Quand le citoyen devient l’ennemi : la police américaine sous les armes
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Pars Today – L’armée américaine s’est transformée d’une force de guerre en un instrument de contrôle intérieur ; un processus qui, en fusionnant les rôles de la police et des militaires, efface la frontière entre sécurité et répression
(last modified 2025-11-08T11:20:29+00:00 )
Oct 22, 2025 04:43 UTC
  • Déploiement des Marines américains à Westwood aux États-Unis
    Déploiement des Marines américains à Westwood aux États-Unis

Pars Today – L’armée américaine s’est transformée d’une force de guerre en un instrument de contrôle intérieur ; un processus qui, en fusionnant les rôles de la police et des militaires, efface la frontière entre sécurité et répression

Le site The New Arab, dans un article signé par Hossam el-Hamalawy et rédigé avec une perspective historique et approfondie, écrit que la transformation progressive de l’armée américaine, passée d’une force purement militaire à une force policière et de contrôle social, constitue l’un des développements les plus importants et les moins remarqués dans la structure du pouvoir aux États-Unis, tandis que l’attention du public, ces dernières décennies, s’est davantage portée sur la « militarisation de la police ».

L’auteur souligne que la « policiarisation de l’armée américaine », ou plus précisément sa transformation en un instrument direct de contrôle intérieur, est un processus dont le caractère invisible et discret a empêché qu’il attire l’attention du public.

Pendant la Guerre froide, avec le recul des puissances coloniales européennes et l’essor des mouvements de libération nationale dans le Sud global, les États-Unis se sont trouvés confrontés à une nouvelle crise. D’un côté, ils ne pouvaient plus intervenir militairement de façon directe et permanente dans les anciennes colonies ; de l’autre, ils craignaient la propagation des idéologies de gauche et anti-occidentales.
C’est dans ce contexte qu’est née la doctrine de la contre-insurrection — une doctrine visant non seulement à réprimer les soulèvements dans les territoires colonisés, mais aussi à contrôler préventivement les populations et à gérer les sociétés urbaines.

Cette transformation ne s’est pas limitée aux États-Unis ; l’expérience coloniale de la France en Algérie et de la Grande-Bretagne en Malaisie a abouti au même constat : la victoire sur les rébellions ne se gagne pas uniquement par la force militaire, mais par des réseaux de surveillance, la police et la gestion des populations.

Selon le théoricien français, David Galula, la contre-insurrection véritable est une forme de « travail policier » — une phrase qui est devenue le slogan des doctrines de sécurité après la Seconde Guerre mondiale.

Ainsi, la frontière entre l’armée et la police s’est progressivement estompée. Les armées, autrefois conçues pour le combat extérieur, ont désormais assumé des missions policières : de la collecte de renseignements et de l’identification des ennemis intérieurs au contrôle des manifestations, à la protection des frontières, et même à la surveillance des migrants.
En parallèle, la police, en intégrant technologies et tactiques militaires, est devenue une force plus combative et plus brutale.

Dans son analyse finale, El-Hamalawy alerte sur le fait que les États-Unis, en tant que puissance impérialiste, n’appliquent pas ce modèle de répression et de contrôle uniquement sur leur territoire, mais l’exportent également à travers coopérations militaires et programmes de formation à travers le monde.
De Bagdad après 2003 aux rues de Los Angeles, de l’Afghanistan à la Floride, l’armée américaine apparaît comme une police mondiale dont la mission n’est plus simplement la défense ou la guerre, mais la « gestion des populations ».

Selon l’auteur, ce processus entraîne la mort progressive de la démocratie et de la sécurité civile. En effet, lorsque l’armée se transforme en police et la police en armée, la frontière entre « citoyen » et « ennemi » disparaît, et c’est précisément à ce moment que la société libre se transforme en un camp permanent destiné à « maintenir l’ordre ».