Le triple coup du Hezbollah?

Après les explosions du 4 août à Beyrouth et l’attitude sage et vigilante du Hezbollah libanais avec à sa tête Seyyed Hassan Nasrallah vis-à-vis du piège tendu par les conspirateurs qui ont scénarisé les récents incidents tragiques, plusieurs médias brisent le silence et reconnaissent la popularité du Hezbollah parmi les Libanais, ainsi que son statut important et déterminant dans l’arène politique du pays du Cèdre.

Il s’agit d’une réalité qui est de plus en plus mise en valeur par des analystes politiques, surtout après la visite du président français au Liban endeuillé. D'autant plus qu’en retour, Macron reconnaît qu’à l’image de l’Iran, le Hezbollah en tant que parti élu démocratiquement par la population libanaise et allié fiable du parti chrétien au pouvoir, est un partenaire-clé et incontestable dans les prochaines négociations libanaises et régionales.

Un média arabophone, se rapportant au discours du secrétaire général du Hezbollah libanais vendredi soir, s’est concerté sur trois nouveaux axes majeurs autour desquels pivotait son récent discours, faisant allusion par ailleurs à une nouvelle phase des évolutions au pays du Cèdre, pour laquelle se prépare la Résistance libanaise.

Le journal en ligne Rai al-Youm s’est attardé sur les nouvelles directives du leader du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, lors du quatorzième anniversaire de la guerre de 33 jours. Il rapporte à ce propos que son discours était comme à l'accoutumé émaillé de points essentiels et centré sur trois sujets qui ont retenu l’attention des experts du Moyen-Orient, étant donné leur originalité et l'existence de codes concernant l’avenir du Liban :

Tout d'abord, le secrétaire général du Hezbollah libanais tire la sonnette d’alarme sur une véritable conspiration pour anéantir le Liban. Il s’agit d’un scénario dont la première phase a commencé par le renversement du gouvernement de Hassane Diab, qui vise dans un deuxième temps à renverser le président Michel Aoun et qui est censé finir par le renversement du Parlement de Nabih Berri.  

Le deuxième objectif de ceux qui ont été impliqués dans la crise en cours est d’attiser le feu de la guerre civile pour rendre la restauration de la paix impossible et plonger le pays dans un vrai chaos politique, en renversant le Premier ministre, le président et le président du Parlement libanais.

La troisième hypothèse est que Nasrallah ne récuse pas la possibilité des empreintes étrangères, en particulier le régime d’Israël, dans les deux explosions dévastatrices du 4 août dans le port de Beyrouth. Voilà pourquoi Nasrallah exprime son opposition à toute enquête des experts internationaux ou même à l’intervention des membres de la police fédérale américaine (FBI). Car il estime qu'ils feront tout pour acquitter Tel-Aviv et induire en erreur l’opinion publique, comme cela s'est auparavant produit avec l'enquête sur l'assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafiq Hariri.

Toujours selon le journal de langue arabe, « le principal souci du leader du Hezbollah est de voir le pays s’empêtrer dans une guerre civile et la complicité de certains courants politiques libanais avec les conspirateurs qui se précipitent pour renverser l’État libanais et mettre en œuvre le scénario syrien au Liban. Or il a mis en garde à plusieurs reprises contre ces stratagèmes, cachant en contrepartie sa pleine disponibilité à affronter toute conspiration avec force et sans merci ».

En ce qui concerne l’avertissement de Nasrallah à Israël sur toute implication dans les explosions au port de Beyrouth qui ont fait 200 morts et plus de 6 000 blessés et anéanti la moitié de la capitale, le journal écrit : « Le secrétaire général du Hezbollah a promis qu’en cas d’implication dans les événements dramatiques de Beyrouth, Israël paierait un lourd tribut. »

« Le ton de Nasrallah témoigne du fait qu'il dispose d'informations sensibles en la matière et qu’il est prêt à interagir différemment face au complot éventuel », a-t-il ajouté.

Faisant référence à l’approche clairvoyante et vigilante du leader du mouvement de la Résistance libanaise, Rai Al-Youm en conclut comme suit : « Quand il appelle explicitement les Libanais à calmer leur colère et à faire preuve de retenue, dans l’objectif de déjouer des tentatives de déclencher une guerre civile, cela veut dire que le stade de la tolérance est vite passé. »

« Le Hezbollah est prêt à tourner une nouvelle page dans sa politique envers les ennemis : il a décidé de repenser sa tolérance face à ceux qui ont franchi les lignes rouges, ceux-là même qui sont accusés de collusion avec les États-Unis dans les explosions de Beyrouth qui visaient à déstabiliser le Liban et à désarmer l’axe de la Résistance. […] Quand Seyyed Hassan Nasrallah dit à ses partisans de garder leur colère parce qu'ils en auront besoin, cela signifie qu'une étape est terminée et qu'une autre va commencer. Le mode d'interaction sera différent dès que la patience du Hezbollah arrivera à bout. »