Les FDS attaquent le camp d’al-Hol
(last modified Mon, 29 Mar 2021 10:05:47 GMT )
Mar 29, 2021 10:05 UTC
  • Les FDS attaquent le camp d’al-Hol

10 000 Forces démocratiques kurdes, (FDS), appuyées par la coalition dirigée par les États-Unis, ont lancé dimanche une opération militaire contre un camp tentaculaire du nord-est de la Syrie.

Le balayage de sécurité au camp d'al-Hol se poursuivra au fil du temps et est mené avec le soutien «indirect» du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance fourni par la coalition, ont déclaré dimanche des responsables américains.

Cette attaque est intervenue deux jours après la visite du président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer du camp d'al-Hol dans le nord-est de la Syrie où il a exhorté la communauté internationale à travailler ensemble pour trouver des solutions pratiques sur ce qu'il faut faire avec les milliers de personnes vivant dans le camp.

Le camp d'al-Hol compte une population de près de 62 000 personnes originaires de plus de 60 pays, dont les deux tiers sont des enfants, principalement des membres de la famille des terroristes de Daech. Cette année, le camp d'al-Hol a connu une série de meurtres. Le Rojava Information Center, un groupe de surveillance local, a déclaré lundi à Rudaw English que 43 personnes avaient été tuées en 2021.

Rami Abdul Rahman, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), l’antenne du MI6 basé au Royaume-Uni, a déclaré que 41 « personnes » avaient été tuées dans le camp depuis le début de l'année, dont 30 étaient  d’origine irakienne.

Des sources bien informées ont déclaré à Spoutnik que ces individus avaient été tués pour avoir dérangé des résidents et espionné pour le compte de l'armée américaine.

« C'est un scandale que la communauté internationale permette à un tel endroit de perdurer et que cette situation continue, non pas à cause d'un problème humanitaire insurmontable, mais à cause de divergences politiques qui empêchent de trouver une solution durable pour ceux qui sont bloqués ici dans le nord-est de la Syrie », a-t-il dit, appelant les pays à trouver des solutions pratiques pour tous les résidents du camp.

La visite de Maurer a coïncidé avec les commentaires du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui a rejeté les appels lancés aux membres de Daech pour qu'ils soient traduits en justice dans leur pays d'origine, affirmant qu'ils devraient être jugés pour leurs crimes en Syrie.

« Notre position est claire: les auteurs de ces crimes devraient être jugés sur place lorsque la situation militaire sera clarifiée, ce qui n'est [actuellement] pas le cas », a déclaré Le Drian vendredi.

Human Rights Watch (HRW) a critiqué mardi les États pour ne pas avoir rapatrié leurs ressortissants détenus dans des «conditions inhumaines ou dégradantes» dans le nord-est de la Syrie, notant que la France a refusé de rapatrier une femme atteinte d'un cancer du côlon avancé.

Selon le rapport, l'armée américaine et les FDS ont attaqué le camp, où se trouvent les épouses et les enfants des daechistes et ont tenté de les identifier par les yeux.

Sous la supervision d'officiers et de commandants américains et de la soi-disant coalition internationale anti-Daech les 10 000 hommes ont créé dimanche une bande autour du camp et fermé toutes les entrées.

Les FDS se sont également emparées de plusieurs maisons, les ont transformées en QG et mis en place des points de contrôle le long de la route qui relie le camp d'al-Hol à Hassaké.

Simultanément des hélicoptères américains ont survolé au-dessus du camp al-Hol.

Selon l'agence des Nations unies pour l'enfance (Unicef) la situation sécuritaire dans le camp est alarmante avec les meurtres signalés de 40 adultes et deux enfants depuis le début de l'année, dont 16 au cours du seul mois de mars.

« Dans le nord-est de la Syrie, il y a plus de 22 000 enfants étrangers d'au moins 60 nationalités qui croupissent dans les camps et les prisons », a déploré le directeur régional de l'Unicef, Ted Chaiban, sans fournir de chiffre précis sur les enfants détenus en prison. 

« Les Etats membres de l'ONU devraient faire tout leur possible pour ramener chez eux les enfants actuellement » dans cette région, a-t-il déclaré dans un communiqué.

Plusieurs ONG ont tiré la sonnette d'alarme sur les conditions de vie et le manque de soins médicaux dans le camp d'al-Hol.

Début février le bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha) a réitéré son inquiétude, rappelant que le camp accueille plus de 31 000 enfants âgés de moins de 12 ans.

Au début de 1991, au cours de la guerre du golfe Persique le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a établi un camp de réfugiés dans la banlieue sud d'al-Hol, qui a été exploité en collaboration avec le gouvernement syrien. À la suite de la guerre d'Irak en 2003, le camp a été rouvert plus tard en tant que l'un des trois camps à la frontière irako-syrienne, lorsque l'Irak est occupée par les États-Unis. En 2015, le camp a repris ses activités à la suite des attaques du groupe terroriste Daech contre certains secteurs en Irak et en Syrie. Des familles syriennes et irakiennes qui avaient fui les zones tenues par des terroristes y ont pris refuge.

Après la chute de la ville d'al-Baghouz dans l'est de la Syrie en mars 2019 et la reddition de milliers de familles de Daech d’origine syrienne, irakienne et d'autres ces personnes ont été transférées au camp d'al-Hol. Ils ont été déployés dans une zone séparée afin de ne pas être intégrés avec d'autres déplacés syriens et irakiens.

 

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