Aug 23, 2021 12:49 UTC
  • Pourquoi Amman se tourne vers Damas ?

A l’appui d’une approche réaliste, Amman a fini par conclure qu'il n'y avait pas d'autre moyen que de s'engager avec Damas pour compenser les dommages qu’il a subis en suivant la politique de Washington envers la Syrie.

Le Kremlin a annoncé vendredi dernier dans un communiqué que le président russe accueillerait le roi Abdallah II de Jordanie ce lundi à Moscou. La dernière rencontre entre Poutine et Abdallah II remonte à octobre 2019 à Sotchi.

Le site Web Arab 21 faisant référence à l’analyste arabe Mohammad al-Asran a écrit sur la rencontre des deux hommes que l'accent était mis sur la question syrienne et les préoccupations d'Amman concernant la réforme de sa politique étrangère envers Damas afin d'éviter de nouvelles pertes.

« Une réaction diplomatique a récemment commencé sous la direction de la Jordanie, l'un des problèmes les plus importants étant la question syrienne », a-t-il écrit, en ajoutant que « le Royaume de Jordanie, en coopération avec l'Égypte et certains pays du golfe Persique, cherche à réintégrer la Syrie dans la Ligue arabe ».

Le roi de Jordanie Abdallah II doit rencontrer le président russe Vladimir Poutine à Moscou, ce lundi 23 août, pour discuter de diverses questions ; le Kremlin dit que la plus importante question à examiner est l’affaire syrienne.

Reste à savoir quelles sont les motivations les plus importantes d'Aman pour se tourner vers Damas ?

« La Jordanie appelle à une solution politique à la guerre syrienne depuis le début de la crise syrienne, bien qu'elle ait été indirectement impliquée dans la crise à cause de pressions ». Voilà ce que déclare l’ex-président de l'Association jordanienne des sciences politiques et professeur d'université, Khaled al-Shenikat.

« Après l'intervention russe, la question a pris fin en faveur du gouvernement de Damas et des changements ont eu lieu en pratique. La Russie est la clé de cette affaire et est en charge du jeu. La Jordanie, basée sur la politique du réalisme, a fini par comprendre que la question du changement de régime en Syrie n'est plus pertinente, compte tenu de la domination quasiment complète du gouvernement de Damas sur toute la Syrie, à l'exception de quelques petites zones », souligne Khaled al-Shenikat.

Le roi de Jordanie s'entretient, poursuit-il, personnellement avec Poutine en tant que responsable de la politique étrangère russe et devrait discuter avec lui de sa récente visite à Washington et de ce qui a été discuté dans le cas syrien.

Il a souligné que la Jordanie avait beaucoup perdu lors de la crise syrienne, et que cela avait changé la position de la Jordanie. Celle-ci a longtemps accueilli près de 1,3 million de réfugiés syriens, et il est dans l'intérêt de la Jordanie que ces réfugiés retournent dans leur pays dès que la situation sécuritaire sera plus stable en Syrie.

« La Jordanie fait pression pour que le problème soit résolu pacifiquement », a déclaré le professeur des sciences politiques, sans cacher les préoccupations d’Amman concernant les développements à Deraa et le début d'une nouvelle vague de réfugiés en provenance de Syrie.

Concernant le retour de la Syrie dans la Ligue arabe, il a expliqué : « Ce sujet a été soulevé et je pense que les pays du golfe Persique ne s'y opposent plus. Mais je pense que cette question sera résolue dans un accord global, y compris le règlement de la question de la présence de [paramilitaires] armés près de la frontière jordanienne. »

Sur le plan économique, al-Shenikat affirme que le retour du commerce avec la Syrie via les frontalières est dans l'intérêt de la Jordanie. De même que la Jordanie ne peut pas fournir l'électricité dont le Liban a besoin, sans l’aval donné par la Syrie et sans communication avec elle.

La Chambre de commerce jordanienne a annoncé dimanche dans un communiqué son intention de participer à la reconstruction de la Syrie : « Ce royaume sera une grande porte d'entrée vers la reconstruction de la Syrie. Le secteur de la logistique et des ports de la Jordanie, ainsi que de nombreuses entreprises et institutions privées tireront profit des échanges avec la Syrie. La Jordanie sera le meilleur endroit pour les entreprises de services, en particulier financières. »

 

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