Araghchi à RT : Les États-Unis savent que l’Iran ne se laisse pas intimider
(last modified Tue, 22 Apr 2025 04:14:24 GMT )
Apr 22, 2025 04:14 UTC
  • Araghchi à RT : Les États-Unis savent que l’Iran ne se laisse pas intimider

Pars Today – Le ministre iranien des Affaires étrangères a évoqué le rôle coordonné de Téhéran et de Moscou dans l’instauration de la paix dans le Caucase, ainsi que leur soutien au traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Dans une interview diffusée dimanche soir par la chaîne télévisée RT, le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyyed Abbas Araghchi, a présenté la vision de Téhéran sur la coopération internationale, les enjeux régionaux et les liens stratégiques avec la Russie. Cet article revient sur les points clés de cet entretien.

Renforcement de la coopération trilatérale entre l’Iran, la Russie et la Chine

Q : Que pensez-vous de la coopération entre l’Iran, la Russie et la Chine face aux défis internationaux ?

R : La coopération entre l’Iran, la Chine et la Russie est aujourd’hui indispensable dans le contexte mondial actuel. Nous avons entamé des discussions trilatérales sur le dossier nucléaire iranien, et plusieurs réunions ont déjà eu lieu.

Nous sommes prêts à poursuivre ces discussions et à les élargir à d’autres sujets. Une action coordonnée entre l’Iran, la Chine et la Russie peut contribuer efficacement au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales. À notre égard, nous sommes pleinement engagés dans cette voie.

Le rôle de l’Iran et de la Russie dans le Caucase du Sud

Q : Lors de vos récents échanges avec les responsables russes, avez-vous abordé la situation prévalant dans le Caucase ? Comment l’Iran et la Russie peuvent-ils agir efficacement dans cette région ?

R : Oui, j’ai eu une discussion approfondie avec Sergueï Lavrov au sujet du Caucase. Les politiques de l’Iran et de la Russie dans cette région sont alignées, et nous restons en consultation permanente. Nous avons lancé l’initiative « 3+3 » (regroupant l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Géorgie, l’Iran, la Turquie et la Russie). La Géorgie émet encore certaines réserves, mais nous espérons qu’elles seront levées prochainement.

Nous pensons que les problèmes du Caucase doivent être résolus par les pays de la région eux-mêmes, et que la présence de forces étrangères est néfaste. Nous soutenons le traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et espérons que sa signature ouvrira une nouvelle phase de coopération économique et politique dans la région.

Des relations sans précédent entre l’Iran et la Russie

Q : Quelle est votre vision de l’avenir des relations entre l’Iran et la Russie ?

R : Les relations entre Téhéran et Moscou n’ont jamais été aussi proches et solides. Nous disposons d’un traité global de partenariat stratégique qui élève notre coopération à un niveau stratégique. D’importants projets économiques sont en cours, et notre commerce a connu une croissance remarquable. Les sanctions n’ont pas vraiment freiné notre coopération, car nous avons adapté nos échanges économiques en fonction de ces contraintes.

Nos consultations politiques sont très étroites et, sur la plupart des grandes questions internationales, nos positions sont similaires — même si quelques divergences subsistent sur certains points.

Mon voyage à Moscou, juste avant les négociations indirectes avec les États-Unis, témoigne du sérieux de notre relation avec la Russie. Nous n’abandonnons pas nos amis en période difficile, et nous veillons à coordonner nos positions.

Le rôle de la Russie dans le dossier nucléaire iranien

Q : Quel rôle la Russie peut-elle jouer dans la résolution de l’affaire nucléaire iranienne ?

R : La Russie a toujours joué un rôle de premier plan dans la résolution pacifique du dossier nucléaire iranien. Elle a eu une contribution constructive dans les négociations sur l’accord nucléaire (PGAC), en apportant des propositions et des conseils utiles pour faire avancer les discussions.

Compte tenu de son rôle au Conseil de sécurité et de ses bonnes relations avec l’Iran, la Russie peut jouer un rôle clé pour faciliter un accord équitable dans les négociations indirectes entre l’Iran et les États-Unis. Cette question a d’ailleurs été abordée lors de mes récentes rencontres avec le président Poutine et mon collègue russe, Lavrov.

La position de l’Iran face aux menaces

Q : Face aux menaces d’Israël, pensez-vous que ce régime pourrait attaquer l’Iran sans le soutien des États-Unis ?

R : Israël n’a jamais été en mesure d’attaquer l’Iran — ni par le passé, ni aujourd’hui, ni à l’avenir — même avec le soutien des États-Unis. Nous avons les moyens de nous défendre, et tant Israël que les États-Unis sont bien conscients de notre capacité de riposte.

Les menaces militaires ne se concrétisent pas, d’autant plus que l’Iran dispose d’une capacité de défense solide et dissuasive. Nous ne sacrifierons jamais notre dignité, notre souveraineté ni nos intérêts sous la pression ou les menaces de qui que ce soit. Je doute que les menaces militaires se concrétisent, car le monde — y compris les États-Unis — sait désormais que l’Iran est tout à fait capable de se défendre.

La position de l’Iran face aux évolutions en Syrie

Q : Quelle est la nature de la coopération entre l’Iran et la Russie en Syrie, à la lumière des récents développements ?

R : La situation en Syrie est préoccupante : l’occupation de certaines zones en Syrie par le régime israélien se poursuit, et les tensions régionales restent vives. Pour l’Iran et la Russie, maintenir la paix et l’unité territoriale de la Syrie est d’une importance capitale. Nous n’avons pas de relations avec le gouvernement syrien actuel, et nous ne sommes pas pressés d’en établir.

Par le passé, nous avons collaboré avec le gouvernement syrien en place et nous savons comment contribuer à la paix. Mais cela dépend avant tout de la volonté des autorités syriennes.

Nous consultons les gouvernements de la région et attendons que les nouveaux responsables syriens rétablissent la sécurité, la stabilité et un gouvernement inclusif. Si une demande nous est adressée, nous sommes prêts à apporter notre aide.