Mosquées historiques de Chiraz ; un reflet de lumière, de couleur et de spiritualité
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Mosquées historiques de Chiraz ; un reflet de lumière, de couleur et de spiritualité
Pars Today – Au cœur de l’histoire iranienne, Chiraz rayonne par ses mosquées, véritables chefs-d’œuvre architecturaux et lieux de spiritualité.
Les édifices de la ville de Chiraz, construits au fil des siècles, racontent une histoire fascinante d’évolution artistique, de ferveur religieuse et d’un dialogue intemporel avec le passage du temps. De l'ancienne mosquée Jameh, qui met en valeur les racines islamiques ancestrales de la ville, à la splendeur colorée de la mosquée Nassir-ol-Molk, joyau de l’époque qadjare, célèbre pour son jeu poétique de lumière et de couleur, l’architecture religieuse de Chiraz offre au visiteur un voyage incomparable.
Avec ses caractéristiques esthétiques et son récit historique propres, chaque mosquée constitue une part du riche tissage culturel de Chiraz. Une ville qui n’est pas seulement célèbre pour ses jardins et sa poésie, mais aussi reconnue comme l’un des hauts lieux de l’art islamique et de la spiritualité ; un endroit où chaque carreau, chaque voûte et chaque colonne murmure des récits de foi et de génie artistique.
L'ancienne mosquée Jameh de Chiraz
L'ancienne mosquée Jameh de Chiraz, également connue avec respect sous le nom de mosquée Atigh, est considérée comme l’un des piliers essentiels de l’histoire spirituelle et architecturale de la ville. Édifiée en l’an 894 après Jésus-Christ, sous la dynastie des Saffarides, cette mosquée est devenue l’un des plus anciens monuments islamiques de tout l’Iran. Ce lieu sacré occupe une place particulière grâce à son architecture unique en son genre.
La partie la plus étonnante de cette mosquée est le « Khodaïkhaneh » ou « Dar al-Mos’haf » ; une structure cubique et mystérieuse, érigée au VIIIᵉ siècle de l’hégire sur ordre du roi Sheikh Abou Ishaq Inju, contemporain du grand poète Hafez, au centre de la cour principale.
Ce bâtiment particulier, parfois désigné par l’expression poétique « la seconde Kaaba », était un lieu sacré dédié à la récitation, la transcription et la conservation du Saint Coran. Les quatre minarets situés à ses coins, ainsi que sa structure de pierre et de plâtre, ont créé au cœur de la vaste cour de la mosquée un lieu majestueux de dévotion et de savoir.
L’entrée nord de la mosquée, d’une splendeur éblouissante, est connue sous le nom de « Porte des Douze Imams » ; des carreaux de céramique y portent les noms des imams chiites. Cette partie est le résultat des somptueuses restaurations de l’époque safavide, et sa voûte à muqarnas ainsi que ses inscriptions en mosaïque témoignent du soutien continu apporté à l’art sacré au fil des différentes dynasties.
La mosquée Nassir-ol-Molk
La mosquée Nassir-ol-Molk, chef-d’œuvre incomparable de l’époque qadjare, dépasse sa fonction première de lieu de culte pour se transformer en une symphonie de couleurs, de lumière et de formes. En raison de la prédominance du rose dans ses somptueuses faïences, elle est devenue célèbre sous le nom de « Mosquée rose ».
Cette mosquée était construite sur l’ordre de Mirza Hassan Ali Khan Nassir-ol-Molk et achevée en douze ans par le maître architecte Mohammad Hassan Memar. Par son art exceptionnel de la céramique et du muqarnas, elle est considérée comme la mosquée la plus précieuse d’Iran, représentant l’apogée des ambitions ornementales dans l’architecture islamique.
La façade extérieure de la mosquée constitue une introduction saisissante à la beauté de son intérieur.
L’entrée principale, connue sous le nom de « Voûte de la Perle » (Tâgh-e Morvârid), présente un iwan en retrait orné de faïences polychromes à sept couleurs, décorées de motifs délicats de roses et de lys ; un hommage fleuri à la ville de Shiraz.
Mais la véritable merveille se révèle dans la salle de prière ouest de la mosquée, où la lumière matinale, traversant de grandes fenêtres aux vitraux colorés, projette un spectre éblouissant de couleurs sur les tapis persans et les voûtes polychromes soutenues par de minces colonnes torsadées.
Ce spectacle quotidien de lumière transforme l’espace sacré en une toile vivante, où des arcs-en-ciel éphémères dansent sur des surfaces ornées de motifs arabesques et de mosaïques géométriques, créant une atmosphère spirituelle et artistiquement incomparable.
En définitive, la mosquée Nassir-ol-Molk se dresse comme un chef-d’œuvre incontesté de la synthèse esthétique ; un lieu où la passion qadjare pour la splendeur ornementale a su employer l’essence même de la lumière comme un médium à la fois divin et artistique.
La mosquée Vakil
La mosquée Vakil, construite à la fin du XVIIIᵉ siècle sur l’ordre de Karim Khan Zand, incarne la vision architecturale puissante et ambitieuse de son époque. Le nom de cette mosquée, qui signifie « Vakil », fait référence à une période de prospérité culturelle et de stabilité politique à Shiraz.
Cette mosquée est reconnue comme un ensemble religieux d’une profonde valeur artistique et historique, par son ampleur monumentale et la noblesse imposante de ses éléments architecturaux.
Son plan architectural constitue une réponse magistrale aux contraintes urbaines ; l’entrée de la mosquée est conçue selon un angle de quatre-vingt-dix degrés afin d’aligner sa vaste cour sur la qibla, tout en maintenant une harmonie parfaite avec le bazar Vakil voisin ; une solution qui témoigne d’une extraordinaire maîtrise géométrique.
L’âme artistique de la mosquée se manifeste dans ses deux espaces principaux : la salle de prière sud, vaste hall soutenu par quarante-huit colonnes monolithiques en pierre, finement sculptées de motifs en spirale majestueux portant une haute voûte de brique et un mihrab orné de faïences à sept couleurs, qui rayonne d’une intense spiritualité.
Cette salle de prière est également ornée d’une chaire en marbre vert taillée d’un seul bloc ; Une œuvre d’art à quatorze marches, dont la réalisation était si coûteuse que Karim Khan aurait déclaré qu’un minbar en or massif aurait coûté moins cher, une remarque qui illustre parfaitement la haute valeur accordée à l’art à cette époque.
L’iwan de la Perle, au nord, flanqué de deux minarets de vingt mètres revêtus de faïences colorées, ainsi que la salle de prière d’hiver à colonnes située à l’est, complètent un ensemble admiré par l’archéologue française Madame Dieulafoy. Elle croyait que chaque carreau de céramique de cette mosquée est à lui seul un chef-d’œuvre, digne d’être comparé aux plus grandes œuvres d’art de l’Occident.
La mosquée Vakil est véritablement un témoignage durable de l’engagement de la dynastie Zand à créer une architecture à la fois spirituellement profonde et artistiquement éclatante.
La mosquée Moshir
La mosquée Moshir, l’un des édifices religieux les plus remarquables de l’époque qadjare, illustre le raffinement et la délicatesse esthétique de l’architecture iranienne du XIXᵉ siècle.
Sa construction fut ordonnée par Abolhassan Khan Moshir-ol-Molk.
Située dans le quartier historique de Sang-e Siah, à proximité du sanctuaire sacré de Shah Cheragh, cette mosquée possède un fort potentiel pour devenir l’un des pôles du tourisme religieux de Shiraz.
Ses attraits artistiques constituent une partie précieuse du patrimoine culturel de la ville.
La valeur historique et esthétique de l’édifice se manifeste dans ses superbes faïences, dont les détails raffinés et la qualité artistique exceptionnelle font de cette mosquée un lieu incontournable pour les amateurs des arts décoratifs islamiques.