Jul 28, 2021 13:23 UTC

Le 23 juillet, soit 4 jours avant ce que le camp pro US/pro Israël tend de plus en plus de décrire comme un coup d'État anticonstitutionnel du président Saeïd, juriste de formation, la Tunisie, "État le plus endetté du monde" puisque le Printemps arabe en a fait un otage du FMI, a annoncé avoir remboursé l'emprunt obligatoire de 506 millions de dollars, 500 millions de dollars en principal et 6 millions en intérêt soit l'équivalent de 1.412,6 millions de dinar.

Le rapport affirmait surtout que l'emprunt avait comme garant les USA eux-mêmes et que ce modus operandi tunisien, n'ayant pas plu aux Américains, risquait de fermer de facto toute possibilité de prêts supplémentaires surtout que Tunis refuse de "prévoir des réformes Fmistes" et d'avoir même un calendrier pour de nouveaux prêts. 

En termes de soutien au peuple tunisien, Saeïd a dû n'avoir rien à jeter à la figure de Blinken. Mais c'est le peuple tunisien qui le fera à sa place. Depuis 48 heures, ce dernier fait la sourde oreille aux appels à la manifestation lancés à tue-tête par les Fréristes. Aux dernières nouvelles, Kais Saeïd bénéficie du soutien des institutions sécuritaires et militaires après avoir rencontré leurs dirigeants. Le mouvement semble soigneusement calculé. Il y a également l’absence d’une prise de position directe de la part de la Confédération tunisienne du travail, l'une des branches politiques les plus influentes, indépendantes et efficaces du pays, par rapport à la démarche du président. Par contre, le secrétaire général adjoint de la Confédération a indirectement soutenu le président, déclarant que ses mesures n’étaient pas contre la Constitution et que le parti a adopté une position similaire. Puis, des dizaines de milliers de personnes ne sont pas descendues dans la rue pour soutenir la coalition « Ennahdha » comme on s'y attendait, et un petit nombre de députés ont rejoint le président devant le Parlement après sa fermeture par les forces de sécurité. 

Le Tunisien Kais Saïed a intelligemment empêché les escalades et la propagation du chaos. Il a attendu que l'état de colère et de ressentiment populaire atteigne son paroxysme et que ses adversaires partagent leur conviction sur la faiblesse du parti pour prendre des mesures décisives comme celles qu'il a prises la nuit dernière : la destitution du Premier ministre « dissident » et le gel des travaux du Parlement plutôt que sa dissolution. 

Ayssar Midani, analyste franco-syrienne des questions internationales et Luc Michel, géopoliticien, s'expriment sur le sujet.

 

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