Les actions de Grossi ont-elles remis en question la légitimité de l’AIEA ?
Pars Today – Face aux rapports biaisés et au silence de l'Agence internationale de l'énergie atomique concernant les attaques contre ses installations nucléaires, l'Iran a perturbé le jeu médiatique occidental par une réponse ciblée et dissuasive, remettant ainsi en question la démarche de Grossi.
Les comportements ambigus, les rapports contradictoires, le recours sélectif à des sources non fiables, ainsi que la préparation médiatique d’actions hostiles menées par les États-Unis et le régime sioniste ont fortement remis en cause le bilan de Rafael Grossi.
Dans ce contexte, l’Iran n’est pas resté spectateur : il a apporté des réponses appropriées et stratégiques à ce jeu politique, en s’appuyant sur des moyens juridiques, diplomatiques et techniques.
Des réponses iraniennes : légitimes, précises et dissuasives
À la suite de rapports provocateurs et du silence troublant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) face aux attaques militaires directes contre les installations nucléaires pacifiques de l’Iran à Natanz, Fordo et Ispahan, le Parlement iranien a adopté une loi stratégique fondée sur les principes du droit international, suspendant officiellement le niveau de coopération volontaire du pays avec l’Agence.
Cette décision a été prise en s’appuyant sur les dispositions explicites de l’article 36 du Plan d’action global commun (PGAC) ainsi que de l’article 19 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). D’un point de vue technique et juridique, elle est parfaitement légitime et défendable, dans la mesure où tout État membre est en droit de suspendre volontairement certains de ses engagements si les autres parties ne respectent pas leurs obligations.
Par la suite, l’examen du rôle de Rafael Grossi en tant que directeur général de l’AIEA et de ses prises de position partiales à l’encontre de l’Iran a conduit à des discussions sur une éventuelle interdiction de son entrée sur le territoire iranien. Son comportement a non seulement manqué d’impartialité, mais, dans certains cas, le contenu des rapports de l’Agence a même fuité dans les médias occidentaux et israéliens avant leur publication officielle. Cela a démontré que Grossi s’était de facto positionné comme un acteur médiatique dans le scénario de pression internationale contre l’Iran, plutôt que comme un responsable technique neutre.
Interdire l’entrée d’une personne ayant directement contribué à l’intensification d’un climat sécuritaire hostile contre un État membre est une mesure qui possède des précédents en droit diplomatique international. L’Iran a donc légitimement eu recours à cet instrument dissuasif de manière appropriée.
Enfin, compte tenu des conditions sécuritaires, des preuves de fuites d’informations et des actions provocatrices de l’Agence, l’Iran a limité ou suspendu l’accès de certains inspecteurs spécifiques. Cette décision est également défendable dans le cadre des dispositions du protocole de sauvegarde et de l’article 9 du Statut de l’AIEA, notamment en ce qui concerne la vérification de l’identité des inspecteurs.
Comment l’Agence a-t-elle perdu sa crédibilité en Iran ?
1.Publication de rapports politiques au lieu d’évaluations techniques
L’un des signes les plus marquants du détournement de l’Agence de sa mission technique a été la publication répétée de rapports qui non seulement n’étaient pas fondés sur des critères scientifiques et de sauvegarde, mais étaient clairement alimentés par des sources d’information non fiables et partiales, notamment de la part du régime sioniste.
Par exemple, les rapports mentionnant la présence de particules d’uranium dans des lieux tels que Marivan ou Torghozabad reposaient entièrement sur des allégations initialement avancées par le Premier ministre du régime sioniste lors d’un spectacle médiatique, et ont ensuite été intégrés directement dans les rapports de l’Agence sans qu’aucune enquête de terrain approfondie ne soit menée.
2. Préparation du terrain pour une attaque militaire
La manière dont les rapports de l’Agence ont été rédigés, ainsi que le ton des déclarations de Grossi dans les semaines précédant les attaques militaires menées par les États-Unis et le régime sioniste contre les sites nucléaires iraniens, ont clairement montré que cette institution n’a pas seulement agi en tant qu’observateur technique, mais aussi comme un facilitateur préparant le terrain pour une opération militaire.
3. Comportements ambivalents et silence face aux attaques agressives contre l’Iran
Un autre signe évident de politisation de l’Agence est son silence total face aux agressions militaires manifestes contre les installations nucléaires pacifiques iraniennes. Après les attaques par drones et missiles contre les sites de Natanz, Fordo et Ispahan, on aurait attendu de l’Agence, en tant qu’autorité impartiale, qu’elle condamne fermement ces actions. Il est question des actions qui violent le principe fondamental de la Charte de l’Agence visant à ne pas menacer la sécurité nucléaire des États membres.
Grossi, non seulement n’a émis aucune déclaration condamnant ces agressions, mais dans certaines de ses interventions, il a employé des expressions telles que « le danger que représente le programme iranien » ou « la nécessité d’une coopération immédiate » et a implicitement donné une légitimité aux comportements agressifs des parties occidentales. Cela alors que, selon le paragraphe 4 de l’article 2 du Statut de l’AIEA, l’Agence est tenue d’adopter une position ferme face aux menaces potentielles ou avérées pesant sur les installations pacifiques des États membres.
Cette institution, qui devait être une référence scientifique et technique pour la surveillance des programmes nucléaires pacifiques des pays, est désormais perçue par une grande partie du monde, en particulier par les pays membres du Mouvement des non-alignés (MNA), comme un instrument politique au service de l’Occident et du régime sioniste.
Des rapports non étayés, des fuites d’informations confidentielles, un parti pris manifeste en faveur des attaques militaires, ainsi que des déclarations menaçantes constituent un ensemble de comportements qui ont gravement entamé la réputation professionnelle de cette institution. De plus, l’affaiblissement de la cohérence juridique, la faiblesse dans la réaction aux agressions évidentes contre les installations nucléaires pacifiques, ainsi que l’incapacité à préserver son indépendance technique ont fait chuter l’Agence de sa position neutre et d’autorité mondiale à celle d’un acteur intégré dans un « réseau de pression politique » visant les pays souverains.
Il semble que le jeu de Grossi avec la « carte Iran » touche à sa fin. La confiance perdue, l’inaction face aux agressions et sa transformation en plateforme de coordination de la pression occidentale ont fait que l’Agence n’est plus considérée, non seulement à Téhéran mais aussi dans une grande partie du monde, comme une institution indépendante et digne de confiance pour un arbitrage technique.
Si cette voie se poursuit, les pays ciblés par ces pressions ne se contenteront pas de réduire leur niveau de coopération, mais retireront en pratique à l’Agence son rôle d’observateur mondial, la réduisant ainsi à un acteur politique inefficace. Ainsi, par ses récentes actions, l’Iran n’a pas seulement défendu ses intérêts nationaux, mais a également mis en garde contre les conséquences graves de la perte de confiance au sein de l’ordre international établi.