Ukraine: Israël, le perdant !
L'éditorialiste de Rai al-Youm estime qu'Israël est le grand perdant de la crise ukrainienne.
La guerre en Ukraine fait la une de Rai al-Youm comme d’autres médias du monde. Il décortique la récente position d’Israël envers l’opération russe dans le territoire voisin. Il est question d’un régime usurpateur qui a tenté de montrer son impartialité vis-à-vis des politiques du Kremlin en Ukraine et en particulier en Syrie, mais il décide tout d’un coup de faire volte-face, au mépris des risques encourus.
Le journal pose comme à l’accoutumé quelques questions clé sur les motifs d’Israël de mettre fin à sa neutralité dans une telle situation sensible : « Comment la politique israélienne de jouer la fausse neutralité dans la crise ukrainienne a-t-elle pris fin ? Et quelle en est la raison principale ? Et pourquoi Israël pourrait être le plus grand perdant ? »
Le chevronné Abdel Bari Atwan donne quelques éléments de réponse : « L’état d’anxiété et de peur vécu par le régime israélien à la suite des développements de la guerre ukrainienne n’est pas plus alarmant que celui provoqué par l’arsenal de missiles balistiques de précision du Hezbollah.
Il est à noter que les dirigeants impliqués dans cette guerre, que ce soit le président russe Vladimir Poutine ou son homologue américain Joe Biden, ne prêtent aucune attention à Israël. Même la proposition de son Premier ministre, Naftali Bennett, d'intervenir en tant que médiateur dans cette crise, a été immédiatement rejetée.
La direction israélienne revendique la « neutralité », mais elle n'est pas du tout neutre. Dès le premier jour de l'entrée du premier char russe sur le territoire ukrainien, Yair Lapid, ministre des Affaires étrangères d’Israël, a annoncé sa venue dans la tranchée, et le délégué israélien a voté en faveur du projet de résolution soumis aux Nations Unies et soumis à l'Assemblée générale. Il a par ailleurs condamné l’opération russe.
Les journaux israéliens ont révélé que Bennett avait demandé aux ministres du cabinet de sécurité de ne faire aucune déclaration sur le dossier ukrainien ou de répondre à toute demande d'assistance de millionnaires juifs russes (oligarchie), pour éviter de fâcher le président Poutine.
L'inquiétude israélienne concernant l'évolution de la crise ukrainienne, et la revendication « fausse » et frauduleuse d'impartialité, est due à la crainte du revirement des Russes dont la politique actuelle consiste à « fermer les yeux » sur les raids israéliens dans les profondeurs syriennes.
La deuxième source d'inquiétude est l'alliance russo-iranienne, qui a gagné en force et en solidité après le déclenchement de la crise, car les dirigeants iraniens ont été les plus rapides parmi leurs homologues (hors Syrie) à soutenir l’opération russe sur le territoire ukrainien. En revanche, la Turquie a pris position en faveur du président ukrainien Zelensky, politiquement et militairement.
L'invocation par le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, des Juifs du monde entier pour soutenir son pays, signifie « Israël » en premier lieu, et ses « lobbies » en Amérique, en Europe et même dans les pays arabes en voie de normalisation.
Les deux parties impliquées mettront les dirigeants israéliens et tous les Juifs du monde devant une option, soit « avec nous ou contre nous », et se cacher derrière l'aide humanitaire ne portera plus ses fruits.
Il y a environ un million et demi de Juifs qui ont émigré de l'Union soviétique lors de son effondrement vers Israël, selon un article sur le site Internet Al-Monitor. Un grand pourcentage d'entre eux sont des Juifs ukrainiens, et un grand pourcentage d'entre eux n'accepteront pas la nouvelle politique d’Israël à l'égard de leur ancien pays (l'Ukraine).
L'importance d'Israël, en tant qu'allié fiable et grande puissance militaire, que ce soit à l'Est ou à l'Ouest, s'érode rapidement, et il est devenu un fardeau pour la sécurité de ses alliés.
Sur le terrain, la montée en puissance militaire de l'Iran a bel et bien changé toutes les équations et les règles d'engagement dans la région. Et dans le contexte actuel, vu les développements en Ukraine, le régime d’Israël ne peut être que le grand perdant de ce conflit.