Pourquoi Pékin enverra des soldats à Idlib?
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La Chine s’implique au Moyen-Orient et plus précisément en Syrie.
La décision de la Chine de déployer ses troupes en Syrie préoccupe le président turc Recep Tayyip Erdogan, car une implication chinoise dans la bataille d’Idlib aux côtés de l’armée syrienne reflète un changement stratégique et risque de renforcer les risques de confrontations militaires et politiques.
Le célèbre écrivain et analyste du monde arabe Abdel Bari Atwan a fait paraître un article dans le quotidien Rai al-Youm au sujet d’une éventuelle implication des troupes chinoises dans la bataille d’Idlib.
« Les récents propos de l’ambassadeur de Chine en Syrie Qi Qianjin, qu’il a confiés au quotidien syrien Al-Watan, nous ont apparu bien choquants, car la Chine s’est gardée, pendant le dernier demi-siècle, à l’écart des conflits qui étaient en cours au Moyen-Orient et elle a toujours refusé de déployer de troupes militaires à l’extérieur de ses frontières. Les sources proches du dossier réaffirment que la Chine craint le retour d’individus armés ouïgours, inspirés par les terroristes d’al-Qaïda et de Daech, dans leur pays, ce qui pourrait déclencher une vague d’actions militaires similaires à ce qui s’est passé pendant les sept dernières années en Syrie. De plus, al-Qaïda et Daech accusent Pékin de mettre la communauté musulmane chinoise sous pression, voire de massacrer des Ouïgours. De son côté, le gouvernement chinois dit envoyer ses troupes vers Idlib, en Syrie, afin d’anéantir, lors d’une prochaine bataille, ses ressortissants ouïgours qui se battent actuellement dans les rangs de Hayat Tahrir al-Cham, dont fait partie l’ex-Front al-Nosra, et qui ont accumulé d’importantes capacités de combat. Le but de la Chine est d’empêcher ces éléments de regagner leur région, proche de l’est de l’Afghanistan. Cette décision de Pékin préoccupe sérieusement le président turc Recep Tayyip Erdogan, car une implication chinoise dans la bataille d’Idlib aux côtés de l’armée syrienne reflète un changement stratégique et risque de renforcer les risques de confrontations militaires et politiques.
La Chine et la Syrie entretiennent des relations au beau fixe et les envoyés de Pékin ont effectué, pendant les dernières années, de nombreux ballets diplomatiques en Syrie. D’autre part, la Chine compte parmi les rares pays qui n’ont pas fermé leurs portes à la Syrie au plus fort de la crise, d’autant plus que le président syrien Bachar Assad s’intéresse au modèle économique et politique de la Chine. Bachar al-Assad a même décidé d’envoyer des délégations d’experts en Chine, avant et après le déclenchement de la crise en Syrie, dans l’objectif de profiter des expériences de Pékin. Par ailleurs, nombreux sont les analystes qui prévoient un rôle étendu et majeur du gouvernement chinois dans le processus de reconstruction de la Syrie », indique l’article.
Abdel Bari Atwan a ensuite ajouté que le Moyen-Orient s’était transformé en un nouveau champ d’influence stratégique de la Chine.
Abdel Bari Atwan a conclu que la Chine, en s’investissant au Moyen-Orient, visait à y concrétiser ses objectifs politiques, économiques et militaires via les portes de la Syrie, et plus précisément Idlib.
Désormais, la présence conjointe de la Russie et celle de la Chine en Syrie constitueront une grande source de préoccupation pour les États-Unis, qui ont déjà subi dans ce pays un échec cuisant devant leur rival russe sur tous les plans.