La bombe du Hezbollah
Le transfert du combustible par l’Iran au Liban a changé la donne en faveur du Hezbollah libanais : déboussolés, les Américains cherchent à compenser leurs erreurs.
Le Liban vit une crise de longue date. Les Libanais ont passé les jours froids de l’hiver et chauds de l’été dans une grande détresse alors que le Premier ministre Hassan Diab refusait toujours de former son cabinet et commencer à résoudre les problèmes du pays. Les espions et traîtres aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Liban poursuivaient leurs activités nuisibles pour aggraver encore plus la situation au Pays du Cèdre.
L’ambassadrice des États-Unis, Dorothy Shea, n'a lésiné sur aucun effort pour provoquer l’opposition et créer une ambiance de chaos poussant l’opinion publique à s’insurger contre le Hezbollah.
Pourtant, rien ne s'est passé comme prévu : le Hezbollah a tenu ses promesses et a préparé l'importation de combustible iranien à destination du peuple libanais. Confuse, l’administration américaine s’est précipitée pour « sauver » le Liban, en lui proposant le transfert d’électricité depuis la Jordanie et du gaz depuis l’Égypte via la Syrie et la Jordanie.
Mais pourquoi t cette prodigalité soudaine ? Les Américains craignent simplement un changement des équations dans la région et surtout, le renforcement du rôle de la Résistance, y compris l’Iran et le Hezbollah.

Il est vrai que la politique de pression et de sanctions des Etats-Unis n'a pas marché. L’ancien ambassadeur d’Irak au Qatar, Javad al-Hendawi, est d’ailleurs de cet avis : « Les Américains ont essayé de faire pression sur les Libanais par le biais d'un blocus et des sanctions économiques, comme à l'égard de l'Iran. Cette politique s'est avérée inutile. Au contraire, toutes ces pressions n’ont pas pu provoquer le peuple libanais contre le Hezbollah et la Résistance. Et l’ironie de l’histoire : les Américains se posent aujourd’hui en défenseur des Afghans ; ils se disent inquiets pour la situation en Afghanistan et pour les droits de l’Homme et surtout des femmes… comme si les Libanais contre lesquels ils ont imposé des plus dures pressions économiques, n'étaient pas du genre humain ! »
« Le gouvernement américain, par ses sanctions anti Liban, entendaient faire face à l’Iran, mais la réalité est que les Américains avaient sous-estimé la patience et la résistance du peuple libanais ; ils n’imaginaient même pas un seul instant que ce peuple insiste tant sur les idéaux de la Résistance », a-t-il ajouté.
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« Une nouvelle équation s’impose désormais au Liban, poursuit l’analyste. Et le message a été d’ores et déjà transmis au gouvernement et aux mouvements politiques : la Résistance est en mesure, et cela dès qu’elle le souhaiterait, de mettre fin au blocus contre le peuple libanais et elle est prête, en cas de tout manquement du gouvernement à résoudre les problèmes internes, seul ou à l’aide de ses alliés régionaux dont l’Iran. »

Seyyed Hassan Nasrallah a prouvé que ceux qui ne souhaitent pas la sérénité du peuple, ne mérite pas de diriger le pays. L’aide du Hezbollah et donc de l’Iran au Liban intervient alors que les hommes politiques, les partis et les mouvements politiques libanais agissent sur la même longueur d’ondes que les Américains, Israéliens, Saoudiens, Émiratis et Français, contre les intérêts nationaux du pays et en faveur de leurs propres intérêts.
Certes, la mission principale du Hezbollah consiste à faire face au régime sioniste, comme l’affirme toujours son secrétaire général. Le Hezbollah n’entend pas procéder, directement ou indirectement, à des actes et démarches politiques mais lorsque les jeux politiques des mouvements intérieurs libanais agissent dans le sens des complots israéliens et affaiblissent la société libanaise, il n’aura pas d’autre choix que d’intervenir fermement.
Les premières réactions proviennent de l’ex-Premier ministre Saad Hariri et Samir Geagea. Ce dernier a dit explicitement que le Hezbollah n’avait pas de responsabilité dans les affaires d’ordre sécuritaire du pays et qu’il s’efforçait de prendre le contrôle de l’économie libanaise contrairement à la volonté populaire. Pure mensonge. Tout de suite après l’annonce par Nasrallah du départ des navire-citernes iraniens transportant du combustible à destination du Liban, les Libanais ont manifesté leur joie, se précipitant vers les stations d’essence. Toute la colère d’un Hariri ou d’un Geagea est pour plaire à l’Arabie saoudite et à l’Occident et ne pas perdre leurs soutiens.

Or, Javad al-Hendawi considère le communiqué de l’ambassadrice américaine à Beyrouth comme une affirmation d’échec explicite de la politique de blocus américaine vis-à-vis du peuple libanais : « Même avec plus d’optimisme, ce communiqué ne peut témoigner que du retrait américain et de sa volonté de mettre fin au blocus du Liban (gaz, médicament, électricité, etc). Sinon comment se fait-il que les États-Unis changent soudain de position et disent vouloir aplanir le transfert du gaz et de l’électricité via la Syrie vers le Liban ? Washington veut seulement contrer la Résistance. »