Pourquoi les pays africains expulsent-ils les militaires français ?
(last modified Sat, 08 Feb 2025 10:30:07 GMT )
Feb 08, 2025 10:30 UTC
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Pars Today - Le domino de l'expulsion des militaires français des pays africains se poursuit, et dans les semaines à venir, les Français quitteront également la Côte d'Ivoire.

Alassane Ouattara, président de la Côte d'Ivoire, a récemment déclaré le retrait des militaires français du pays au cours du premier trimestre 2025. Il a ajouté à cet égard : « Nous pouvons être fiers de notre propre armée, qui a été modernisée, et c'est dans ce cadre que nous avons pris la décision d'un retrait coordonné et organisé des forces françaises. La date de départ des militaires français a désormais été fixée au 20 février. »

L'expulsion des militaires français des pays africains a commencé ces dernières années, alors que depuis des décennies, Paris exerce une domination directe et indirecte sur la plupart des pays africains, en particulier les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest. En réalité, Paris ne s'est pas seulement approprié les richesses naturelles de nombreux pays africains, mais a également renforcé son emprise sur divers États du continent sous prétexte de contribuer au rétablissement de la sécurité et à la lutte contre les groupes terroristes.

Malgré toutes les politiques colonialistes de la France et étant donné la croissance de la conscience politique et les transformations au sein des différentes sociétés africaines ces dernières années, de nombreux pays du continent africain ne peuvent plus tolérer la présence de puissances étrangères comme la France et leurs politiques colonialistes. Ces pays qui ont majoritairement vécu l’ère coloniale et ont souffert de ses conséquences, s’engagent aujourd’hui plus que jamais sur la voie du développement et de la croissance aux niveaux politique et économique, et cherchent ainsi à exploiter pleinement les opportunités disponibles. Et, c'est pourquoi ils ne tolèrent plus la présence des puissances étrangères ni leurs politiques coloniales.

Dans ce contexte, Abderaman Koulamallah, l'ancien ministre des affaires étrangères du Tchad avait déclaré début de janvier : « Les dirigeants français doivent apprendre à respecter les peuples africains. »

Au cours de l'année écoulée, ces pays ont agi de manière à contraindre les responsables français à accepter et à reconnaître les changements fondamentaux sur la scène politique et sociale de l'Afrique. À tel point qu'Emmanuel Macron, président  français, a récemment déclaré : « L'Afrique est en train de changer, car l'opinion publique et les gouvernements évoluent. »

En réalité, le processus d'expulsion des forces militaires françaises, qui a commencé au Mali et s'est poursuivi avec des pays comme le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Sénégal et le Burkina Faso, est désormais arrivé en Côte d'Ivoire. Ces pays ont officiellement expulsé les militaires français de leur territoire, fermé leurs bases militaires et exigé la reconnaissance de leur indépendance ainsi que des revendications des peuples africains, sur la base du respect mutuel.

L'Institut de politique internationale d'Autriche a écrit à ce sujet : « L'action des pays africains visant à expulser les forces militaires françaises fait partie d'un processus plus large de l'indépendance et de renforcement de la souveraineté nationale. »

Djenabou Cisse, l'une des chercheurs de la Fondation pour la recherche stratégique, a également déclaré à ce sujet : « La présence militaire en Afrique était l'un des derniers symboles du pouvoir dur de la France, mais celui-ci s'est désormais estompé.»

Dans cette nouvelle ère, les pays africains s'efforcent d'adopter des politiques anti-coloniales afin de proclamer officiellement la fin de l'ère des colonisateurs européens, en particulier la France, sur le continent africain, et de se transformer en acteurs indépendants et puissants sur la scène internationale.

Le journal suisse Le Temps a écrit à cet égard : « Le continent africain a, ces dernières années, connu des changements sociaux et politiques très rapides. Ce réveil soudain et ce processus de prise de conscience au sein de la société africaine ont bouleversé les perceptions traditionnelles de l’Europe à l’égard de ce continent. Dans le cadre de ce réveil, les jeunes réclament plus de démocratie et une répartition plus équitable de leurs ressources, plutôt que de céder les immenses richesses de leurs pays aux Occidentaux. »