Qui fait chanter Poutine?
Est-ce pour faire reculer la Russie en Syrie, en Libye et en Méditerranée ?
Toujours est-il que la situation en Biélorussie, arrière-cour de la Russie, est de plus en plus compliquée et rappelle des révolutions colorées en Ukraine et au Venezuela doublée dans le cas biélorusse d’une guerre hybride. La Russie va-t-elle se laisser faire? Moscou semble avoir évalué la situation stratégique et ne cache même plus le déploiement effectif d’ogives nucléaires tactiques « Iskander M » sur son district occidental dans le cadre d’un exercice. Le message est clair : Il soutiendra son voisin occidental, en cas de toute ingérence militaire de l'OTAN contre le gouvernement d'Alexander Loukachenko.
Le déploiement du 12e GUMO et de véhicules Vystrels généralement associés aux ICBM ou missiles balistiques intercontinentaux est délibérément encouragé par Moscou, lequel aura à démontrer que la doctrine nucléaire russe permet le déploiement du parapluie nucléaire russe à des pays alliés comme la République de Biélorussie.
Cette dispersion des ogives nucléaires tactiques russes à proximité de la Biélorussie signifie qu’en cas de menace d’une invasion étrangère et plus spécifiquement de l’OTAN de la Biélorussie en provenance de Pologne ou de l’Ukraine, la Russie agira comme s’il s’agissait d’une agression contre son propre territoire et cela entraînera invariablement des frappes nucléaires tactiques massives à l’encontre de l’agresseur.
Des forces de l’OTAN sont déployées en Lituanie et en Pologne et peuvent être déployées en un temps record en Ukraine du Nord.
Parallèlement, les forces armées biélorusses ont annoncé le 16 août des exercices militaires à grande échelle près de la centrale nucléaire du pays et dans la région de Grodno, à la frontière de la Pologne et de la Lituanie. Les exercices auront lieu du 17 au 20 août et impliqueront des unités de roquettes et d'artillerie, des forces de défense aérienne et des troupes aéroportées. Pendant ce temps, les brigades de chars mécanisés et de combat organisent également des exercices de tir réel. L’armée a ajouté que les forces s’entraîneraient pour renforcer la frontière ouest du pays dans le cadre des exercices.
Les exercices militaires ont servi de confirmation puissante aux remarques précédentes du président de la Biélorusse, Alexander Loukashenko, sur sa volonté de défendre le pays contre « l'ingérence étrangère ». Néanmoins, si auparavant Loukashenko spéculait largement sur des « actions russes » hostiles pour tenter d'obtenir le soutien de l'opposition pro-occidentale active dans les médias, après l'élection présidentielle, sa position s'est déplacée vers « l'amitié » avec la Russie et la répulsion de « l’ingérence de l’Occident ». En effet, le principal centre de propagande et de coordination de l'opposition est géré depuis la Pologne, mais ce changement est plutôt le résultat de la situation compliquée dans laquelle se trouvait Loukachenko plutôt que de l'admission de ces faits apparents.
Pendant ce temps, le gouvernement a également organisé un grand rassemblement dans le centre de Minsk pour soutenir le président par intérim. Le président Loukachenko a participé au rassemblement pro-gouvernemental affirmant que la Biélorussie cesserait d'exister en tant que pays si les efforts de déstabilisation continuent. Il a également mis en garde contre les troupes de l’OTAN déployées à la frontière du Biélorussie.
« Malgré toutes les difficultés, tous ses défauts, nous avons construit ensemble un beau pays. A qui avez-vous décidé de la céder ? Si quelqu'un veut céder le pays, je ne le permettrai pas », a-t-il déclaré aux participants au rassemblement. Le Printemps biélorusse va-t-il tourner court?