Yémen: le Sultan y laissera des plumes
Un site d'information yéménite a rapporté que la Turquie avait installé des camps dans la province de Shabwa pour y héberger des éléments terroristes.
Selon le site d’information Yemen Press Agency, la Turquie a transféré les terroristes au Yémen pour qu’ils combattent aux côtés de la coalition d’agression saoudo-émiratie contre l'armée et les Comités populaires yéménites.
Selon la source, le parti al-Islah a installé trois camps dans la région de Rudum sur la côte ouest du Yémen pour héberger les éléments terroristes affiliés à la Turquie.
Selon le rapport, les camps ont été installés dans la province de Shabwa, dans l'ouest du Yémen. À rappeler également que la Turquie avait envoyé la semaine dernière une cargaison d'armes au port de Qana.
Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, vitrine médiatique des insurgés syrien dont le siège se trouve à Londres, avait déclaré plutôt que l'objectif de la Turquie en transférant des éléments terroristes au Yémen était de soutenir les éléments du parti al-Islah.
Abdel Rahmane avait déclaré à Sky News que la Turquie transférait ces éléments depuis Afrin, dans le nord de la Syrie vers le Yémen.
L’OSDH avait également signalé à la mi-juillet que des éléments des services de renseignement turcs avaient installée une base opérationnelle à Afrin pour organiser le transfert de terroristes vers le Yémen.
Selon le journal Rai al-Youm, la crise yéménite n'est pas passée inaperçue par Erdogan et sa politique régionale depuis son commencement. La Turquie a accueilli certains dirigeants des Frères musulmans yéménites (le parti al-Islah) sur son territoire. Des documents ont également été divulgués montrant que les services de renseignement turcs ont installé une base opérationnelle dans la ville syrienne d'Afrin pour transférer des mercenaires au Yémen pour participer à la guerre dans ce pays.
Yasin Aktay, le conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan s’est exprimé à ce sujet, dans un rapport publié sur le journal Yeni Şafak sous le titre de : « La Turquie prendra-t-elle des mesures pour sauver le Yémen comme il a sauvé la Libye et l'Azerbaïdjan? »
Tous ces enjeux montrent clairement que la Turquie a placé le Yémen dans le cadre de ses plans stratégiques et bénéficie de la crise yéménite pour entrer dans la rivalité avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Selon Rai al-Youm : « L'un des objectifs les plus importants d'Erdogan est d'ouvrir la voie aux relations avec l'Arabie saoudite. »
Cette décision intervient à un moment où l'entrée de la Turquie dans certaines compétitions régionales a conduit à des sanctions occidentales contre le pays, ainsi qu'à des sanctions sur les produits turcs dans les pays arabes. Tous ces problèmes, ainsi que les impacts du Coronavirus, ont porté un coup dur contre l'économie turque. En effet, l'un des objectifs d'Erdogan de soutenir les Saoudiens dans la guerre contre le Yémen est de fournir les conditions nécessaires pour mettre fin à l'embargo sur les produits turcs dans les pays arabes du golfe Persique.
D’autre part, Ankara veut soutenir les Frères musulmans au Yémen afin d'ouvrir un nouveau front contre l'axe saoudo-émirati. Étant donné que le Yémen est géographiquement très proche des deux pays, cela augmentera le pouvoir de négociation de la Turquie dans d’autres dossiers de la région contre l'axe saoudo-émirati.
Le journal Rai Al-Youm a ajouté: « Compte tenu de la forte critique internationale contre les Saoudiens et de leur alliance avec l'ancienne administration américaine considérée comme la cause de la crise humanitaire au Yémen, le soutien politique de la Turquie aux Saoudiens ne fonctionnera certainement pas. »
Selon le journal, la coopération des Saoudiens avec la Turquie dans la guerre au Yémen est possible en raison des objectifs à court terme d'Ankara de réduire les tensions avec Riyad, ainsi qu'en raison de la vision tactique de l'Arabie saoudite de maintenir la province de Maarib de quelque manière que ce soit, mais dans son ensemble une telle coopération est loin de toute logique stratégique. Une autre question que même Biden a soulignée est que les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite considèrent sans aucun doute la présence de la Turquie au Yémen comme une menace pour leurs intérêts géopolitiques.