Pourquoi Trump convoite la base militaire de Bagram en Afghanistan ?

Pars Today – La grande capacité opérationnelle de la base de Bagram, les ressources minières de l’Afghanistan, la proximité du pays avec la Chine et le renforcement de l’influence américaine en Asie centrale figurent parmi les principales raisons qui poussent le président américain Donald Trump à convoiter à nouveau la base stratégique de Bagram.

La base de Bagram, autrefois centre névralgique des opérations militaires américaines en Afghanistan, est aujourd’hui devenue un enjeu stratégique majeur dans les rivalités géopolitiques entre Washington, le gouvernement Taliban et les puissances régionales.

Le président américain Donald Trump a récemment déclaré publiquement son intention de reprendre la base militaire de Bagram, menaçant même que « de mauvaises choses » pourraient arriver à l’Afghanistan si les talibans ne la rendent pas aux États-Unis. Cette base, abandonnée lors du retrait chaotique des troupes américaines en 2021, est tombée aux mains des talibans quelques semaines plus tard. De leur côté, les autorités talibanes ont fermement rejeté toute possibilité de retour des forces américaines à Bagram, affirmant qu’elles n’autoriseraient jamais le redéploiement de troupes étrangères sur le sol afghan.

Pourquoi Washington veut reprendre pied à Bagram : quatre enjeux clés

1. Position géographique et menaces

Située à environ 800 kilomètres de la frontière chinoise, la base de Bagram représente un point stratégique majeur pour surveiller les activités militaires de la Chine et établir une présence avancée face à l’expansion de l’influence de Pékin dans la région. Alors que la Chine développe rapidement ses capacités militaires et multiplie les bases de missiles dans la région du Xinjiang, elle est perçue comme une menace sérieuse par les États-Unis. Bagram offre à Washington une position idéale pour observer de près les opérations chinoises sur le terrain et exercer une surveillance efficace sur ces activités.

2. L’accès aux ressources minières de l’Afghanistan

Grâce à ses vastes réserves de minerais, l’Afghanistan est devenu une source stratégique majeure pour l’approvisionnement en matières premières destinées aux industries de pointe. La valeur de ses ressources non pétrolières — notamment le lithium, le cuivre, l’or, le fer et d’autres métaux rares — est estimée à plus de 3 000 milliards de dollars. Le lithium, en particulier, place l’Afghanistan au cœur de la production de batteries électriques, de véhicules à énergie propre et de systèmes renouvelables. Dans un contexte de rivalités géopolitiques et économiques, l’accès à ces ressources représente un levier crucial pour des puissances comme les États-Unis et la Chine, qui cherchent à réduire leur dépendance aux minerais étrangers et à renforcer leur influence sur les marchés mondiaux.

3. Enjeu stratégique en Asie centrale

L’Asie centrale, riche en gaz et en pétrole — notamment au Turkménistan et en Ouzbékistan — devient progressivement un champ de bataille géostratégique pour l’accès aux ressources énergétiques et minières. La reprise de la base de Bagram offrirait aux États-Unis une opportunité de renforcer leur influence dans une région largement dominée par la Chine et la Russie. Compte tenu de la position géographique de Bagram, voisine du Pakistan, de la Chine, de l’Iran et de la Russie, Washington viserait à rétablir sa présence militaire afin d’intervenir plus activement dans les affaires des pays qui ne s’alignent pas sur sa politique.

4. La haute capacité opérationnelle de Bagram

En tant que l’une des plus grandes bases militaires d’Afghanistan, Bagram dispose de deux pistes d’atterrissage très longues, capables d’accueillir des bombardiers et des avions cargo lourds tels que le C-5 Galaxy. Ces infrastructures offrent aux États-Unis la possibilité d’intervenir rapidement et efficacement en cas de crise future en Asie du Sud ou en Asie de l'Ouest.

Les coûts du retour à Bagram pour Trump et les États-Unis

Un éventuel retour des États-Unis à la base de Bagram risquerait d’engager le pays dans une nouvelle spirale de dépenses, comme ce fut le cas par le passé en Afghanistan et en Irak. Les coûts financiers liés à cette décision — incluant des milliards de dollars pour la reconstruction des infrastructures et l’approvisionnement en équipements militaires de pointe — ne représentent qu’une partie des lourdes charges que Washington devrait assumer.