Et si Israël frappe les pétroliers iraniens?
Le navire pétrolier iranien en route vers le Liban, Israël craint de tomber dans le piège ; toute attaque servira d’excuse pour qu’une guerre navale éclate. Israël devrait-il accepter le risque d’une confrontation militaire avec le Hezbollah ?, s’interroge l’analyste israélien Yoni Ben Menachem.
Les médias israéliens parlent du défi lancé par le Hezbollah à Israël, avertissant que le Hezbollah riposterait fermement, si jamais le régime sioniste prenait pour cible les navires iraniens transportant du carburant vers le Liban. Selon la presse israélienne, l'avertissement vise à dissuader Israël d'une opération militaire et à étendre l'équation de dissuasion au-delà du sud du Liban jusqu'au cœur de la Méditerranée.
Yoni Ben-Menachem, expert israélien des affaires arabes auprès de Jerusalem Center for Public Affairs, a confirmé que l’équation de la dissuasion du Hezbollah s’était élargie au cœur de la Méditerranée.
« Après que le Hezbollah a renforcé l'équation de la dissuasion contre Israël quant à la question du Sud-Liban, en lançant il y a deux semaines une série de missiles vers la zone de Har Dov (fermes de Chebaa), il tente maintenant d'élargir l'équation de la dissuasion contre Israël au cœur de la mer », a noté Yoni Ben-Menahem.
Il a ajouté : « Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a mis en garde dans son discours du 19 août contre la possibilité qu'Israël et les États-Unis ciblent le navire iranien, qui, chargé de carburant, se dirigeait, selon lui, vers le Liban pour aider les citoyens libanais à faire face à la grave crise économique qui sévit dans le pays. Nasrallah a annoncé qu'il s'agit du premier navire iranien à transporter du carburant vers le Liban et qu'il y aurait plus de navires. »
« Israël craint de tomber dans le piège, s'il est exposé au navire pétrolier iranien en route vers le Liban, ce qui donnera au Hezbollah une excuse pour déclencher une guerre navale. Israël devrait-il se lancer dans le risque d’une confrontation militaire avec le Hezbollah ? », Interroge l’analyste israélien, Yoni Ben Menachem.
S’attardant sur cette possible confrontation, le rédacteur en chef du journal Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan indique : « On ignore encore comment ces pétroliers atteindront les côtes libanaises, où ils déchargeront leur cargaison, dans le port de Beyrouth ou le port de Sidon dans le sud, ou s’ils éviteront les deux ports et déchargeront leur cargaison dans le port syrien de Baniyas pour la transporter par camions vers le Liban ? Une autre question qui se pose est de savoir si ces pétroliers iraniens passeront par le canal de Suez ; le canal ne lui sera-t-il pas fermé sous la pression américano-israélienne et dans l'intérêt des expéditions de pétrole et de gaz égyptiennes ?
Si le navire atteint la Méditerranée orientale, que ce soit par le canal de Suez (au bout de huit jours), ou par le cap de Bonne-Espérance (après 40 jours), quelle sera la réaction américaine et israélienne? Frapper ces pétroliers en mer, ou prendre pour cible les véhicules transportant la cargaison par la voie terrestre, au cas où le navire accosterait dans un port en Syrie ? Les trois piliers de l’axe de la Résistance à savoir, l’Iran, le Hezbollah et la Syrie, sont les seuls à pouvoir y répondre, a affirmé Atwan.
Et lui de poursuivre : « Quelle que soit la réaction israélo-américaine, politique ou militaire, elle sera très coûteuse. Nasrallah a considéré les navires iraniens comme « un territoire libanais » et que toute attaque contre eux est une attaque contre le Liban et une violation de sa souveraineté. »

« Or, tout dialogue avec la Syrie et son gouvernement sur le passage de l'électricité et du gaz à travers son territoire, bien qu’il soit conforme aux juridiques, logistiques et politiques, signifierait briser la loi César malgré l'assentiment de Washington, autrement dit la levée de la loi César? », a souligné Atwan.
Le rédacteur en chef de Rai al-Youm conclut ainsi : « Sayyed Nasrallah, avec sa grande perspicacité, a mis l'Amérique, Israël et leurs alliés au Liban dans une situation difficile grâce à son initiative calculée et sa gestion particulière de la crise, jetant la balle dans le camp des ennemis. C'est une bataille de missiles qui pourrait se déclencher. Et cette bataille peut bien conduire à une autre défaite pour l'Amérique et Israël, devant laquelle la défaite afghane sera rien.... »