Le nouveau parlement syrien ; représentation faible ou légitimation pour al-Jolani ?
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Pars Today - Les experts politiques ont qualifié les élections syriennes de spectacle.
(last modified 2025-10-08T11:18:14+00:00 )
Oct 08, 2025 10:07 UTC
  • Le chef du gouvernement intérimaire syrien, Mohammed al-Jolani
    Le chef du gouvernement intérimaire syrien, Mohammed al-Jolani

Pars Today - Les experts politiques ont qualifié les élections syriennes de spectacle.

Les résultats préliminaires des récentes élections législatives en Syrie, qui se sont déroulées de manière indirecte, montrent que seulement trois candidates féminines ont remporté les élections, et un nombre limité de représentants des minorités, y compris des chrétiens, parviennent à entrer au parlement. Le porte-parole du comité suprême des élections parlementaires syriennes, Nawar Najmeh, annonce que le nombre de femmes au parlement ne correspond pas à la place des femmes dans la société syrienne et à leur rôle dans la vie politique, économique et sociale. Selon Nawar Najmeh, seules 4 % des 119 membres élus lors du scrutin indirect sont des femmes, et il n'y a que deux chrétiens parmi les gagnants, ce qui suscite des inquiétudes. Le porte-parole de la commission électorale syrienne a qualifié la représentation des chrétiens de faible, compte tenu de leur proportion dans la population syrienne.

Les critiques politiques disent que ce processus maintient le pouvoir concentré entre les mains des nouveaux dirigeants syriens, au lieu d'ouvrir la voie à un véritable changement démocratique.

Dans ce contexte, l'expert en affaires de l'Asie de l'Ouest, Jalal Cheraghi, a souligné que ces élections avaient eu lieu dans des conditions où leur objectif principal était en réalité de légitimer le chef du gouvernement intérimaire syrien, Mohammed al-Jolani, ainsi que le nouveau régime sous sa direction. Il a ajouté qu'il fallait considérer cela comme une tentative de créer une image officielle à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie.

Selon Jalal Cheraghi, par l'organisation de telles élections, Mohammed al-Jolani tente de se présenter ainsi que son régime comme une structure politique bénéficiant d'un soutien populaire. Cependant, le principal problème réside dans la très faible participation des citoyens à ce processus, car ces élections n'étaient ni libres ni compétitives ; elles étaient en réalité un spectacle électoral, déjà conçu à l'avance.

L'expert en stratégie, Amer al-Sbaileh, a également déclaré dans un entretien avec France 24 que les élections législatives syriennes n'étaient qu'un pas symbolique et ne représentaient pas la réalité de l'ensemble des couches de la population syrienne ni de toutes les régions du pays.

L'expert politique Seyyed Mahdi Talebi a rappelé qu’al-Jolani a des antécédents d’adhésion aux groupes terroristes d'al-Qaïda et de daesh. Il a aussi écrit dans une analyse : « La restauration d’une monarchie en Syrie n’est pas possible, mais la création d’un émirat, puis sa transmission héréditaire, est envisageable. al-Jolani cherche ainsi à ancrer le pouvoir entre ses mains et celles de sa famille. »

Seyyed Mahdi Talebi estime : « En contournant le peuple, al-Jolani a nommé plusieurs personnes dans les comités électoraux des différentes régions. En choisissant des individus pour représenter certains groupes et territoires, il tente de créer un rempart contre les demandes et les protestations populaires. Dans cette structure, le peuple est exclu et des représentants bénéficiaires de privilèges et dociles prennent leur place. » Cet expert politique a aussi déclaré : « Le parlement formé n’est ni élu par le peuple ni doté de pouvoir réel. Son rôle est consultatif et symbolique. Al-Jolani est arrivé au pouvoir grâce à des accords en coulisses. Lui et ses 20 à 30 000 miliciens ne sont pas capables de gérer la Syrie sur le plan sécuritaire et ne représentent en réalité que la vitrine du pouvoir d’autres acteurs. »

Parallèment, l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies (ONU) en Syrie, Geir Pedersen, a reconnu que Mohammad al-Jolani n'était pas prêt à mettre en œuvre des réformes sécuritaires, et son incapacité à contrôler les groupes armés a exacerbé la méfiance. « La Syrie est sur le fil du rasoir" et a besoin d'une réforme des pratiques. », a ajouté Geir Pedersen.