Prêt ou sécurité : l'Égypte piégée par le renseignement israélien ?
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Pars Today – Le prêt de 8 milliards de dollars accordé à l’Égypte par le FMI sert de prétexte à Israël pour infiltrer en profondeur l’armée égyptienne.
(last modified 2025-09-23T11:15:02+00:00 )
Jul 28, 2025 14:02 UTC
  • Prêt ou sécurité : l'Égypte piégée par le renseignement israélien ?

Pars Today – Le prêt de 8 milliards de dollars accordé à l’Égypte par le FMI sert de prétexte à Israël pour infiltrer en profondeur l’armée égyptienne.

En avril dernier, l’Égypte a annoncé que son fonds souverain allait réviser la structure de cinq entreprises affiliées aux forces armées. Cette révision se fera en collaboration avec plusieurs sociétés internationales, recommandées par le Fonds monétaire international (FMI).

Parmi les entreprises égyptiennes qui feront l’objet de cette révision figurent : la Société nationale de distribution de produits pétroliers, « Chill Out », qui gère les stations-service, la Société nationale des eaux minérales (Safi), « Silo Foods », spécialisée dans l’agroalimentaire, ainsi que la Société nationale des routes et des télécommunications.

Cette démarche de l’Égypte s’inscrit dans le cadre de l’accord conclu en décembre 2022 entre Le Caire et le FMI pour l’obtention d’un prêt de 3 milliards de dollars. En mars 2024, le Fonds a augmenté ce montant de 5 milliards, portant le total du prêt à 8 milliards de dollars. Selon les termes de l’accord, l’Égypte s’est engagée à mettre en œuvre, sur une période de quatre ans, les réformes exigées par le FMI. L’une des principales mesures prévues est la privatisation d’entreprises publiques, en particulier celles liées aux forces armées.

Le Caire est également tenu de publier les rapports financiers des entreprises publiques, en particulier celles affiliées aux forces armées. Cette décision marque un tournant pour l’Égypte, car une grande partie des réformes concerne l’économie contrôlée par l’armée. Pendant quatre ans, les autorités égyptiennes ont tenté d’échapper à ces obligations.

L’un des éléments clés de l’accord est la divulgation et la réévaluation des activités économiques des forces armées égyptiennes depuis 1952. Pourtant, au moins trois cabinets de conseil étrangers mandatés par le FMI pour accompagner cette réforme entretiennent d’importants liens commerciaux avec Israël et y possèdent même des bureaux. Parmi eux figure le Boston Consulting Group, qui a cofondé avec l’armée israélienne la « Fondation humanitaire de Gaza ».

 

Boston Consulting Group : un pied en Égypte, un pied à Gaza

Selon l’accord entre l’Égypte et le FMI, le Boston Consulting Group agit comme conseiller stratégique et commercial principal. Les cabinets PwC et Grant Thornton, quant à eux, fournissent des services de conseil en fiscalité et en comptabilité.

Ces trois cabinets ont réalisé d’importants investissements et maintiennent une présence étendue dans les territoires occupés, en entretenant une collaboration étroite avec l’armée israélienne. C’est notamment le cas du Boston Consulting Group, fondé en 1963 aux États-Unis. Il fait partie des trois plus grands cabinets de conseil en stratégie au monde, avec plus de 100 bureaux répartis dans plus de 50 pays.

Les liens entre le Boston Consulting Group et Israël remontent à plusieurs décennies. La biographie de Benjamin Netanyahu indique qu’il a travaillé comme consultant économique au sein du cabinet de 1976 à 1978. En 2010, le BCG a ouvert un bureau à Tel-Aviv, devenant rapidement l’un des principaux prestataires de services de conseil pour les grandes entreprises israéliennes, y compris dans le secteur de la défense.

Liens entre les cabinets chargés de la privatisation des entreprises militaires égyptiennes et Israël

Selon l’accord conclu entre l’Égypte et le FMI, le cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) est chargé de fournir des services de conseil fiscal et comptable aux entreprises affiliées aux forces armées égyptiennes.

Le cabinet PwC, fondé en 1998 à Londres, entretient des liens étroits avec Israël dans les domaines du conseil et de l’audit. Fait notable : de nombreux experts de l’entreprise ont un passé militaire et travaillent sur des projets liés à la cybersécurité israélienne.

Par exemple, Talia Gazit, directrice du bureau de PwC en Israël, est colonel de réserve dans l’armée israélienne. Le troisième cabinet chargé de conseiller les entreprises affiliées aux forces armées égyptiennes est Grant Thornton. Fondé en 1924 et basé à Londres, ce cabinet international dispose de la septième plus grande réseau d’expertise comptable au monde.

La présence de Grant Thornton dans les territoires occupés remonte à 1955. Depuis, le cabinet y joue un rôle majeur et figure aujourd’hui comme la sixième plus grande société d’expertise comptable en Israël. Tous ses dirigeants dans le pays ont un passé militaire ; par exemple, Mickey Blumenthal, l’un des associés de la firme, est major dans l’armée israélienne.

Étant donné la nature de l’Organisation nationale des services (ONS) de l’Égypte, rattachée au ministère de la Défense, ainsi que le lien direct de ses entreprises avec les forces armées, toute coopération avec des cabinets étrangers entretenant des relations militaires et sécuritaires avec Israël ou les États-Unis soulève de sérieuses interrogations. Ces préoccupations portent notamment sur les types d’informations sensibles auxquelles ces sociétés pourraient avoir accès : données financières, structures organisationnelles, ou encore détails liés à l’appareil militaire égyptien.

Ces interrogations prennent d’autant plus d’importance face aux craintes de fuite d’informations militaires sensibles, susceptibles d’être exploitées pour une ingérence étrangère. Dans un contexte de tensions croissantes entre l’armée égyptienne et Israël, de génocide en Palestine, de pressions israéliennes persistantes pour pousser les Palestiniens à se réfugier en Égypte, et de la crainte constante d’Israël face à la puissance militaire égyptienne, un tel scénario ne semble pas irréaliste.