Jul 12, 2021 06:29 UTC

Le parfum de l’Oxus s’exhale Le souvenir de l’Ami tendre se ravive Les galets de l’Oxus et ses obstacles me semblent sous les pieds de la soie O Boukhara sois heureux et comblé de joie que l’Emir est ton hôte au ciel la lune rentre

La langue et la culture persanes ont connu à l’époque samanide un véritable essor, dans le sens littéral du mot. Les traditions, les us et coutumes, les institutions nationales ont entamé une nouvelle vie dont on peut constater la manifestation à travers l’œuvre de Rudaki.

Ce fut avec les Samanides que la littérature surtout la poésie persanes postislamiques, connurent leur floraison, le gouvernement de la famille Samân sachant baliser le terrain à l’épanouissement de la littérature persane. C’est justement de cette époque que datent de nombreux ouvrages et de traductions embrassant de vastes chantiers littéraires, historiques et scientifiques. L’ère samanide imprégna profondément la culture iranienne et fut un tournant dans l’histoire de la littérature persane. La traduction en persan de Kalileh wa Dimna est un exemple manifeste de courant culturel. A l’origine sanskrite, cet ouvrage a été à l’époque sassanide, traduit en pehlevi, ensuite en arabe, à l’époque postislamique et peu de temps après, le monarque samanide, Nasr ibn Ahmad  ordonna de le traduire en persan. Et ce fut ensuite au tour de Rudaki de le mettre en vers. Un autre fait marquant du courant littéraire et scientifique de l’époque samanide est la traduction de L’histoire de Tabari, qui occupe une place de choix dans le thesaurus de la littérature persane. La cour des émirs samanides, presque tous des mécènes, restait toujours ouverte aux savants, comme le grand Avicenne et des hommes de lettres comme Rudaki.  

Fort de l’appui des monarques puissants de la dynastie samanide, Rudaki hissa l’étendard de la poésie persane pour lui redonner sa gloire et sa position d’antan, se distinguant ainsi de ses autres collègues et méritant le nom du « père de la poésie persane ». Après lui, Onsori et Ferdowsi reprirent le relais et continuèrent le chemin que Rudaki avait posé les jalons.

La littérature est ce miroir où se reflètent la société, les croyances et la pensée de l’époque. La poésie de la période samanide notamment l’œuvre de Rudaki n’en fait pas exception à la règle ; elle est ce lieu favorable à la manifestation du quotidien et de la culture du peuple de son temps. Il ne nous reste des poèmes de Rudaki qu’un nombre infime, à peine un millier, sinon nous aurions pu retracer avec une grande précision les contours de la société de cette époque. Pourtant, nous n’avons d’autre choix que nous contenter de ce peu et en faire de sorte qu’on puisse en dégager le maximum de renseignements sur cette ère de l’histoire iranienne.

Si la culture se ramifie en deux branches matérielle et spirituelle, on pourra dire avec certitude que Rudaki s’intéressait aux deux aspects. Son œuvre est ponctuée de différentes notions liées au quotidien du peuple, en l’occurrence l’agriculture, le commerce, le mode vestimentaire, le régime alimentaire, l’habitat, le travail, qui sont tous évoqués côte à côte des croyances du peuple, sa folklore,  ses mœurs, mythes et contes. Dans le miroir de la poésie de Rudaki nous pouvons voir comment vivaient les gens de son époque, quelles étaient les réalités de ce temps. L’agriculture était prospère en Transoxiane, grâce à l’abondance de l’eau permettant la culture du riz, du blé et d’autres céréales. L’élevage y jouissait aussi d’une situation privilégiée comme le décrit les poèmes de Rudaki, qui, à travers le panel de la terminologie de l’agriculture et de l’élevage, montre la prospérité de sa terre natale et la beauté de ses paysages naturels.

Les annales de l’histoire parlent de la floraison de l’art du tissage au Khorasan et en Transoxiane à l’époque samanide. Les villes de Merv et de Herat étaient le centre des ateliers du tissage des étoffes en coton, en soie et en laine et même des brocarts. Boukhara, Samarkand et Khârezm étaient les centres du commerce du tissu. Le quotidien du peuple et ses différents aspects notamment le mode vestimentaire des diverses couches de la société ne passait pas inaperçu des yeux perçants du sultan des poètes qui évoquait dans son œuvre, non seulement le genre du tissu comme le satin, la soierie, le brocart…, mais aussi la coupe et la couture des vêtements de l’époque.

A suivre…

 

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