Egypte/Ansarallah: l'interconnexion?
(last modified Tue, 08 Feb 2022 08:41:40 GMT )
Feb 08, 2022 08:41 UTC
  • Egypte/Ansarallah: l'interconnexion?

Le dossier yéménite revêt une importance particulière pour le gouvernement égyptien à l'heure actuelle, pour plusieurs considérations, dont la dimension économique, compte tenu de son lien direct avec la sécurité de la navigation en mer Rouge et dans le canal de Suez.

En outre, il est lié à l'évolution des relations de l'Égypte avec ses alliés du golfe Persique, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à leurs têtes.

Dans ce contexte, des sources privées égyptiennes ont révélé au journal qatari Al-Araby Al-Jadeed que Le Caire avait reçu de « nouveaux messages » d’Ansarallah, engagé dans la batailles contre « les forces soutenant Mansour Hadi et la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, à un moment où il lance des attaques balistiques et les frappes de drones sur les terres saoudiennes et émiraties.

Selon les sources, les messages d’Ansarallah parvenus récemment, via les canaux de communication de sécurité, incluaient une assurance d’Ansarallah de ne pas interférer avec le mouvement de navigation dans le détroit de Bab el-Mandeb, à condition que l'Égypte ne s'engage dans aucune action militaire visant la Résistance yéménite sur le territoire yéménite.

Les sources ont souligné que "le contenu des récents messages d’Ansarallah à l'Egypte précise que la Résistance yéménite n'est pas en conflit avec Le Caire, afin de cibler ses intérêts". Ansarallah a appelé, selon les mots des sources, "à ne pas entrer dans la bataille actuelle, car ce faisant, la Résistance n'aura d'autre choix que de se défendre".

Les sources ont souligné que les messages d’Ansarallah au Caire sont intervenus après l'arrivée d'une délégation militaire égyptienne, composée de sept experts, dans les régions du sud du Yémen, pour reconsidérer les plans des "Brigades géantes", soutenues par les Émirats arabes unis, et pour revoir les plans des forces terrestres de la coalition dirigée par les Saoudiens.

Ansarallah a assuré à l'Égypte de ne pas interférer avec le trafic maritime dans le détroit de Bab el-Mandab

Les sources ont confirmé que « ce que la Résistance yéménite a dit à l'Égypte portait de nombreux messages positifs ». Elles ont souligné que « les Houthis ont confirmé qu'ils ne sont pas intéressés à entrer en conflit avec les Égyptiens », notamment à la lumière de l'accent mis, lors de trois réunions qu'ils ont eues avec les Égyptiens à des époques précédentes, sur le fait qu'ils ne seraient pas exposés aux intérêts égyptiens, notamment ce qui est lié aux navires traversant le détroit de Bab el-Mandeb, ou ce qui influerait sur le trafic de navigation associé au canal de Suez.

Selon les mêmes sources, Ansarallah a souligné, dans ses messages, un attachement aux grandes lignes qui ont été convenues avec les responsables égyptiens, lors des réunions qui les ont réunis, tant que Le Caire maintiendra ses positions de ne pas s'engager dans des opérations militaires contre le Yémen.

L'occasion en or pour Le Caire d’agir comme médiateur 

Les sources ont souligné qu'il y a des voix au sein des cercles décisionnels égyptiens liés à la crise yéménite, et ses intersections régionales, qui voient l'opportunité pour Le Caire de jouer un rôle de premier plan dans la crise, par le biais d'une médiation qui permettrait de parvenir à un accord de trêve et arrêter les frappes lancées par Ansarallah sur l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Selon une source diplomatique égyptienne, Le Caire peut un rôle de médiateur dans la crise d'autant plus qu'il n'a pas été impliqué dans le conflit de manière à devenir un ennemi de l’une des parties. Si l'Égypte réussit à jouer le rôle de médiateur et contribue de quelque manière que ce soit à la conclusion d'une trêve, même temporaire, cela lui conférera un grand pouvoir dans la région. Ce sera aussi une bonne fenêtre par laquelle passeront les relations égypto-iraniennes qui jouissent d'un certain équilibre.

Et dimanche dernier, les combattants de la Résistance yéménite ont mené une nouvelle frappe, la troisième en 10 jours, contre les Émirats arabes unis. L'attaque a coïncidé avec une visite du président israélien Isaac Herzog à Abou Dhabi.

De leur côté, Ansarallah a déclaré avoir lancé un certain nombre de missiles balistiques sur la capitale émiratie Abu Dhabi, ainsi que des drones sur Dubaï, le centre des affaires de la région. Le porte-parole militaire d’Ansarallah, le général de brigade Yahya Saree, a déclaré que les sièges des entreprises internationales aux EAU seront de prochaines cibles à frapper.

Des relations égypto-saoudiennes troublantes

Pendant ce temps, des sources privées égyptiennes ont révélé que les relations égypto-saoudiennes avaient été tenues au cours des derniers jours.

Les sources, qui se sont entretenues avec Al-Araby al-Jadeed, ont ajouté que "les raisons du mécontentement saoudien avaient été révélées par des responsables saoudiens lors de réunions qui ont eu lieu ces derniers jours, concernant un certain nombre de dossiers en discussion entre les deux pays".

La principale raison du mécontentement du royaume résultait de la réaction égyptienne aux récentes attaques d’Ansarallah qui s’est contenté de publier un communiqué.

L'expédition d'une délégation d'experts militaires égyptiens au Yémen et une visite d'urgence imprévue du président Abdel Fattah Al-Sisi à Abu Dhabi ont suscité la colère de l'Arabie saoudite, qui a récemment fourni une grande aide économique à l'Égypte.

La partie égyptienne devrait enfin justifier ses récentes démarches. Parce que les défis régionaux auxquels Le Caire et Riyad sont confrontés sont bien plus importants que les différences sur des questions mineures, conclut le rapport.

 

Mots clés