant des périodes comme les croisades, au cours desquelles le contrôle de la région est temporairement passé aux mains des chrétiens, cette terre est restée au centre des enjeux religieux et politiques des grands empires.

Du XVIe siècle jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, la Palestine fut sous la domination de l’Empire ottoman, une période qui joua un rôle important dans la formation de la société palestinienne contemporaine. Lorsque les Ottomans arrivèrent dans cette région, ils trouvèrent une société majoritairement rurale, musulmane et arabophone. Les Juifs ne représentaient alors qu’environ 5 % de la population, et une petite minorité chrétienne vivait également sur place. Contrairement à la propagande officielle israélienne, les Juifs de cette époque étaient non seulement minoritaires, mais beaucoup d’entre eux s’opposaient aux idées du mouvement sioniste migratoire.

Sur le plan culturel, le peuple palestinien possédait une identité bien définie : il parlait un dialecte arabe spécifique, ses traditions et coutumes locales étaient bien ancrées, et il était reconnu sur les cartes du monde ainsi que dans les documents officiels comme les habitants d’un territoire appelé « Palestine ». Avant l’arrivée officielle du mouvement sioniste, le sentiment d’appartenance à la terre, le nationalisme et la lutte pour l’indépendance se développaient fortement parmi les élites palestiniennes. Le nationalisme arabe, qui émergeait simultanément dans d’autres régions du Moyen-Orient, influença également la Palestine. Ces idées, en partie transmises par des missionnaires américains venus promouvoir le christianisme dans la région, furent rapidement renforcées par les intellectuels arabes sous la forme d’un courant de pensée indépendant.

Des groupes nationalistes musulmans et chrétiens se formèrent rapidement en Palestine, réclamant d’abord l’autonomie, puis l’indépendance vis-à-vis de l’Empire ottoman. Certains Juifs autochtones participaient également à ces mouvements. À l’approche de l’effondrement de l’Empire ottoman, la Palestine était en voie de se définir comme un pays moderne. Des journaux comme « Falastin » au début du XXe siècle reflétaient cette nouvelle identité.

Cependant, à la fin de la Première Guerre mondiale, avec le début du mandat britannique sur la Palestine et la migration forcée des Juifs depuis l’Europe et d’autres régions, l’équilibre historique de cette terre fut profondément bouleversé. Dans ses accords politiques, la Grande-Bretagne n’a jamais clairement défini à qui appartenait la Palestine : aux habitants arabes autochtones ou aux immigrants juifs. Cette ambiguïté a favorisé l’occupation progressive des terres palestiniennes par les sionistes. Par ailleurs, la nouvelle organisation des frontières a aidé les sionistes à présenter « la Terre d’Israël » comme un territoire légitime pour les Juifs.

Alors que le mythe de la « Palestine, terre vide » constitue l’un des piliers principaux de la légitimation d’Israël, les documents historiques, les preuves culturelles et les réalités démographiques montrent tous que la Palestine n’a jamais été vide. Cette terre a toujours fait partie intégrante du monde arabe, vivant et en voie de modernisation et d’émancipation nationale.

Ilan Pappé, auteur du livre Les dix mythes sur Israël, montre dans une étude documentée et objective que le sionisme a tenté, en créant un récit mensonger, d’effacer l’identité de la Palestine et de son peuple.

En réalité, la Palestine avant le sionisme n’était pas seulement habitée, mais constituait une terre vivante, verdoyante, peuplée et dotée d’une identité historique. Le processus naturel d’indépendance et de développement de cette région a été brutalement interrompu par le projet sioniste, ce qui a représenté une véritable catastrophe historique pour les populations qui y vivaient depuis des siècles.