Pourquoi la démocratie américaine s’efface-t-elle devant les intérêts israéliens ?
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Les manifestants opposés à la coopération de Microsoft avec Israël ont été arrêtés.
Parstoday – La police américaine a arrêté des manifestants qui protestaient contre la coopération de Microsoft avec le régime israélien.
Des sources au sein de l’unité 8200 de l’armée israélienne ont révélé que les données de la plateforme cloud « Azure » de Microsoft ont été utilisées par le régime israélien comme une vaste base d’informations sur les habitants de la Cisjordanie.
Selon ces sources, ces informations ont servi à des fins telles que le chantage, l’arrestation ou même la justification de l’assassinat de personnes ; il est également rapporté que ces données ont joué un rôle majeur dans la planification des attaques militaires du régime israélien contre Gaza et la Cisjordanie.
D'une part, ces révélations ravivent une nouvelle fois les inquiétudes quant à l’instrumentalisation par le régime israélien des technologies occidentales pour réprimer et contrôler le peuple palestinien. D’autre part, l’arrestation collective de manifestants aux États-Unis, opposés à la coopération de Microsoft avec le régime israélien, a de nouveau soulevé la question de la place réelle de la démocratie et des libertés individuelles et sociales que ce pays revendique. Pourquoi, face aux intérêts d’Israël, ces principes semblent-ils s’effacer ? Comment un État qui se présente comme le berceau de la liberté d’expression et qui accuse d’autres de violer les droits humains peut-il réagir de cette manière face aux protestations pacifiques de ses propres citoyens ?
L’arrestation des manifestants opposés à la coopération de Microsoft avec le régime israélien n’est qu’un nouvel exemple révélateur : il montre jusqu’où s’étend réellement la frontière de la liberté aux États-Unis, et comment, dès qu’elle croise les intérêts d’Israël, cette frontière se brise aussitôt. Ce qui s’est apparemment produit, c’est l’organisation d’un rassemblement de protestation suivi de l’arrestation des manifestants. Mais cette réaction illustre clairement que, dans la hiérarchie des valeurs à Washington, la sécurité et les intérêts d’Israël occupent une place supérieure aux droits des citoyens américains. Ce comportement s’inscrit dans le cadre d'une longue histoire de soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. Depuis 1948, les États-Unis ont fourni des milliards de dollars d’aide militaire et économique à ce régime, ont à maintes reprises bloqué par leur droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU des résolutions critiques à l’égard d’Israël, et ont constamment défendu les politiques de Tel-Aviv sur la scène politique.
Comme on l’a vu ces derniers mois, la répression des vastes mobilisations étudiantes dans de prestigieuses universités américaines a conduit à l’expulsion, à l’arrestation et aux menaces contre des étudiants contestataires. En réalité, au lieu de devenir des foyers de dialogue libre, les campus se sont transformés en terrains de répression de la liberté académique. Ces mesures montrent clairement qu’aux États-Unis, la liberté d’expression est sélective : elle ne s’exerce que tant que vos paroles ne sont pas en conflit avec les intérêts d’Israël.
Cette contradiction apparaît alors même que, depuis des décennies, les États-Unis s’efforcent d’exploiter l’image d’un défenseur de la liberté comme outil de leur puissance douce. Mais lorsque, dans les rues de New York ou sur les campus de Harvard et de Columbia, les manifestants anti-guerre sont réprimés, ou que dans les locaux d’une entreprise technologique des employés sont arrêtés pour avoir protesté, il devient difficile de parler encore d’une démocratie prétendument enracinée aux États-Unis.
Par ailleurs, l’instrumentalisation des technologies occidentales à des fins militaires par Israël soulève également d’importantes questions d’ordre éthique. Des entreprises comme Microsoft ou Google ont, à plusieurs reprises, été accusées de collaboration indirecte dans des projets militaires israéliens. Lorsqu’il apparaît que les données des utilisateurs hébergées sur des plateformes cloud peuvent se retrouver entre les mains d’une armée qui s’en sert pour planifier des attaques ou procéder à des arrestations arbitraires, la question ne relève plus seulement de la politique étrangère : elle touche aussi à la confiance du public envers la technologie et à la nature même de la responsabilité des sociétés multinationales. La réponse de Microsoft, qui affirme ignorer le type de données utilisées par Israël, n’apparaît pas donc justifiable dans ce contexte.
En réalité, ce qui se passe actuellement aux États-Unis ressemble à une mise en scène de la démocratie. Chaque fois que les intérêts d'Israël sont menacés, les principes proclamés de respect de la démocratie et de la liberté d'expression sont rapidement mis de côté. D'autre part, de telles réactions mettent en lumière la position ambiguë, voire multiple, de Washington : un pays qui impose des sanctions à d'autres en raison de violations des droits humains, mais qui reste silencieux, voire réprime ses propres manifestants, face aux violations flagrantes de ces mêmes droits par son plus proche allié. Comment ce pays peut-il prétendre instaurer la démocratie sur son sol dans ces conditions ?
L'arrestation des employés de Microsoft et la répression des étudiants ne sont que des exemples d'un phénomène plus large. Un phénomène où Israël est devenu une priorité fondamentale dans la politique intérieure et extérieure des États-Unis, reléguant ainsi toute autre valeur au second plan. Dans ce contexte, il convient de voir les États-Unis comme une puissance dont les principes s'effondrent facilement face aux politiques régionales et aux pressions des lobbies sionistes. Ce qui se joue de manière évidente, c’est que la « démocratie américaine », face aux intérêts israéliens, non seulement s’estompe, mais se transforme en une simple mise en scène dénuée de sens.