Feb 22, 2017 08:53 UTC
  • Nowrouz tourne une nouvelle page…

Douce est la brise au printemps caressant la joue des roses Doux un visage charmant dans les fleurs fraiches écloses D’hier qu’est-ce que tu chantes ? Tu m’attristes. Tu m’ennuies. Goûtons ce bel aujourd’hui, car douce est l’heure présente. (Khayyâm)

Bien que vieille de plus de 3000 ans, le Nowrouz cette tradition iranienne n’a pas perdu même une once de sa fraîcheur d’antan, et a même pris une nouvelle importance à une époque où l’on tend de plus en plus à vivre loin de la nature. Le Nowrouz peut ainsi été considéré comme une invitation à établir de nouveau un lien avec la nature renaissante : outre le traditionnel nettoyage de la maison, Nowrouz signifie aussi faire germer des grains de blé, porter de nouveaux vêtements, donner et recevoir des billets d’argent tout neufs, quitter la maison au treizième jour et passer la journée dans la nature (sizdeh bedar)...

 

L’une des fêtes héritée de la Perse ancienne, le Nowrouz, la fête du bien, de la pureté et de l’honnêteté est, enfin, arrivée.

Avec une ancienneté de plus de 3000 ans, le Nowrouz est la grande fête des territoires vastes et anciens imprégnés de culture iranienne ; une fête qui, au fil du temps, a accueilli des idéaux et des idéologies variées. L’étendue géographique du Nowrouz s’étale depuis la Chine jusqu’à la Méditerranée. Bien qu’ils aient pris des formes variées, dans différentes régions de cette vaste étendue, les rituels du Nowrouz ont conservé leur origine persane. Et c’est pourquoi beaucoup d’experts considèrent cette tradition ancienne persane comme l’un des plus grands patrimoines spirituels de l’humanité. L’Organisation des Nations Unies vient, ainsi, d’enregistrer le Nowrouz, sur sa liste du patrimoine mondial de l’humanité. Le Nowrouz est devenu, de nos jours, la langue commune de millions de personnes, dans différentes régions du monde.

 

Aujourd'hui, la fête de Nowrouz est célébrée dans de nombreux pays qui ont été des territoires ou qui ont été influencés par l'Empire Perse: en dehors de l'Iran, on peut citer l'Irak, l'Afghanistan, des parties du Moyen-Orient aussi bien que dans les ex-républiques soviétiques du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan, et du Kirghizstan. Le 21 mars, correspondant au Nowrouz, a été reconnu le 23 février 2010, comme la "Journée internationale de la Culture de la Paix" par l'Assemblée générale de l'ONU. Le projet de résolution de la Journée internationale de Nowrouz a été adopté à l'unanimité, reconnaissant cette fête d'origine perse comme une journée internationale. Dans le cadre d'une initiative commune, l’Iran, la République d'Azerbaïdjan, l'Afghanistan, le Tadjikistan, la Turquie, le Turkménistan, le Kazakhstan et le Kirghizstan avaient rédigé conjointement cette résolution. Projet initial de la résolution a été signé, le 23 novembre 2009, au siège de l'ONU, à New York, par les ambassadeurs de ces pays.

Ce projet qui s'inscrit totalement dans le cadre des objectifs prônés par la Charte de l'ONU et la Convention internationale de sauvegarde du patrimoine culturel, explique notamment que le Nowrouz symbolise l'unité culturelle et des traditions vieilles de plus de trois millénaires, célébrées par plus de 300 millions de personnes dans le monde, dans une vaste aire géographique allant du Moyen-Orient à l'Asie centrale, en passant par le Caucase, les pays riverains de la Mer noire et les Balkans.

Le Nowrouz avait déjà été inscrit le 30 septembre 2009 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO.

Nowrouz est également très présent dans les légendes et la littérature classique iranienne, et renvoie à certaines croyances profondes des Iraniens. Ferdowsi évoque dans son Shâh-Nâme que le Nowrouz est le jour où Djamshid, le quatrième roi de la plus ancienne dynastie légendaire iranienne, accéda au trône. La littérature persane classique confère toujours un aspect spirituel et mystique au printemps en le comparant avec la notion de Résurrection. Les poètes classiques considèrent Nowrouz comme la fête nationale et religieuse et le printemps comme le reflet de la beauté et le pouvoir résurrecteur de Dieu. Beaucoup d’entre eux ont également été inspirés par des versets coraniques faisant allusion à l’existence d’une vie après la mort en donnant l’exemple du printemps et de la renaissance de la nature. Selon les légendes iraniennes, Nowrouz est aussi le jour de la mort de Siâvash, héros légendaire iranien. Ce jour légendaire symbolise donc le mouvement et l’évolution, et associe étroitement poésie, mythe et réalité.

 

La tradition principale de Nowrouz est la mise en place de Haft Sîn -les sept ‘S’, sept objets dont le nom commence par la lettre S ou "sîn" de l’alphabet persan, qui sont sept objets spécifiques disposés sur une table.

 Aujourd’hui, ils ont été un peu modifiés mais le symbolisme demeure. Chaque famille essaie d’orner sa table de Haft Sîn de la plus belle manière, puisque le sens spirituel est aussi important que la façon dont ils sont disposés et que les visiteurs voient cette disposition comme une réflexion de leurs goûts. En premier lieu on met le saint Livre, le Coran, rappelant l’importance qu’accordent les Iraniens à leurs convictions religieuses.

 

Les Haft Sîn sont:

Sabzeh - germes de blé ou de lentille poussant dans un plat symbolisant la renaissance

Samanu - un gâteau très sucré fait de germe de blé symbolisant l’abondance

Senjed - le jujubier (symbolisant l’amour)

Sîr –l’ail  rappelant ses vertus curatives

Sîb – la pomme symbole de la beauté et de la bonne santé

Somaq - les baies de sumac rappelant la couleur du lever du soleil

Serkeh - vinaigre  symbolisant l’âge et la patience

Sonbol - la jacinthe annonçant l’arrivée du printemps

Sekkeh – des pièces d’argent symbole de prospérité

D’autres objets sur la table peuvent inclure les suivants:

Bougies allumées  incarnant le bonheur

Le Miroir pour son reflet de la lumière

Œufs peints, peut-être un pour chaque membre de la famille, symbolisant la fertilité

Des poissons rouges symbole de la vie

Nowrouz est conforme à la diversité ethnique et territoriale de l’Iran ainsi qu’à la diversité alimentaire des différentes régions. Dans la culture iranienne, certains jours et mois sont accompagnés par un régime alimentaire particulier. La fête de Nowrouz fait partie des coutumes qui ont leurs propres plats, leurs gâteaux et leurs fruits secs. Alors, pendant les jours qui aboutissent à Nowrouz, juste au moment du début du nouvel an et pendant les vacances de Nowrouz, les Iraniens consomment un éventail de plats les plus divers.

Le plat le plus populaire réservé aux festivités de Nowrouz s’appelle Samanou. Samanou fait partie de sept objets dont le nom commence par la lettre S ou "sîn" de l’alphabet persan, qui sont sept objets spécifiques disposés sur une table. C’est un gâteau très sucré fait de germe de blé symbolisant l’abondance.

Les plats réservés au réveillon et au jour de l’An sont vraiment divers : du riz aux herbes avec du poisson, de l’omelette aux légumes, du potage et du poisson. Ghormeh Sabzi, une sauce à base de viande et des herbes, se sert aussi, au réveillon, dans la plupart des régions de l’Iran notamment dans les zones montagneuses.

 

A Hamedan, dans l’Ouest, les gens préparent une sorte de bouillon et un  plat composé de datte, de noix de coco, d’œuf, de prune, d’oignon et d’épices. Ce plat est consommé avec du condiment. Les habitants de Zanjan préparent, à la veille du nouvel an, du poisson au riz. Les familles riches ornent le riz avec du safran et les familles moins riches par des nouilles. Le poisson est le premier choix des Iraniens pour la veille du nouvel an car ils croient qu’il symbolise la vie. Les habitants de Mazandéran font aussi du riz aux herbes et du poisson alors que les habitants du Gilan préparent un plat local intitulé Torshi Tareh composé des herbes locaux, de l’ail, des œufs et du riz.

L’un des plats les plus anciens et les plus originaux des Iraniens s’appelle « Reshteh polo », riz aux nouilles. Les Iraniens croient qu’ils pourront mener bien leurs affaires pendant la nouvelle année en mangeant du riz aux nouilles au réveillon. Ayant la même idée, les habitants de Téhéran en mangent au jour de l’An.

A Arak, une ville du centre de l’Iran, on prépare une sorte de pain intitulé Fatir.

 

Les habitants d’Azerbaïdjan font aussi les différentes sortes de farces comme la farce à la viande, la face aux herbes, la farce au riz et la farce aux céréales. Ils croient que leurs vœux seront réalisés pendant la nouvelle année en mangeant des farces au réveillon. Les habitants de Khorasan, dans le nord-est de l’Iran, mangent du riz aux herbes avec du poisson à la veille du nouvel an et une sauce appelé Qeymeh et le riz aux nouilles au premier jour du nouvel an. A Khorasan, il existe des familles qui croient pouvoir bien mener leurs affaires pendant la nouvelle année en mangeant du potage au premier jour du nouvel an.

Au dernier jour des vacances de Nowrouz, les Iraniens se rendent dans la nature pour ainsi commencer la nouvelle année par le respect à la nature. A ce jour, on prépare différentes sortes de potage comme le potage aux nouilles, le potage au yaourt, le potage à la viande, le potage à l’orge et les potages locaux à base des herbes. En plus, les Iraniens mangent, au dernier jour des vacances de Nowrouz, de la laitue avec une sauce sucrée à base de menthe et de vinaigre.

 

Le Nowrouz est également l’une des rares occasions d’aller rendre visite à l’ensemble des membres de la famille, en commençant par les plus âgés. On va même voir les familles en province. Si l’un de ses membres est décédé, on se rend sur sa tombe et on partage sa joie avec lui en allumant des bougies. On essaie de réconcilier tous ceux qui se sont fâchés. Et quand l’heure du nouvel an arrive, les familles iraniennes se réunissent autour d’une nappe et font une prière pour obtenir santé et prospérité.

 

O Toi qui fait évoluer le cœur et l’œil

O Toi qui gère l’alternance du jour et de la nuit

O Toi qui fait changer les années et les états d’âme

Change notre état en le meilleur état !